Pour manger durable, voici quels labels choisir quand on fait ses courses. Et comment reconnaître un bon label pour l’environnement d’un faux label.
Reconnaître les labels permet de faciliter les courses en magasin. Pas besoin de lire toute l’étiquette, on se fie à l’écolabel pour choisir des produits bio ou équitables par exemple. Et ainsi manger plus durable.
Sommaire :
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
Oui. Le label est une marque de qualité, qui indique que le produit respecte un cahier des charges donné.[1]
Mais il n’est vraiment intéressant que si :
En pratique, on trouve en magasin les « vrais labels » (généralement des labels officiels portés par une autorité publique ou une association) et les « faux labels » (habituellement des auto-déclarations de marques qui ressemblent plus à du marketing qu’à autre chose).[2]
On trouve principalement des labels qui s’intéressent :
Le label bio européen est le plus répandu. Et pour cause, il est obligatoire pour tous les produits issus de l’agriculture biologique en Europe.[3]
On le trouve sur des produits non-transformés (fruits et légumes par ex.) et sur des produits transformés (une pizza par ex.). Pour ces derniers, les produit doit contenir minimum 95 % d’ingrédients bio pour être labellisé.
> Plus d'info dans la fiche détaillée du Label bio européen.
Le label bio est exigeant et apporte des garanties pour l’environnement mais la législation précise surtout des critères « techniques » pour les pratiques de culture ou d’élevage. Par exemple les produits autorisés ou interdits (pesticides et engrais de synthèse notamment), les accès à des parcours extérieurs, l’alimentation des animaux, etc.
Le label européen n’intègre pas de critères plus larges sur l’aspect durable du produit : transport, saisonnalité, conditions de travail ou emballage.[4] Vendre des pommes bio d’Argentine en octobre dans un emballage en plastique est tout à fait possible, même si ce n’est pas écologique. Tout comme des élevages ou des cultures qui tendent de plus en plus vers un modèle industriel. Si on cherche des critères plus cohérents, il faut se tourner vers des labels comme Nature & Progrès ou ajouter d’autres critères au bio en le choisissant aussi local et de saison par exemple.
> Lire aussi : Comment manger durable et choisir entre bio, local, équitable ?
L’appellation « bio » ou « éco » pour un produit alimentaire est protégée. Une marque ne peut l’écrire sur l’emballage que si le produit est effectivement labellisé. Du coup, certains fabricants utilisent des termes comme « agriculture durable » ou « sans pesticides », bien qu’il ne s’agisse en aucun cas de produits bio.[5]
Ce label européen est souvent accompagné d’un label national (Biogarantie en Belgique, AB en France, etc.).
Les labels nationaux existaient avant le label européen et reprennent généralement les critères européens à quelques détails près (par ex. Biogarantie interdit complètement les sels nitrités et peut labelliser des magasins ou des restaurants, là où le label européen s’arrête aux produits).
Nature & Progrès, une des associations pionnières du bio en Belgique et en France, propose une certification qui a une place un peu à part :
Certains labels combinent les critères bio avec d’autres critères.
Biogarantie Belgium certifie des produits bio, dont 50% des ingrédients doivent être produits en Belgique. Le label intègre aussi l'idée que tous les producteurs doivent recevoir une rémunération juste et une attention est portée au commerce équitable pour certains ingrédients.[8b]
Les principaux critères du commerce équitable sont :
Les 10 principes reconnus par le World Fair Trade Organization (WFTO) sont disponibles ici.
Tous les labels ci-dessous répondent, à des degrés divers, à ces principes fondamentaux.
Biogarantie Belgium (voir ci-dessus) associe le bio au local et à certains critères de commerce équitable.
Oxfam vend également ses propres produits issus du commerce équitable, dont la plupart sont labellisés Fairtrade.[10]
Enfin, on trouvera aussi régulièrement les labels Rainforest Alliance et UTZ. Ils sont cependant beaucoup moins exigeants que les autres cités ci-dessus. Ils ne garantissent pas un salaire minimum correct, un préfinancement des activités, l’interdiction des pesticides les plus dangereux, des contrats longs, etc.
> Pour en savoir plus sur les labels du commerce équitables, deux bibles sur le sujet :
les principaux labels pour le poisson sont :
> Lire aussi : Quel poisson choisir pour acheter plus durable ?
Certaines appellations de qualité comportent des critères environnementaux mais la plupart s’attachent surtout à la qualité du produit en lui-même. On ne les détaillera pas ici, mais il existe :
De gauche à droite : qualité différenciée, [15] Indication géographique protégée (comme le pâté gaumais), Appellation d’origine protégée (comme le fromage de Herve), Spécialité traditionnelle garantie (la gueuze à Bruxelles…).
> Plus d’informations sur le site de l’Apaqw.
Plusieurs marques pratiquent l’auto-déclaration. Elles utilisent des visuels qui ressemblent à des labels mais qui n’en sont pas.
Ces logos se réfèrent à des démarches ou programmes créés par les fabricants eux-mêmes et qui ont en commun de ne pas afficher de cahiers des charges, d’utiliser des critères vagues et de ne pas être vérifiés par des organismes indépendants. Ce manque de transparence ne permet pas au consommateur d’être bien informé et ne suscite pas la confiance.
Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’avancées environnementales pour autant. Mais on peut se demander pourquoi les fabricants n’utilisent pas un ou plusieurs labels officiels qui pourraient apporter de réelles garanties. Il arrive que des petits producteurs ne se fassent pas labelliser en raison du coût de la labellisation. Mais on parle ici de gros acteurs de l’agro-alimentaire…
Ces faux labels ne font qu’ajouter une énième information sur l’emballage, différente d’un fabricant à l’autre. Chacun y va de sa mention alors qu’utiliser le référentiel commun d’un écolabel serait tellement plus efficace et surtout plus clair pour le consommateur attentif mais pressé.
Ci-dessous quelques-unes de ces auto-déclarations.
De g. à d. : Mondelez, Nestlé, Nespresso.
Selon Commerce Équitable France, aucune de ces initiatives n’est vérifiée par un organisme indépendant et les normes ne sont pas disponibles en ligne.[17]
[1] Sur le site du SPF économie ainsi que la norme ISO 14020 qui définit les principes généraux des labels environnementaux (payant, mais le guide du BFTF en parle).
[2] ISO classe les labels en trois classes : Type I: labels avec programmes d’éco-étiquetage lorsqu’il existe des critères clairs pour les produits | Type II: Autodéclarations environnementales pour les produits et services pour lesquels il n’existe ni critères ni programmes d’étiquetage | Type III: Déclarations environnementales pour les aspects spécifiques du cycle de vie des produits.
[3] Plus exactement on peut très bien vendre des aliments cultivés selon les critères de l’agriculture biologique sans avoir de label. Mais si on veut les vendre sous le terme « bio » ou y faire allusion, le produit doit répondre aux critères européens et apposer le label est obligatoire.
[4] Régulièrement il y a des interpellations dans les médias sur les conditions de travail, la production hors saison ou de gigas exploitations, même en bio. C’est « normal » en ce sens que ce n’est pas prévu dans les critères à respecter, même si c’est parfois très loin de l’image « cohérente » que l’on se fait du bio.
[5] Le mot biologique (et ses diminutifs) est protégé dans toutes les langues de l’UE. Le règlement actuel (2018/848, entré en vigueur au 1er janvier 2021 et remplaçant le 834/2007) précise même que « (…) l’utilisation de termes, y compris dans les marques commerciales ou les dénominations sociales, ou de pratiques en matière d’étiquetage ou de publicité qui seraient de nature à induire le consommateur ou l’utilisateur en erreur en suggérant qu’un produit ou ses ingrédients sont conformes au présent règlement (NDLR : de l’étiquetage des produits bio) est interdite ».
[6] Comme explique sur le site de N&P France.
[7] Petit historique très intéressant sur l’évolution des labels et mention N&P, en plus de la législation européenne.
[8] BFTF, guide des labels de commerce éthique et équitable, 2020.
[8b] D'après le Guide des labels de commerce éthique et équitable édité par la Belgian Fair Trade Federation : « Il est à noter que, au 1er janvier 2020, il n’y avait toujours pas de définition précise et chiffrée de la notion de rémunération juste (...). Bien qu’il y ait une volonté, dans le futur, de développer un cahier des charges strict et chiffré en termes de prix juste et de rémunération juste, il s’agit actuellement et pour une bonne partie des secteurs d’une approche au cas par cas non formalisée. Concernant le commerce équitable du sud : « Le label est avant tout un label de commerce équitable Nord/Nord. Cela étant, il y a également une sensibilité au commerce équitable Nord/Sud dans la mesure où, comme le stipule le cahier des charges : « Les aliments préparés et transformés qui contiennent plus de 5% de sucre de canne, de cacao, de café, de banane ou de thé, qui proviennent d’un pays où la durabilité sociale n’est pas d’application, ne peuvent porter le label Biogarantie que si l’ingrédient en question est certifié issu du commerce équitable par un organisme reconnu par l’ASBL Biogarantie. » »
[9] Tous les ingrédients n’existent pas en version équitable. Le label permet donc d’utiliser des ingrédients non équitables dans un produit labellisé si ces ingrédients ne sont pas disponibles en version équitable. Un minimum de 20% d’ingrédients équitables est cependant exigé. Détails sur Fairtrade Belgium.
[10] Oxfam avait retiré la labellisation Fairtrade de ses produits en 2014, mais a fait son retour dans la labellisation Fairtrade en 2017 (rapport Fairtrade 2017).
[11] Plus de détails sur les critères du MSC ici : https://www.msc.org/be/fr-be/referentiel-msc-et-certification/referentiel-pecheries
[12] Nombreux articles sur le site du WWF France.
[13] Pour citer le WWF suisse : « Le WWF recommande le MSC, non pas comme un remède à tous les maux, mais comme le meilleur certificat pour les poissons sauvages vendus sur le marché, même s’il n’est plus en mesure d’appuyer chaque certification ».
[14] Les normes pour les différentes espèces concernées sont disponibles ici : www.asc-aqua.org. Par exemple les critères pour la truite.
[15] Dont le cahier des charges reprend notamment des critères comme pas d’OGM, des exploitations familiales…
[16] Textuellement.
[17] Source : Guide international des labels de commerce équitable, édition 2020 (Commerce Équitable France). Le guide du BFTF n’est pas plus positif, ni Ethical Consumer. Pour Cocoa Life, Mondelez se défend d’avoir créé le programme comme outil marketing (‘Cocoa Life has not been setup as a marketing tool,’ says Mondelēz International).