Dans un jardin au naturel, on utile souvent le paillage et le mulch. Pourquoi ? Quelles alternatives ? Petit tour des matériaux à utiliser en couverture de sol.
Installer une couverture de sol est une bonne pratique à adopter au potager et au jardin.[1] Elle consiste à ne pas laisser la terre nue. Comme dans la nature où le sol est toujours recouvert.
Avec cette technique pratiquée en permaculture, dans les potagers bio ou les jardins au naturel, on dépose quelques centimètres de matières naturelles sur les sols. Ils se décomposeront au fil du temps.
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On parle aussi de mulching (avec du mulch, qui signifie couverture du sol) ou de paillage (avec du paillis), même si on peut couvrir le sol du jardin ou du potager avec d’autres matériaux.
SOMMAIRE :
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Pailler le sol – ou installer une autre couverture – a de nombreux avantages :
Si on opte pour des couvertures de sol faites à partir de déchets du jardin, c’est aussi zéro déchet. Ce qui permet de transformer les coupes du jardin en ressources et de diminuer le coût d’achat (certains matériaux de couverture vendus dans le commerce coûtent dans les 10€ par m2!).
Certains avantages des couvertures peuvent aussi être des inconvénients. C’est le cas pour le fait de retenir l’humidité au pied des plantes. Ça permet d’espacer les arrosages mais le paillage peut devenir un bon abri pour les limaces si elles prolifèrent.
Le mulch a l’avantage de protéger le sol des chaleurs intenses. Par contre, il entrave son réchauffement au printemps, ce qui retarde les premiers travaux au jardin et au potager. L’idéal est donc d’enlever la couverture de sol quand la météo s’améliore pour permettre à la terre de capter la chaleur printanière.
En fonction de sa structure, la couverture de sol peut avoir l’inconvénient de bloquer le passage de l’air. Le sol respire alors moins bien, les plantes peuvent pourrir et des maladies peuvent se développer. On imagine bien qu’une tonte de pelouse mouillée étalée en couche épaisse est assez compacte et laisse moins passer l’air que des gros morceaux d’écorce. Tout est alors question de dosage et de choix des matériaux.
On peut utiliser les résidus de plantes de son jardin pour couvrir le sol, pour autant qu’elles soient sans maladie. Cette option a l’avantage d’être zéro déchet et gratuite.
Il y a beaucoup de possibilités :
Ou un mélange de tout cela ! Attention, si on utilise des adventices, on veille à les couper avant qu’elles soient montées en graines pour éviter de les disséminer. Certaines sont très couvrantes, comme les fougères.
On peut aussi utiliser des tontes de gazon fraiches mais on veille alors à n’en parsemer qu’une fine couche (moins de 1 cm). Ou on les fait d’abord sécher au soleil pour pouvoir appliquer une couche plus épaisse.
Certaines plantes se développent en largeur pour couvrir le sol. On peut les utiliser comme couverture naturelle et souvent décorative.
On pensera pour le jardin aux couvre-sols indigènes comme la petite pervenche (Vinca minor), le fraisier sauvage (Fragaria vesca) ou le bugle rampant (Ajuga reptans).
Entre deux cultures où à l’automne pour passer l’hiver, on peut également semer des engrais verts au potager. Leur croissance rapide leur permettra de ne pas laisser le sol à nu tout en l’enrichissant.
La paille est un grand classique des couvertures de sol, d’où le terme de paillage. Elle est une production secondaire des cultures de céréales puisque composée des tiges sèches. De son côté, le foin est composé d’herbes fauchées en entier.
On peut utiliser les deux au jardin et au potager. Si le foin est un peu plus nourrissant, il risque d’amener davantage de graines d’adventices ou de se tasser par fortes pluies (on peut alors mettre une sous-couche de paille). De nombreux jardiniers apprécient de mélanger la paille avec un peu de compost[5] ou de résidus de végétaux.
Le paillis est léger et se dégrade assez vite, il faudra généralement le restaurer chaque année.
Moins onéreux que d’autres types de couverture de sol, la paille et le foin peuvent se trouver chez les agriculteurs locaux si leurs stocks sont suffisants. On préfère ceux issus de cultures bio.
On peut également utiliser les herbes fauchées sur son propre terrain s’il est assez grand.
On trouve dans le commerce des granules ou paillettes de lin, chanvre, miscanthus…
On les utilise au potager et au jardin en couche de minimum 5 cm de hauteur. Elles ont pour avantages de nourrir le sol en se décomposant, d’être assez esthétiques avec leur couleur claire, d’être exemptes de produits chimiques[6] et de pouvoir être locales. On trouve des productions belges de miscanthus et de lin. Le chanvre est plutôt français.
Le BRF, ou Bois Raméal Fragmenté, est constitué de petits copeaux de rameaux d’arbres frais. On peut le faire soi-même à partir des tailles de haies, d’arbres… Il suffit de broyer les branches coupées, pour autant qu’on en ait des quantités suffisantes. On utilise alors de jeunes branches de feuillus[7] de maximum 7 cm de diamètre.
Couvrir avec du BRF permet aux plantes de se trouver comme dans une forêt où les branches riches en nutriments se décomposent sur le sol pour le nourrir au fil des ans. Il a l’avantage de rester en place plusieurs années. Il est plus facile à utiliser au jardin qu’au potager.
Il existe d’autres solutions pour pailler son sol. Mais parce qu’elles sont moins naturelles ou moins locales, on ne les retient pas comme premier choix.
Le carton peut par exemple être utilisé. Il a l’avantage d’être bien couvrant et de se dégrader facilement. Mais on connaît rarement sa composition. Sans compter les colles et encres qu’il peut contenir et qui pourraient se retrouver dans le sol.
Les tapis sont aussi efficaces. Mais comme pour le carton, on ne connait pas trop leur composition, les teintures utilisées…
Les toiles de paillage naturelles sont à acheter dans le commerce. Elles se présentent en rouleau composés de fibres naturelles qu’il suffit de découper aux bonnes dimensions. On privilégie les toiles en matières locales (comme du chanvre français utilisable en agriculture bio) plutôt qu’en jute ou en coco exotiques. Mais attention, elles contiennent souvent une couche de (bio)plastique pour maintenir l’ensemble…
Les plastiques et géotextiles sont très courants dans le commerce. Ils couvrent bien le sol, laissent passer l’air et l’eau mais empêchent la plupart des adventices de percer. Leur prix est aussi assez bon marché. Pour faire le meilleur choix, on opte pour des toiles biodégradables à base de matières végétales. On les reconnait grâce au label OK Compost.
Les couvertures végétales exotiques comme les coques de cacao, chips de coco, écorces de certains pins... sont très répandues et décoratives. Mais elles sont moins locales, rarement issues de l’agriculture bio (notamment le cacao qui contient alors des résidus chimiques) et sont à éviter au potager en fonction de leur composition (voir instructions du fabricant).
Les couvertures minérales peuvent être constituées de pierres, ardoises… On les utilise plutôt en jardin d’ornement avec un film protecteur en-dessous. Ils ne nourrissent pas le sol mais le gardent au frais.
[1] Même si certaines cultures apprécient moins d’être couvertes, comme les oignons.
[2] C’est le processus de battance.
[3] On peut penser à hacher les feuilles de grandes dimensions à la tondeuse avant de les disposer sur le sol.
[4] On veille alors à varier les déchets, comme pour un compost.
[5] Voir de superposer une couche de paille au-dessus d’une couche de compost.
[6] On privilégie les paillettes autorisées en agriculture bio. On peut trouver du miscanthus bio, le chanvre et le lin sont des cultures qui ne nécessitent normalement pas ou peu d’intrants chimiques.
[7] Les branches plus anciennes contiennent trop de carbone, ce qui perturbe l’équilibre en nutriments du sol et peut être néfaste aux plantes.