Par quoi remplacer sa poêle en Téflon ?

Les poêles en Téflon continuent à être très présentes dans nos cuisines, malgré les risques qu’elles entrainent pour la santé. C’est qu’elles sont bien pratiques ces poêles antiadhésives ! Il y a cependant des alternatives plus saines et écologiques. On parcourt les options.

Sommaire :

• Le problème des poêles en Téflon
• L’alternative rétro qui adhère très peu : l’acier
• L’alternative facile à entretenir : l’inox
• L’alternative qui manque d’info : la céramique
• Les alternatives moins courantes : la fonte (émaillée) et… le verre
• Que faire de ses vieilles poêles antiadhésives ?

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Le problème des poêles en Téflon

Téflon est en réalité une marque déposée. Derrière ce nom se cache le PTFE (polytétrafluoroéthylène). Depuis les années 50, les poêles antiadhésives sont généralement en aluminium avec une surface antiadhésive en PTFE^[1]. On parle aussi parfois des poêles de type « Tefal » mais il s’agit là aussi d’une marque et ce n’est pas la seule à proposer des poêles avec un revêtement antiadhésif en PTFE.

Le souci c’est que le PTFE est un PFAS, même s’il est sous forme de polymère (plusieurs molécules attachées ensemble, comme dans un plastique). Il est censé être non dangereux pour la santé mais cet aspect pose quand même différentes questions, ne fût-ce que concernant la pollution à la fabrication^[2].

S’il a été – et reste – polémique, c’est notamment parce que certains composés utilisés pour le fabriquer sont désormais interdits, comme le PFOA, un des PFAS les plus recherchés (et trouvé) dans l’eau. Ce PFOA se retrouvait dans les aliments via les poêles en Téflon, ainsi que dans l’environnement et la nourriture pollués par les entreprises qui rejetaient du PFOA (pour la fabrication de poêles ou non).

Autrement dit, le PTFE est utilisé depuis longtemps, mais c’est son processus de fabrication qui était source de PFAS problématiques. Sans que l’on soit pour autant sûr que les alternatives utilisées actuellement pour remplacer le PFOA dans la fabrication du PTFE soient non toxiques^[3], tant à la production qu’à l’utilisation^[4].

     > Lire aussi : Quels sont les dangers des PFAS pour la santé ?

Que Choisir^[5] a testé 8 poêles antiadhésives classiques en 2024 et a trouvé 17 PFAS différents dans le revêtement^[6]. L’association de consommateurs n’a cependant pas testé la migration de ces molécules dans les aliments.

L’autre souci c’est que la chaleur est un facteur qui favorise la migration des contaminants alimentaires. Le PTFE peut dégager des substances toxiques s’il est chauffé à trop haute température.

Les migrations de contaminants sont aussi renforcées si le matériau est abimé.

     > Lire aussi : Qu’est-ce qu’un contaminant alimentaire ?

On comprend donc aisément qu’il vaut mieux éviter de cuire sa nourriture à feu vif dans une vieille poêle en Téflon pleine de griffes. Tefal recommande d’ailleurs de remplacer les poêles antiadhésives tous les 2 ou 3 ans^[7] !

Certes, les aliments (dont certains sont djà contaminés avec des PFAS) sont notre principale voie d’exposition aux PFAS^[8]. Mais autant limiter son exposition là où c’est possible, notamment en évitant d’utiliser des poêles à risque.

Il y a des alternatives non seulement plus respectueuses de la santé mais aussi plus durables dans le temps et donc plus écologiques.

     > Lire aussi : Santé : emballages & ustensiles pour une cuisine sans risque.
 

L’alternative rétro qui adhère très peu : l’acier

Les poêles en acier reviennent à la mode ! Elles sont faites dans un acier qui contient plus de carbone que l’acier standard (on parle souvent d’acier carbone). Le matériau ne dégage pas de substances toxiques et leur durée de vie est extrêmement longue. Ces poêles se transmettent même parfois de génération en génération !

     > Lire aussi : Quels matériaux sont utilisés pour les emballages et ustensiles alimentaires ?

Les poêles en acier nécessitent un peu de préparation avant leur première utilisation et de s’habituer à une autre routine pour le nettoyage :

• On ne peut pas les utiliser telles quelles à l’achat, il faut les « culotter »^[9].
  Le principe est simple : on graisse la poêle avec de l’huile et on la fait chauffer jusqu'à ce qu'elle fume légèrement. Le fait de répéter cette opération quelques fois produit une surface antiadhésive naturelle^[10]. L’aspect antiadhésif va aussi se renforcer au fur et à mesure de l’utilisation de la poêle en acier (elle va prendre une coloration de plus en plus noire, ce qui est tout à fait normal). Certaines poêles sont vendues déjà culottées.
   
• Il faut les laver sans détergent.
  Le produit vaisselle attaque la graisse, et la couche antiadhésive est composée de graisses. Une poêle en acier doit être lavée uniquement avec de l’eau chaude. C’est un peu bizarre au début, mais on s’y fait. On peut gratter d’éventuels résidus mais une bonne cuisson ne devrait pas en laisser beaucoup. On peut éventuellement déglacer la préparation à l’eau (ajouter un peu d’eau en fin de cuisson), ce qui va à la fois dissoudre les résidus secs et faire une petite sauce d’accompagnement (surtout avec de la viande, mais ça marche avec des chicons braisés aussi).

Au-dessus : poêle en acier non culottée, juste utilisée quelques fois. 
En-dessous : poêle culottée, après 3-4 « couches ».
 

• Une fois la poêle lavée, elle doit être huilée légèrement avant de la stocker. (Quoique, si elle est bien culottée, ce n'est même pas nécessaire.)
  L’acier rouille s’il n’est pas protégé. Pour cette raison, on ne laisse jamais ce genre de poêle tremper dans l’eau.

Si ça colle un peu plus qu’avec une poêle « de type Tefal », le résultat est assez réussi. On peut cuire à peu près tout, même des aliments qui se décomposent s’ils collent comme des burgers végétariens, des falafels, du poisson, des produits panés, des œufs sur le plat, des crêpes…^[11]Seuls les aliments acides peuvent abîmer le culottage. On évite donc de faire revenir une sauce à la tomate dans les poêles en acier.

Enfin, la couche de graisse se forme cuisson après cuisson mais sans laisser d’odeur ou de goût qui se transmet aux aliments. On peut y cuire du poisson un jour et des œufs le lendemain sans problème. Et si la couche protectrice est abîmée – ça peut arriver – il est facile de la recréer^[12].

L’inconvénient de ces poêles, c’est leur poids^[13].
 

L’alternative facile à entretenir : l’inox

L’inox n’est pas utilisé que pour les casseroles, il sert aussi à fabriquer des poêles. Comme tous les objets en inox, ces poêles ne rouillent pas et sont faciles à entretenir : on les lave (à la main, le lave-vaisselle est souvent déconseillé même si ça reste possible) avec de l’eau chaude et du détergent.

On peut cuire tous les aliments avec de l’inox. Les aliments acides auront cependant plus tendance à « l’attaquer ». L'inox se répare cependant tout seul, dans une certaine mesure.

De manière générale, les aliments ont un peu plus tendance à coller qu’avec une poêle en acier culottée^[14].

Les poêles peuvent être assez lourdes, surtout dans les grandes dimensions.

Par contre c’est inusable, surtout si le manche est également en inox. Le matériau est sûr pour la santé. On peut utiliser des ustensiles et couverts en métal^[15] car il n’y a pas de couche de protection donc pas de risque qu’elle s’abîme.
 

L’alternative qui manque d’info : la céramique

Les poêles en céramique sont apparues comme alternative aux poêles antiadhésives classiques. Elles sont présentées partout comme saines et écologiques mais il est cependant très difficile, pour ne pas dire impossible, de savoir de quoi elles sont composées exactement.

L’efficacité antiadhésive des poêles en céramique diminue également avec le temps. Il est peu probable qu’on puisse les garder aussi longtemps que des poêles en inox ou en acier^[16].
 

Les alternatives moins courantes : la fonte (émaillée) et… le verre

La fonte (de l’acier avec « beaucoup » de carbone dedans^[17]) est une matière traditionnelle en cuisine.

On distingue la fonte de la fonte émaillée :

• Une poêle en fonte s’utilise comme une poêle en acier, et doit être culottée. Elle est toutefois (encore) plus lourde et plus adaptée à une cuisson lente (inertie). Côté fabrication, la fonte est moulée (liquide et mise dans des moules) alors que l’acier est embouti (avec une presse).
   
• Une poêle en fonte émaillée est recouverte d’une couche de verre (l’émail) qui assure sa protection. Comme l’inox, elle n’a pas besoin d’être culottée. Par contre, l’émail est une couche qui peut s’abîmer avec le temps. On évite donc d’utiliser des ustensiles en métal dans une poêle émaillée.

Enfin, pour l’anecdote, des poêles en verre ont existé mais elles sont pour ainsi dire introuvables actuellement.
 

Que faire de ses vieilles poêles antiadhésives ?

C’est décidé, on fait le tri dans ses vieilles poêles !

Si c’est une poêle antiadhésive d’avant 2020, voire 2012 pour certains fabricants, il est très probable qu’elle contienne du PFOA, qui est parmi les PFAS les plus contrôlés dans notre eau et nos aliments. Mieux vaut s’en débarrasser.

Même chose pour des poêles abîmées, il est préférable de s’en séparer.

On jette les poêles au recyparc, dans le conteneurs à métaux.
 

Voir aussi

• Notre campagne Pas dans mon assiette.