Des produits efficients qu'on peut réparer - voire fabriquer - maison avec des ressources locales, voilà ce que propose la low-tech. Comment s'y mettre ? Idées.
La technologie nous sauvera ! Et si c’était l’inverse ?
La low-tech propose des solutions face à un monde qui change, très dépendant de ressources fragiles, avec des productions qui se font à l’autre bout du monde et des savoir-faire qui se perdent. L’idée est de faire des choix plus sobres et plus durables, qui reposent sur des objets aux techniques plus simples, que l’on peut s’approprier.
Attention, « bas en technologie » ne signifie pas opposé à la technologie. La low-tech en fait plutôt un usage raisonné.
Alors comment mettre plus de low-tech dans son quotidien et sa maison ? On suit – et on combine – quelques principes[1].
Sommaire :
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Un lave-linge dont le moteur tourne grâce à des pédales est clairement un objet low-tech. Pas parce qu’il n’utilise pas d’électricité ou parce qu’il n’a pas de moteur, mais parce que c’est un objet utile, assez peu consommateur de ressources, simple, facile à réparer et durable dans le temps.
Pourtant, low-tech ne signifie pas forcément pédaler pour faire tourner une machine à laver bricolée avec un vieux vélo et un tambour de récupération.
La low-tech est aussi compatible avec des objets électroniques, qui sont plutôt « high tech » par définition. Il s’agit d’un courant qui critique l’utilisation abusive de technologie, mais ne remet pas celle-ci en cause en tant que telle.
> Lire aussi : Low-tech : définition, principes et exemples.
L’équivalent low-tech d’un objet plus « high-tech » ne fait pas exactement la même chose, mais permet d’arriver au même résultat global moyennant quelques aménagements qui seront plus ou moins compliqués à mettre en œuvre. Avec à la clé de grands bénéfices environnementaux et sociétaux.
En cuisine :
À la maison :
Au jardin :
Au quotidien :
« Less is more » ou « moins c’est mieux », dit l’adage. Aller vers la sobriété c’est se concentrer sur ce qui est vraiment nécessaire, pas plus.
On choisit donc des appareils et services :
Moins de technologie ça ne veut pas dire qu’on évite à tout prix la technologie, mais qu’on l’utilise à bon escient. On évalue la pertinence de la technologie en fonction de ce qu’elle apporte réellement. Est-ce que cette technologie apporte un vrai « plus » ? Est-ce qu’on pourrait utiliser un objet qui fait la même chose avec moins de technologie ?
On préfèrera un vélo traditionnel (sans moteur) par exemple. Mais si on choisit un vélo électrique (car il apporterait réellement quelque chose par rapport à un vélo traditionnel), on évite le modèle avec changement de vitesse sans fil[7], ABS, ordinateur de bord connecté, etc.
C’est bien simple : plus il y a d’éléments qui peuvent tomber en panne, moins c’est sobre, moins c’est low-tech.
Quelques exemples :
L’efficience ne doit pas être confondue avec l’efficacité. On est efficace quand on arrive à un résultat donné. On est efficient quand on arrive à un résultat en consommant le moins de ressources possible.
On choisit donc ses objets et services en fonction de leur ratio efficacité / consommation de ressources.
Par exemple :
On choisit des objets que l’on pourra utiliser pendant longtemps. Pour cela, on préfère des produits :
> Lire aussi : Comment acheter des produits solides, qui durent longtemps ?
Plus un appareil est facile à utiliser, plus il a de chances d’être utilisé souvent, par de nombreuses personnes, pendant plusieurs années (voire plusieurs générations). On choisit aussi des appareils que l’on peut entretenir et réparer soi-même.
Que dire de nombreux services qui ne sont plus accessibles que via un site Internet ou une appli ? Si on a tout le matériel nécessaire et que l’on sait comment l’utiliser, c’est facile.
Par exemple payer son cornet de frite avec son appli bancaire ? C’est extrêmement facile et pratique. Mais cela demande, outre les aspects matériels (smartphone, data) :
Tendre un billet de 5€ et récupérer la monnaie est beaucoup plus simple.
C’est la même idée si on veut réserver, par exemple, un ticket de train, une place de concert ou une voiture partagée[13]. Avec l’appli ou le site internet dédié c’est très facile… si on est capable de les utiliser.
Ce n’est pas propre à ces exemples, de plus en plus de services deviennent plus difficiles à joindre directement (physiquement ou par téléphone), quand ils ne sont pas uniquement accessibles en ligne.
La low-tech fait la part belle à la standardisation, avec des pièces et des matériaux standards, que l’on peut facilement transférer d’un appareil à un autre.
La standardisation a cependant un peu tendance à se perdre : batteries spécifiques à une marque (dans les outils sans fil notamment), capsules de café d’un modèle bien précis, câbles de chargement différents d’un appareil à l’autre[14], etc.
Nos conseils :
Idéalement on préfère des produits fabriqués avec des ressources extraites et transformées localement. On augmente ainsi la possibilité de réparer ou faire évoluer un appareil (pièces détachées, compétences…).
Privilégier des ressources locales augmente aussi la résilience d’un système plutôt que de dépendre de ressources que l’on ne maîtrise pas, ou moins.
L’énergie est un bon exemple : dépendre d’énergies importées (gaz, pétrole…) rend le système dépendant de circonstances que l’on ne maîtrise pas. Produire sa propre énergie sur son propre territoire augmente la résilience (et impose, dans le cas belge du moins, de d’abord penser à la sobriété).
Construire une tiny house avec du bois local, par exemple, est low-tech. C’est à la fois sobre, efficient, pérenne, réparable, facile à utiliser et fabriqué avec des ressources locales.
> Lire aussi : Pourquoi choisir de vivre dans un habitat léger ?
Les principes repris ici permettent de mieux dire si un appareil ou un service est plutôt low-tech ou pas. Mais la low-tech ne concerne pas que les actions individuelles, elle a aussi des bénéfices à l’échelle de la société.
La low-tech favorise ainsi :
Utiliser des techniques et matériaux locaux, que chacun peut s’approprier contribue à une société plus résiliente, qui résiste mieux aux crises.
[1] Adaptation libre de ceux présents sur la page Wikipédia qui définit la low-tech. On pourrait aussi résumer ces points en 3 points principaux : utilité, accessibilité, durabilité (comme ce que fait le Low-tech lab).
[2] Voir par exemple cet article de la RTBF.
[3] Tuto et explications : https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Four_solaire_(cuiseur_type_boîte)
[4] Avec comparaison chiffrée sur Low Tech Magazine.
[5] Et comme les ports Ethernet disparaissent des ordinateurs portables, un adaptateur USB peut faire le boulot.
[6] Expliqué ici (avec tutoriel) : https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Bélier_hydraulique.
[7] Oui, ça existe : le changement de vitesse se fait sans fil du guidon vers le dérailleur plutôt qu’avec un simple câble. C’est plutôt orienté vélo de route et c’est très haut de gamme, mais ça existe.
[8] « L’aspirateur balai, un gâchis écologique », Reporterre, juin 2023.
[9] Cela dit, en fonction de la saison, de la surface de panneaux installée et de la quantité d’eau plus ou moins chaude que l’on souhaite, un appoint avec une autre énergie est parfois nécessaire. Un exemple sur le Low-tech Lab.
[10] Windows 10 ne sera plus mis à jour. Un système d’exploitation qui n’est plus mis à jour est considéré comme vulnérable aux attaques informatiques. Donc à moins de ne pas utiliser Internet, il faudra passer à Windows 11, sauf changement de politique de la part de l’éditeur, Microsoft.
[11] Certes des machines de probablement 10 ans, mais ce n’est pas très low-tech tout ça. Le problème n’est pas la puissance de ces ordinateurs mais le fait que Microsoft exige des composants de sécurité en plus pour pouvoir installer Windows 11. Et comme Windows 10 ne sera plus mis à jour à partir de 2025 il ne restera que Windows 11 si on veut continuer à utiliser Windows.
[12] Les premières versions des vélos Cowboy étaient concernées. Les versions plus récentes peuvent être déverrouillées manuellement (mais il faut retirer la batterie).
[13] Par exemple Cambio qui passe progressivement à des véhicules uniquement utilisables avec un smartphone. La centrale téléphonique reste cependant disponible pour des réservations (avec surcoût de 0,5 €) ou en cas de problème.
[14] Même si ça s’améliore avec la généralisation de l’USB-C. Mais à une époque chaque (marque de) téléphone ou d’ordinateur avait son connecteur propriétaire incompatible avec les autres.
[15] Une marque de poubelle fournit encore et toujours des ressorts de remplacement pour un de ses modèles. Une marque d’outils de jardins des pièces détachées pour ses cisailles (de plus de 10 ans). Une marque d’électroménager, des pièces pour ses cafetières, etc.
[16] Avec des durées plus ou moins limitées cependant selon les pièces concernées.
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