Quelles informations doivent obligatoirement se trouver sur l’étiquette d’un aliment ? Petit guide pour distinguer les éléments importants.
Pas toujours facile de s’y retrouver et de comprendre l’étiquette d’un aliment en magasin. Liste d’ingrédients, dates de péremption, infos nutritionnelles, origine, mentions obligatoires… Ça en fait des informations !
Pourtant, une marque ne peut pas écrire n’importe quoi sur ses produits. Voici les règles que les producteurs doivent respecter.
Sommaire :
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L’étiquetage alimentaire est régi par un règlement européen (dit INCO[1]), qui vise à protéger la santé et les intérêts des consommateurs. Pour cela, l’étiquette doit leur permettre de disposer d’informations sanitaires, économiques, écologiques, sociales et éthiques afin de pouvoir faire leurs choix en connaissance de cause.[2]
> Voir aussi : Étiquette alimentaire : 6 infos à y lire pour mieux consommer
Ce règlement consacre donc un grand principe : l’interdiction d’induire le consommateur en erreur, en particulier en ce qui concerne :
Avec de tels principes, on pourrait se dire que l’on est paré à toute éventualité. Pourtant, Test-Achats recense encore et toujours des produits « Pinocchio » qui mentent ou interprètent à leur avantage la législation.[3]
Il y a en effet quelques « failles » dans les règles d’étiquetage :
Toutes des informations qui intéressent pourtant les consommatrices et consommateurs !
Enfin, il faut toujours prendre l’information « à la lettre » et pas pour ce qu’elle pourrait sous-entendre. S’il est noté que le produit est fabriqué en Belgique, ça ne veut pas dire pour autant que les ingrédients sont belges. Si l’information est vague (« durable » par exemple), c’est probablement parce qu’il n’y a pas grand-chose derrière.
Plusieurs mentions doivent figurer sur (presque) tous les aliments préemballés :
Sur les aliments qui ne sont pas préemballés, seule la mention des allergènes est obligatoire. [7] Il n’y a pas de législation spécifique au vrac. Par contre pour certains aliments comme la viande, le poisson et les fruits et légumes non transformés, la mention de l’origine est obligatoire.
Pour certains produits spécifiques, l’étiquette doit aussi indiquer[8] :
L’étiquetage est contrôlé conjointement par le SPF économie et l’AFSCA. [10]
Quelques exemples de mentions dans leur milieu naturel. Source : OpenFoodFacts (lien du produit sur l’image)
Enfin, le prix de vente des produits emballés doit toujours être indiqué, même si ce n’est pas sur l’étiquette. Par ailleurs, afficher le prix au kilo est obligatoire pour les magasins de plus de 150 m².[11]
Bien sûr un fabricant peut ajouter des informations à celles qui sont strictement obligatoires. Certains d’ailleurs ne s’en privent pas et cela ajoute souvent plus de confusion qu’autre chose.
S’il utilise une mention facultative mais prévue par la loi, il doit aussi respecter la législation.
Par exemple :
Certains types de produits sont réglementés. Voici quelques exemples courants.
On ne peut parler de « lait » que pour des produits animaux.[12] Il existe cependant des exceptions comme le lait d’amande ou de coco.[13] « Lait de soja » est donc interdit. Par contre on peut parler de steak ou de burger de soja.[14]
La mayonnaise est aussi une appellation « protégée ». Ne peut pas s’appeler « mayonnaise » n’importe quelle sauce pour frites.[15]
C’est la même idée pour les « jus de fruits », « jus de fruits à base de concentré », « nectars de fruits », etc.[16]
Un jus d’orange doit être fait à partir du… jus de l’orange, simplement. On peut y ajouter des vitamines, des minéraux et certains additifs (très limités, parfois à certains produits de certains pays). Pas question d’y ajouter des colorants ou des édulcorants, ce n’est pas repris dans la liste des additifs autorisés pour les jus de fruits.[17] Contrairement aux bières aux fruits, pour lesquelles les législations belge et européenne n’ont pas prévu de critère interdisant l’ajout d’édulcorants, même si on pourrait s’attendre à ce que la règle soit la même que pour les jus.[18]
Pour le jus à base de concentré, on doit utiliser une quantité minimale de jus d’orange concentré auquel on ajoute de l’eau (potable).[19]
Les nectars sont différents, ils sont réalisés à partir de purée de fruits, à laquelle on ajoute de l’eau et éventuellement des sucres ou des édulcorants. On est déjà dans un autre type de produit, d’où l’importance d’avoir des appellations qui sont encadrées pour éviter de se retrouver avec des jus de fruits qui contiendraient des additifs auxquels on ne s’attendrait pas.
[1] Règlement INCO (1169/2011), e.a l’article 7. Version consolidée en 2018 sur https://eur-lex.europa.eu/. Il s'applique à toutes les denrées alimentaires vendues au consommateur. Complément indispensable : la FAQ européenne (2018/C 196/01). La Commission a également une partie de son site dédiée à la législation alimentaire (en anglais seulement). Ce règlement s’applique à toutes les denrées alimentaires destinées au consommateur final, y compris celles servies par les collectivités, ou destinées à être livrées à des collectivités.
[2] Article 3. Textuellement : L’information sur les denrées alimentaires tend à un niveau élevé de protection de la santé et des intérêts des consommateurs en fournissant au consommateur final les bases à partir desquelles il peut décider en toute connaissance de cause et utiliser les denrées alimentaires en toute sécurité, dans le respect, notamment, de considérations sanitaires, économiques, écologiques, sociales et éthiques.
[3] 38 aliments dans leur « hall of shame ».
[4] Nestlé est derrière les burgers végétariens « Garden gourmet » par exemple. Les produits laitiers « Light & Free » sont de Danone. Si le logo est présent, le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas particulièrement mis en avant. Chaudfontaine appartient au groupe Coca-Cola, etc.
[5] Pas dans le règlement INCO.
[6] Pas dans le règlement INCO.
[7] INCO, art 44.
[8] Liste complète dans le règlement INCO art. 10 et annexe III.
[9] La loi prévoit des exceptions pour les ingrédients (décongelés) présents dans le produit fini (un ingrédient qui aurait été décongelé pour être mis dans un aliment qui n’aurait pas été congelé), les denrées alimentaires pour lesquelles la congélation est une étape technique nécessaire du processus de production et les denrées alimentaires pour lesquelles la décongélation n’a pas d’effets qui nuisent à la sécurité ou la qualité de l’aliment.
[10] Plus de détails ici : https://economie.fgov.be/fr/themes/ventes/reglementation/etiquetage/controle-de-letiquetage-des
[11] AR de 1996, consolidé en 2004.
[12] Règlement 1308/2013 : « La dénomination «lait» est réservée exclusivement au produit de la sécrétion mammaire normale, obtenu par une ou plusieurs traites, sans aucune addition ni soustraction. »
[13] Le 1308/2013 en son annexe VII partie III précise : « (…) cette disposition n'est pas applicable à la dénomination des produits dont la nature exacte est connue en raison de l'usage traditionnel et/ou lorsque les dénominations sont clairement utilisées pour décrire une qualité caractéristique du produit. ». Ce point a été précisé dans une décision de la Commission (2010/791/UE – qui fait référence à la 1234/2007 qui a été remplacée par la 1308/2013) qui précise toute une série de produits, en Europe, qui peuvent s’appeler crème/lait/beurre sans être d’origine animale comme « pindakaas » (beurre de cacahuète), le très connu « Voileipäkakku » ou encore le lait d’amande ou de coco. Il y a quelques dizaines d’exceptions.
[14] Communiqué du Parlement européen de 2020.
[15] La Belgique a d’ailleurs dû revoir sa définition, qui était plus stricte que l’européenne. Si avant une mayonnaise devait avoir au minimum 80% de matières grasses et 7,5 de jaune d’œuf, les exigences sont tombées à 70% et 5% pour être au même niveau que la définition européenne. AR « mayonnaise » de 2016.
[16] Règlement 2001-112 (consolidé en 2014).
[17] Règlement 1333/2008 sur les additifs, annexe II, partie E, catégorie 14.1.2 (celle des jus de fruits).
[18] La présence d’additifs dans la bière est réglementée par le règlement 1333/2008. Définition belge de la bière dans l’AR de mars 1993. À noter que l’Allemagne a été condamnée au niveau européen (en 1987) car sa définition de la bière a été jugée trop restrictive, ce qui aurait empêché d’autres pays européens de vendre de la bière en Allemagne. À lire sur www.happybeertime.com
[19] C’est chouette de voir qu’ils se sentent obligés de préciser « eau potable », au cas où certains auraient envie d’utiliser n’importe quelle eau pour faire un jus. De l’intérêt d’avoir des textes précis !
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