Il s’en est fallu de peu : 336 voix pour, 300 contre et 13 absentions. Après beaucoup d'opposition et une grande mobilisation en sa faveur, la loi sur la restauration de la nature a été adoptée par le Parlement européen. Pourquoi est-ce décisif ? Détails.

Une loi phare du Pacte vert pour l'Europe

La loi sur la restauration des milieux terrestres et marins abîmés[4] fait partie du « Pacte vert pour l’Europe », un pacte ayant pour but de rendre l’Union européenne neutre en carbone d’ici 2050[1]. Ce pacte a déjà donné lieu à une loi sur la déforestation importée[2], une stratégie pour la circularité des textiles[3]...

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La loi a été adoptée – et c’est une bonne nouvelle – mais sur les 136 engagements proposés initialement, plusieurs ont dû être retirés afin que la loi puisse être votée. Notamment l’obligation de créer de nouvelles aires protégées.

Toutefois cette loi sera contraignante pour les pays et tentera de contribuer à la réalisation des engagements pris dans l’accord « Kunlming Montréal », adopté lors de la Cop15 sur la biodiversité[6].

> Voir à ce sujet : COP 15 Biodiversité : peut-on se réjouir ?

La première étape d’ici 2030 : restaurer au minimum 20% des zones européennes terrestres ainsi que maritimes.

Le Parlement a précisé que cette loi n’entrera en vigueur qu’une fois que « la commission aura fourni des données sur les conditions nécessaires pour garantir la sécurité alimentaire à long terme et que les pays auront quantifié la superficie à restaurer »[7].

Pourquoi cette loi est-elle importante ?

On parle très souvent des impacts des gaz à effet de serre sur la planète mais on parle moins des effets dévastateurs occasionnés par la dégradation de la nature et la perte de biodiversité.

80% des habitats naturels[8] européens sont dégradés par la pollution ou la surexploitation des ressources. Et la Belgique n’est pas en reste, avec jusqu’à 95% de ses habitats naturels en mauvais état de conservation[9]. Les populations d’insectes, d’oiseaux et de mammifères sont en déclin partout dans le monde.

> Voir aussi : Rapport WWF « Planète vivante » : la biodiversité en péril ?

Lorsque la nature est en péril, ça occasionne de nombreux effets dévastateurs sur le monde, la biodiversité, le changement climatique et par conséquent les populations humaines.

L'importance de restaurer la nature

Source : #RestoreNature

En effet, la nature et la biodiversité jouent des rôles majeurs à de multiples niveaux. Par exemple :

  • Un milieu naturel en bonne santé peut aider à lutter contre les inondations. En effet, les sols jouent un rôle important d’éponge pouvant freiner les fortes pluies. Des fortes pluies qui risquent d’arriver de plus en plus régulièrement vu le changement climatique et qui ont des conséquences de plus en plus importantes vu le phénomène d’imperméabilisation des sols.
  • Les milieux naturels créent de l’ombre et des îlots de fraicheur très utiles lors des épisodes de canicules.
  • La nature est aussi notre meilleure alliée pour capter le carbone. Les forêts jouent un rôle important dans la régulation du CO2 mais également dans la régulation du climat, des précipitations et représentent l’habitat de diverses espèces.
  • La lutte contre l’érosion des sols se joue également en bonne partie grâce aux arbres, arbustes, haies... Ils favorisant l’infiltration des eaux au lieu du ruissellement sur les terres.
  • La fécondation des plantes à fleurs est majoritairement assurée par les pollinisateurs. Or, les populations de pollinisateurs sont en déclin au vu des pesticides utilisés, de la dégradation de leur habitat, du changement climatique… Sans pollinisateurs c’est l’écosystème qui est en péril et la biodiversité qui risque de chuter d’autant plus[10].
    > Lire aussi : Clap de fin pour les néonicotinoïdes en Europe.
  • Et tant d’effets encore[11] !

Restaurer les habitats naturels est donc indispensable, d’autant plus dans une stratégie d’adaptation et d’atténuation face au changement climatique.

> Lire aussi : Adaptation au changement climatique : comment se préparer ?  

Pourquoi cette loi a-t-elle failli passer à la trappe ?

La loi sur la restauration de la nature faisait l’objet de nombreuses oppositions, nourries par l'inquiétude de ses effets sur plusieurs activités. Les opposants arguaient que la restauration et la préservation des espaces naturels allaient certainement se faire au détriment des espaces actuellement dévolus à l’agriculture, à la pêche ou encore aux énergies renouvelables.

Si bien qu’il a été question de faire passer cette loi à la trappe. Cette décision aurait eu des conséquences néfastes pour la nature et la biodiversité dans les années futures. C’est pourquoi de nombreuses mobilisations ont eu lieu les dernières semaines : une pétition récoltant de plus d’un million de signature, des manifestations, des activistes présentes au Parlement européen[12]… Ce n’était pas gagné d’avance mais ça a payé !

En savoir plus

 

[1] « Mettre en œuvre le pacte vert pour l’Europe », Commission européenne.

[3] Plus d’infos : EU strategy for sustainable and circular textiles, sur le site de la Commission européenne.

[4] Définition La restauration de la nature par #RestoreNature « La restauration est un processus d'aide au rétablissement d'un écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit. Il peut s'agir de réhumidifier des zones humides et des tourbières, d'améliorer des sols et des terres agricoles dégradés en y ajoutant des éléments naturels tels que des haies et des arbres, de recréer des forêts naturelles disparues, d'éliminer des espèces envahissantes, de planter de la végétation indigène, de supprimer des barrières obsolètes sur les rivières, d'augmenter la couverture arborée dans les villes, et bien d'autres choses encore. »

[8] Définition de l’habitat naturel par la Wallonie dans le cadre de Natura 2000 « L' habitat est un concept utilisé pour décrire les caractéristiques du "milieu" dans lequel une population d'individus d'une espèce donnée peut normalement vivre et s'épanouir (habitat de reproduction, de nourrissage, de repos, ...). »

[10] « Le déclin des insectes pollinisateurs » dossier du Musée national d’Histoire naturel Français.

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