Supporter: voilà bien un anglicisme qui n'a jamais mieux porté son nom que maintenant. En effet, c'est doublement que nous supportons nos Diables rouges pour le moment : d'une part parce que tout ceux à qui la déferlante mondialement footeuse actuelle ne donne pas de boutons les supportent (soutiennent, en français), mais d'autre part parce que les autres doivent les supporter aussi, c'est-à-dire résister à l'envie de crier « arrêtez ! n'en jetez plus ! » (et ceux qui, en plus, en avaient déjà marre de Stromae devront déménager ou visiter les grottes de Han pendant un bon mois).
Nous sommes en effet assaillis de toutes parts de communications noire-jaune-rouge, rare sursaut d'orgueil d'une population peu habituée, par nature et par expérience, à brandir des drapeaux belges . Mais pourquoi pas, c'est pas tous les jours que la Belgique s'illustre au niveau mondial, même si dans le domaine sportif les exemples ne sont pas si rares : de Justine à Kim en passant par la famille Borlée, nous avons quand même quelques gloires nationales.
Ce qui est plus gênant, c'est tout le merchandising qui en découle. On nous vend de tout aux couleurs nationales pour le moment. Cela va des traditionnelles imagettes au nom de sandwiche grillé aux housses de rétroviseurs (à ne pas mettre du côté du miroir hein, soyez raisonnables !), en passant par le radio-réveil noir-jaune-rouge, les bacs de rangement en plastique noir-jaune-rouge (mais faits en Belgique quand même, ça existe encore) ou encore le saucisson de jambon avec un trident en guise de décoration interne.
Mais allez, ne gâchons pas la fête : pourquoi pas.
Là où ça devient franchement énervant c'est que cet engouement commercial dépasse, et de loin, la vente de quelques babioles colorées. On ne compte plus le nombre de chaînes – vendant de l'électro et de la hi-fi par paquets de 10 tous les jours – qui en ont fait un argument de vente : conditions XXL à prix XS, votre télé remboursée si les Diables vont en finale, un bisou de Marc Wilmots à l'achat d'un percolateur tricolore, etc. (pour Marc Wilmots je ne suis pas sûr, n'allez pas tout de suite dans votre magasin, en plus là il est arrivé au Brésil alors bon).
À ce stade-là (ahah), pourquoi, tiens, ne pas changer de télé ? Même si l'ancienne fonctionne toujours très bien. Mais la nouvelle est plus jolie, plus grande (et tant pis si on n'en profite pas pleinement vu le recul dans le salon qui, lui, fait toujours 3m sur 4), elle est en promo et, on ne sait jamais, en priant la saint-Pfaff, si ça se trouve nos Diables cuvée 2014 vont la remporter, la Coupe. Et puis elle consomme sûrement moins aussi. Non mais c'est important l'environnement quand même !
Sans vouloir gâcher la fête, rappelons tout de même que, sur l'ensemble de son cycle de vie, 80% de l”˜énergie consommée par une télévision l'est au moment de sa fabrication et de son démantèlement. *
Enfin, on va dire que c'est dans l'air du temps, à l'heure où l'environnement a disparu des premières lignes politiques, mais où l'on fait du pouvoir d'achat un cheval de bataille inévitable. Et tant pis si le dernier cri en matière de télé vaut 20 fois le salaire minimum au Brésil.
Et vous, vous en pensez quoi ?
* si vous achetez une télévision, n'hésitez pas à aller voir sur topten.be quel est le modèle qui consomme le moins. Pour un 42'' par exemple, et au même prix de vente, la consommation peut passer de 44 à 62W, ce qui représente quand même une différence de 26 kWh par an à raison de seulement 4h par jour.