Canopea a compilé les résultats de 130 études pour mieux connaître les contaminants alimentaires, les emballages qui posent souci et les publics sensibles.
Près de 8000 substances peuvent être utilisées dans des matériaux de contact alimentaire en Europe, notamment dans les emballages.[1] Parmi ces substances, on trouve notamment les PFAS, les bisphénols ou encore les phtalates, qui ont tous fait l’actualité ces dernières années.
Il existe environ 1200 études scientifiques qui démontrent la migration de substances des emballages ou des ustensiles alimentaires vers les aliments[2].
Rien que ça devrait déjà nous alerter. Mais peut-on dégager des tendances plus précises ?
La fédération environnementale Canopea a effectué une revue de la littérature pour déterminer quels sont les emballages les plus concernés par les migrations alimentaires et les risques pour la santé qui y sont liés.
Et c’est un exercice difficile !
Sommaire :
- - - - - - - - - - - - - - - - - -
Les principaux enseignements de ce rapport sont :
Canopea[3] a mené une revue de la littérature et analysé pas loin de 130 études afin de déterminer, emballage par emballage[4] :
L’association a ainsi analysé 34 catégories d’emballages ainsi que 35 substances ou familles de substances susceptibles de migrer. C’est une étude particulièrement intéressante car elle tente une synthèse là où les études de migration sont souvent très spécifiques (sur un type de bouteille bien précis par exemple).
Le but de l’étude était de déterminer un classement global des emballages en fonction de ces différents éléments.
Les matériaux analysés ont été choisis sur base de plusieurs critères :
Pour chaque type de matériau (et donc d’emballage dans le cadre de l’étude : barquette en plastique, boîte de conserve, carton à boisson, etc), deux scores ont été calculés :
La multiplication de ces deux scores donne un indice général de risque.
Il a été très difficile de déterminer un classement précis étant donné la très grande diversité de matières, de substances et d’usages possibles.
De ce fait, le score obtenu n’est pas un score absolu. Le score ne donne pas un niveau de risque précis, tout comme il ne dit pas si consommer des produits emballés dans un type d’emballage donné entrainera des problèmes de santé. D’autant plus que les emballages sont ici regroupés en grandes catégories. Une barquette en PET par exemple peut contenir des aliments chauds et le risque calculé tiendra compte de cet aspect même si toutes les barquettes en PET ne sont pas utilisées avec des aliments chauds.
L’étude de Canopea a envisagé le pire scénario. Si cela ne reflète pas un risque réel, ça met en avant une potentialité. Les bocaux en verre par exemple sont plutôt mal classés, non pas à cause du verre, mais à cause des joints de certains couvercles. Ce n’est pas généralisable en tant que tel à tous les bocaux et à tous les aliments emballés mais on ne peut exclure des migrations étant donné que différents types de joints sont utilisés. C’est finalement ça qui nous intéresse : si on veut limiter les risques, il faut pouvoir le faire en connaissant le risque maximal.
Enfin, toutes les données ne sont pas disponibles, loin de là. Certains risques n’ont probablement pas été pris en compte tout simplement car ils ne sont pas encore suffisamment documentés. Un emballage bien classé ne l’est peut-être que parce qu’il n’y a pas encore assez d’études qui ont été faites sur les substances qui peuvent en migrer. L’exemple du bisphénol A est assez éclairant sur ce sujet.
> Lire aussi : Le bisphénol A : d’une utilisation massive à son interdiction.
Malgré ces difficultés, l’étude montre qu’un score de risque plus élevé est associé aux emballages :
Parmi les emballages qui présentent un risque au-dessus de la moyenne :
Plusieurs de ces emballages contiennent du plastique (même si ce n’est qu’un revêtement non visible, comme dans les gobelets en carton) et sont potentiellement utilisés pour des aliments chauds (ou à réchauffer dans l’emballage), acides ou gras.
Si un classement précis ne peut pas vraiment être établi, l’étude montre :
Le tout sur base d’un grand nombre d’études.
Il est donc important de s’informer sur les bons gestes pour limiter les contaminations dans son assiette.
> Lire : Santé : emballages & ustensiles pour une cuisine sans risque.
La législation doit aussi évoluer afin de mieux protéger la santé des citoyen∙nes.
> Voir : Quelles lois encadrent les contaminants alimentaires ?
Voir notre campagne Pas dans mon assiette !
[2] Muncke J, Andersson AM, Backhaus T, Boucher JM, Carney Almroth B, Castillo Castillo A, et al. Impacts of food contact chemicals on human health: a consensus statement. Environ Health. 3 mars 2020;19(1):25.
[3] FOOD WALLONIA - Action A.8– Améliorer les connaissances et les compétences de l’ensemble des acteurs de la chaine alimentaire en matière de contaminants dans les denrées alimentaires. PHASE DIAGNOSTIQUE : Matériaux cibles, niveau de migration, impacts sanitaires et publics vulnérables, par S. De Munck et M. De Schepper, Canopéa, août 2024.
[4] Les ustensiles comme des couverts ou des poêles n’ont pas été analysés ici.
[5] Dans le jargon on parle de FCA (food contact article : un emballage, une poêle, une fourchette…), de FCM (food contact material : du carton, du plastique…) et de FCC (food contact chemical : un bisphénol, un PFAS…). Un emballage (FCA) est composé d’un matériau (FCM) qui lui-même peut contenir des substances qui peuvent migrer vers les aliments (FCC).
[6] Sur base des conditions qui favorisent la migration rencontrées dans la littérature analysée : contact direct avec l’aliment, aliments « agressifs » (gras, acides, très salés, pétillants), la température, la taille de l’emballage, le temps de contact, l’exposition à la lumière UV.
Une fois par mois, recevez nos dernières actualités directement dans votre boîte mail.
Abonnez-vous ici >