En math, "moins par moins, ça fait plus". Alors est-ce qu'un objet qui est doublement inutile finit par devenir utile ? Pas ce désodorisant high-tech en tout cas.
Il y a parfois des questions métaphysiques qui me traversent l’esprit.
Par exemple : prenez un produit inutile. Bon d’accord, vous n’en n’avez pas chez vous, mais imaginez.
Ajoutez-lui une fonction tout aussi inutile.
Est-ce que la double inutilité s’annule ? Rappelez-vous vos cours de math : moins par moins, ça donne plus. Est-ce que ça marche sur l’inutilité ? Est-ce qu’un produit particulièrement inutile pourrait devenir tendance et même, par un mystérieux mécanisme, une sorte de must ?
Oui, ça arrive. Mais pas ici.
Prenons le produit de base : un désodorisant d’intérieur. Déjà, à la base, on peut discuter de son utilité. Ajouter une odeur de « rosée du matin » à celle de « popo de bébé », est-ce vraiment une solution ? Et d’abord, est-ce que ça sent quelque chose la rosée du matin ? La rosée, c’est quand même un peu de l’eau. Je vais pas faire mon ergoteur, mais l’eau ça n’a pas une odeur monstrueuse.
Mais bref, admettons que ce soit une bonne idée.
Que lit-on dans les précautions d’emploi de ce genre de produit ? Qu’ils sont à utiliser « seulement en plein air ou dans un endroit bien ventilé ».[1]
Je résume.
On parle donc d’un produit destiné à être utilisé à l’intérieur mais que l’on doit utiliser seulement en plein air ou dans un endroit bien ventilé. Je passe sur le premier point tellement c’est gros pour m’attarder sur le deuxième : si le lieu est bien ventilé, quelqu’un peut-il m’expliquer pourquoi il faut ajouter un parfum ?
On a inventé le parapluie qu’on ne peut pas utiliser quand il pleut.
C’est très fort. Mais inutile.
Ce premier point – l’inutilité – étant vérifié, passons au deuxième pour voir s’il annule le premier.
Qu’est-ce que le fabricant a ajouté à son produit pour le rendre encore plus inutile ?
Mais un module bluetooth pardi ! La meilleure façon d’ajouter une couche de rien à un produit : le contrôler depuis son téléphone. [2]
L’appli permet de programmer la bête. S’il est vrai que ça évite d’avoir des boutons et un écran de contrôle sur l’appareil en lui-même, rappelons qu’on parle quand même d’un désodorisant d’intérieur. Et qu’il faut créer un compte sur le site de la marque. Et installer une appli dédiée. Tout ça pour un produit inutile.
Grandiose.
Très bel effort de dispersion de métaux précieux par inclusion irrationnelle de modules bluetooth dans tout et n’importe quoi.[3] On se demandait pourquoi on épuisait les ressources de la terre, maintenant on sait.
Ah, mais attendez, le fabricant me dit que son produit utilise des huiles essentielles. Aaaaah, mais si c’est écolo, tout va bien alors. On vous donne l’absolution. Comment ? Les huiles essentielles ne sont pas la panacée ? Caramba, encore raté.
En plus, vu de loin, on dirait un peu une blatte géante.
Donc non seulement c’est inutile mais en plus ça va faire peur à tout le monde.
Seule consolation : ça ne se vend qu’aux USA.[4] Mais ce ne serait pas la première fois qu’on importe aussi les mauvaises idées.
[1] En allant sur les sites belges et français de la marque, sur différents désodorisants d’intérieur. On avait illustré cette contradiction dans notre article sur les huiles essentielles dans les désodorisants.
[2] Un autre fabricant avait déjà tenté le désodorisant avec capteur de mouvement. Sisi, en 2008. On progresse. Enfin, pas vraiment, parce que ça existe toujours.
[3] On attend avec impatience le rouleau de pq connecté qui fait bipper le téléphone quand la fin approche, avec un capteur dans chaque feuille, pour plus de précision. Comme ça en plus on pourra changer plus souvent de téléphone pour cause de noyade du précédent.
[4] Le site de la marque, même aux USA ne reprend pas le produit. Mais il est encore en vente chez Walmart. On ne poussera pas le vice jusqu’à mettre le lien.
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