Penser son bricolage, choisir les bons outils et matériaux, assurer sa protection, gérer les déchets... Autant d'éléments qu'on oublie parfois quand on bricole.
Quand on se lance dans du bricolage, chaque étape a son importance : de la liste du matériel nécessaire jusqu’au traitement des déchets, en passant par les mesures de sécurité tout au long des travaux. Chaque étape a aussi un impact sur l’environnement et sur la santé des habitants de la maison. Découvrez Les 5 grandes étapes du bricolage en 5 réflexes écoconso.
Sommaire
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Bricoler, ça ne s’improvise pas. Qui n’a jamais été exaspéré de devoir retourner au magasin parce que les vis ne convenaient pas ? Ou qu’il manquait une planche ? Ou parce qu’un pot de peinture, ce n’était pas assez, finalement ? Bref, sans planification, soit on gaspille, soit on est bons pour un ou plusieurs allers-retours supplémentaires au magasin.
Alors on pense à :
Pour éviter de devoir tout planifier on peut aussi… ne pas bricoler. On s’équipe parfois de (beaucoup) de matériel pour un bricolage spécifique alors qu’on pourrait faire appel à une entreprise spécialisée dans les petits travaux. Ou passer par un SEL (service d’échange local). Deux solutions bien pratiques pour éviter de devoir acheter des outils ou du matériel spécifique. Parce que, souvent, il faut une panoplie de choses différentes juste pour « un petit bricolage ».
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Bricoler sollicite des outils de bricolage, souvent électriques et sur batterie !
On ne met pas tout de suite les outils manuels de côté : un découpe-carrelage, un rabot, du papier de verre, une scie à bois ou à métaux, une lime… sont des outils qui peuvent être très performants. Ils nécessitent cependant plus d’efforts, de temps et de doigté que des outils électriques. Mais ils sont aussi moins chers, moins bruyants, moins dangereux, plus fiables et ne nécessitent pas d’électricité.
Si on a besoin d’outils spécifiques ou plus coûteux, on peut aussi faire découper certaines choses en magasin, ou dans un fablab. En magasin, on peut faire recouper des panneaux à la dimension que l’on souhaite, parfois même gratuitement. C’est rapide, facile et bonus : toute la poussière reste dans le magasin. Dans un fablab, on peut utiliser des imprimantes 3D, des découpeuses laser, différents outils de bricolage… Repair Together propose une liste des FabLabs, Makerspaces, Hackerspaces en Belgique. Bien entendu, ça suppose de pouvoir se déplacer avec l’objet à modifier sur place.
Si on préfère travailler chez soi, et plutôt que d’acheter des outils neufs, on peut les emprunter à sa famille, ses amis ou ses voisins. Il est aussi possible de les louer. C’est surtout intéressant pour des outils que l’on va peu utiliser. On bénéficie généralement de matériel révisé, en bon état et de qualité professionnelle. Les consommables (disques de ponçage pour ponceuse, par exemple) sont souvent fournis et on ne paie que ce que l’on a utilisé. Ce ne sera peut-être pas toujours moins cher que le coffret « perceuse + 3 mèches » dans une grande chaîne de meubles en kit, mais on a du matériel de qualité qui ne nous encombrera plus une fois les travaux terminés.
Dernier conseil : louer le week-end est souvent plus intéressant que de louer en semaine.
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On vérifie d’abord si on ne trouve pas son bonheur en occasion ou en ventes publiques. Mieux vaut cependant s’y connaître un peu : l’offre est abondante mais il est parfois difficile de se faire une idée de ce que l’on achète, les caractéristiques du matériel n’étant souvent pas bien décrites.Si on achète neuf, on essaie d’estimer quel sera l’usage de l’outil. En a-t-on vraiment besoin ? Ne peut-on pas s’en passer ? Va-t-on le garder longtemps ?
> Lire aussi « Un bisou, le bon réflexe avant d’acheter ! »
Dans le cas d’un outil électrique, on se demande si ça vaut la peine de l’acheter sans fil. Les outils sans fil sont pratiques mais :
Si on achète des outils sans fil, cela peut être intéressant de rester dans la même marque. On partage ainsi les batteries entre plusieurs appareils (chaque appareil ne doit pas avoir la sienne, on n’a que deux mains !) et on n’a besoin que d’un chargeur. En effet, les batteries et chargeurs sont très rarement compatibles entre différentes marques. [1] Et se retrouver avec une forêt de chargeurs différents n’est ni pratique, ni écologique.
Dans tous les cas, on achète du matériel solide qui ne cassera pas à la première chute. Renforts en caoutchouc, plastique épais, finition « nette », parties métalliques… sont quelques indications de qualité. Ce n’est pas absolu, mais ça peut donner une idée de la solidité de l’outil.
On vérifie aussi que les pièces de rechange (réparation) ou les consommables (sacs d’aspirateurs de chantier, lame de cutter, lames de scies, « pads » de ponçage, batteries…) sont disponibles facilement ou mieux, standards.
On s’équipe aussi d’outils polyvalents (une perceuse-visseuse avec percussion par exemple). S’ils ne sont pas aussi bons que des outils spécifiques, ils sont parfaits pour débuter. Dans la même idée, on s’équipe progressivement : pas la peine d’acheter tout l’attirail du premier coup. Les « packs » sont tentants, mais un seul outil restera moins cher que deux en promo.
Le planning est bien ficelé et les outils sont en main. L’étape suivante : le choix des matériaux ! Et, si possible, ceux avec le moins d’impact pour l’environnement et la santé.
Le secteur de la construction représente 35 % des déchets recensés en Europe[2]. À Bruxelles, environ 700 000 tonnes/an de déchets proviennent du secteur de la construction/démolition. En 2020, cela représentait 38 % de l’ensemble des déchets produits cette année. À cela s’ajoute l’impact du transport, du recyclage, de l’incinération [3]…
De nombreuses initiatives d’éco-circularité sont lancées dans le domaine de la construction, dont la Stratégie Circular Wallonia ainsi que des ASBL[4]. Toutes visent à augmenter le réemploi des matériaux de construction en Europe. Les matériaux peuvent provenir de partout : chantiers de démolition, vide-greniers des particuliers, surplus des nouvelles constructions…
Des revendeurs de matériaux existent en Belgique. De plus, les matériaux de seconde main coûtent généralement bien moins cher. Que peut-on trouver ? Où ?
> Lire : « Utiliser des matériaux de construction de récupération : nos bons plans »
> Lire aussi : « Comment faire du réemploi dans la rénovation de sa maison ? ».
Et La santé, dans tout ça ? Nous passons environ 90 % de notre temps à l’intérieur et l’air de nos maisons peut être jusqu’à cinq fois plus pollué que l’air extérieur[5]. Les conséquences de ce type de pollution peuvent aller de la simple gêne (olfactive, irritation des yeux et de la peau) aux pathologies aigües et chroniques (allergies, asthme, intoxications)[6].
Faire attention aux composants des produits, c’est faire attention à sa santé. Il existe des matériaux plus respectueux pour notre santé et notre planète, dont les écomatériaux (matériaux qui présentent des critères de basses émissions de carbone, calculé sur base de leur analyse de cycle de vie) ainsi que les produits biosourcés[7] (matériaux fabriqués à partir de sources végétales et animales). De nombreux produits naturels sont disponibles, qu’il s’agisse de produits pour revêtement de murs, de traitement du bois, du plafonnage, de peintures, du bois labellisé, des panneaux OSB sans formaldhéhyde [8] et des alternatives au MDF[9] comme le bois massif ou le contreplaqué à colle écologique.
Certains produits peuvent même être faits soi-même ! Avez-vous déjà essayé de fabriquer votre propre peinture ?
> Lire Comment faire une peinture à la chaux ?
Le label Produit biosourcé existe désormais pour les matériaux biosourcés en Walonie. Un seuil minimum de matière biosourcée est exigé, soit 70 % pour les isolants et 25 % pour les bétons végétaux. Ce label met en évidence la transparence de la composition des produits. Il favorise également les filières locales de matériaux de construction où au moins 80 % des matériaux doivent être fabriquées en Wallonie ou localement (350 km autour du site de production).
La Région Wallonne, Karibati et Cluster Eco-construction ont participé à la création de ce label. À ce jour, il n’existe pas encore de label pour les écomatériaux. Cependant, certains labels permettent de s’orienter vers des matériaux plus sains et plus écologiques (NF environnement, Natureplus, Ange Bleu, Cygne nordique, FSC…). Il est parfois compliqué d’y voir clair parmi les labels et les normes sur les marchés. Des explications résumées sont disponibles sous forme de fiches détaillées par label sur notre site.
L’utilisation de matériaux à l’intérieur de la maison peut amener énormément de poussières. Avec elles, des particules potentiellement dangereuses dont des perturbateurs endocriniens contenus dans certains matériaux. Il est indispensable d’adopter un comportement précautionneux avant, pendant et après les travaux, surtout en présence d’enfants ou de femmes enceintes. Une récente étude a démontré qu’une exposition des fœtus à un cocktail de perturbateurs endocriniens pouvaient entraîner un retard du développement cérébral et du langage. [10] Raison de plus pour y faire très attention.
> Lire aussi : Comment les perturbateurs endocriniens affectent-ils la santé et l’environnement ?
Pour bien bricoler, il faut être concentré. On évite ainsi de répondre à ses messages et de manière générale de faire autre chose en même temps. On demande aussi aux autres membres de la famille de se signaler quand ils viennent près de nous. Concentré, avec un casque sur la tête, on risque de ne pas les entendre… et d’être surpris en plein collage, ou pire, quand on manie des outils dangereux. Allumer la lumière du garage ou de l’atelier plutôt que de crier est parfois une bonne solution pour se signaler près de quelqu’un qui bricole.
Dans la même idée, on fait très attention aux enfants qui pourraient s’approcher. Si bricoler est aussi très éducatif, les petites mains aiment bien toucher à tout, notamment à ce qui colle, tache, coupe, pique… On met les outils et les produits de bricolage hors de portée des enfants, tant au stockage que si on fait une pause entre deux séances de bricolage (avec tous les outils encore sortis sur l’établi).
On porte des équipements de protection individuels : casque, masque, lunettes de sécurité, gants. Même pour des « travaux qui ne prenne que 5 minutes » (on peut en abîmer des choses en 5 minutes !).
On pense aussi aux autres habitants dans la maison, qui pourraient venir vous aider pour certaines tâches ou simplement traverser la pièce.
Plus concrètement, quel type de matériel de sécurité choisir ? Et quels vêtements porter ?
> Lire aussi : « Bricolage : une protection de la tête aux pieds »
Ventiler la pièce pendant et après les travaux, particulièrement les chambres des enfants. Après des remises en couleur ou du traitement de bois, on aère au moins deux fois 20 minutes par jour, et ce durant plusieurs jours. L’idéal : on fait ses travaux entre mai et septembre, lorsque le chauffage est à l’arrêt, pour éviter de refroidir la pièce.
Dépoussiérer, surtout si les travaux ont lieu pendant l’été, est également important. Le risque de dépôt ou d’inhalation de poussières est plus élevé avec un air sec.
Astuce : ouvrir deux fenêtres de pièces opposées au même étage augmente l’efficacité de la ventilation.
Les outils sont propres, le bricolage est un succès. Il ne reste plus qu’à se débarrasser des chutes et/ou des produits entamés. Avant de les jeter, on pense à…
Garder ses pots de peinture entamés. Avec les années, les murs ou les portes ont parfois besoin d’un coup de frais. Du matériel peut être réemployé pour des bricolages DIY (Do it yourself - Ex : utiliser les pots en verre pour des bougies maison, fabriquer des fauteuils avec des palettes en bois...). Quand on remplace son revêtement de sol, on garde par exemple les quelques carrelages en surplus qui pourraient servir à remplacer un futur carrelage cassé.
Aux amis, aux voisins, à la famile… Ou encore auprès d’une ressourcerie ou d’une association locale. Les sites Opalis et Ressources listent les fournisseurs de matériaux de seconde main, dont certains disposent de points de collecte. Les futurs bricoleurs et bricoleuses vous en remercieront !
Les associations Rotor, la Ressourcerie namuroise et la Ressourcerie liégeoise organisent des collectes de quartier (bois, portes, matériaux bruts, décorations, outils, sanitaires, chauffage…). On vérifie bien la liste des objets repris ou non, disponible sur chaque site.
Principalement via internet pour les petites quantités : 2ememain, Bricozone, les groupes Facebook, Marketplace, Donnerie.be… Les magasins Troc.com proposent aussi de racheter les matériaux d’occasion. En grandes quantités, il est possible de revendre à des fournisseurs de seconde main et/ou à des ressourceries.
À mi-chemin entre revente et donation, l’échange de biens prend de plus en plus d’ampleur. Le magasin Circularium à Anderlecht propose une nouvelle conception des courses, avec des rayons gratuits en échange d’articles. Un dépôt existe aussi en Wallonie, le Troc en stock. Sous une autre forme, l’application Pwiic a vu le jour. Elle permet d’échanger des services ou objets avec ses voisins.
Si aucune des options citées n’est possible, la dernière solution est de trier avant de les déposer aux recyparcs. L’article où peut-on jeter quoi ? vous en dira plus à ce sujet.
> Lire aussi :
Qui n’a jamais nettoyé un pinceau à grandes eaux dans l’évier de la cuisine ou de la salle de bain ? Les résidus de cire, de peintures, de vernis ou d’huiles vont polluer les eaux usées. En effet, une composition « à l’eau » ne veut pas dire que le produit est inoffensif, mais simplement que le solvant utilisé est de l’eau. Le reste, par contre…
Il est donc préférable de nettoyer les pinceaux dans un bocal de récup’ rempli d’eau (pour une peinture ou un vernis à l’eau) ou rempli de dissolvant (pour les huiles), idéalement écologique. [11] Une fois le pinceau propre, on l’essuie avec un chiffon de récup’ ou un essuie-tout que l’on mettra de côté.
À moins de bricoler tous les jours, un bocal rempli de dissolvant ou d’eau pourra être utilisé pendant longtemps. Au fil du temps, les restes de peintures et de vernis se déposeront au fond (le reste du bocal restera rempli de dissolvant ou d’eau « claire »). Quand il y a trop de dépôt, on apporte le tout au recyparc dans le coin des déchets chimiques. On y apportera également les chiffons sales qui ont servi à nettoyer les pinceaux.
Pour un bocal de dissolvant, on veille à bien le fermer quand on ne l’utilise plus. Si c’est un bocal rempli d’eau, on peut aussi laisser l’eau s’évaporer et apporter les restes secs au recyparc.
Si des pinceaux se lavent encore facilement, c’est plus difficile pour les rouleaux, souvent gorgés de produit. Si c’est encore envisageable de les laver dans un grand récipient rempli d’eau si on a utilisé une peinture à l’eau (on les laisse tremper d’abord), il est peu pratique de remplir un bac de dissolvant pour essayer de « ravoir » un rouleau qui a servi à étaler une huile ou une laque à base solvant. [12] Dans ce cas mieux vaut porter le rouleau au recyparc (et on garde le manche !).
Pour éviter de devoir nettoyer tout le temps, on peut aussi emballer le pinceau ou le rouleau dans un film plastique afin d’éviter qu’il ne sèche. En fonction du produit, cette technique marche si on ne dépasse pas quelques jours entre les utilisations.
Que faire des masques ? Les masques en tissu sont les plus facilement réutilisables. Cependant, ils empêchent seulement la propagation de gouttelettes de salive. Les masques FFP sont les plus utilisés en bricolage : ils protègent non seulement des gouttelettes, mais aussi des poussières et des agents infectieux. Une étude réalisée par un organisme indépendant, UCF-Que Choisir, a montré qu’il est possible de réutiliser en lavant des masques FFP2. Ils ont testé 4 modèles différents dont les performances de respirabilité et de filtration restent efficaces jusqu’à 10 lavages, à 60°C. [13]
[1] Un dissolvant végétal par exemple, comme alternative au « white spirit ».
[2] On n’a pas d’écobilan qui compare l’impact d’un rouleau jeté et celui du nettoyage du même rouleau. Mais comme c’est assez fastidieux de sécher un rouleau gorgé de dissolvant – sans compter tout le dissolvant utilisé qu’il faudra essuyer -, on se dit qu’il vaut mieux éviter.
[3] Source : UCF-Que Choisir : https://www.quechoisir.org/actualite-masques-ffp2-ils-restent-efficaces…
[4] Caporale N., Leeman M. et al. 2022. From cohorts to molecules : Adverse impacts of endocrine disrupting mixtures. Home Science Vol. 375, No. 6582.
[5]European Circular Economy Stakeholder Platform (ECESP). 2022. Circular building and infrastructure., p3.
[6] Source : E. GOBBO. 2015. Déchets de construction, matières à conception : analyse des stocks et flux de matières dans le cadre des opérations de rénovation énergétique en Région de Bruxelles-Capitale, thèse, UCL, p. 23.
[7] Ressources, Rotor, Ressourcerie namuroise, le projet Interreg NWE FCRBE en 2018 avec 11 partenaires européens.
[8] Source : Avis de l’Anses - Rapport d’expertise collective. 2020. Impact sanitaire de l’exposition aux
moisissures présentes dans l’air ambiant. https://www.anses.fr/fr/system/files/AIR2018SA0011Ra.pdf
[9] Source : WHO. Combined or multiple exposure to health stressors in indoor built environments. An evidence-based review prepared for the WHO training workshop “Multiple environmental exposures and risks” 16-18 October 2013.
[10] Produit biosourcé ne veut pas toujours dire exploitation durable. Le mode d’exploitation des matières premières, les procédés de production, le transport sont des étapes qui influencent le coût économique et environnemental du produit. Les écomatériaux s’inscrivent, eux, dans une démarche de développement durable.
[11] Substance considérée classée cancérigène par l’OMS, irritante pour les yeux, le nez et la gorge, elle fait partie de la famille des COV (composés organiques volatiles)
[12] medium-density fiberboard/panneau de fibres à densité moyenne
[13] Cela commence à exister mais c’est malheureusement une exception. Chaque marque a son système, alors que, concrètement, les technologies sont les mêmes !
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