Les bioplastiques sont souvent présentés comme alternative au plastique conventionnel et polluant. Ils ne sont pourtant pas aussi écologiques qu'il y paraît...
Bioplastique ne veut pas dire « plastique meilleur pour l’environnement ». Il peut poser tous les problèmes environnementaux liés aux plastiques et même susciter de nouvelles questions.
Sommaire :
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Bioplastique est un terme général. En réalité, il y a deux types de bioplastiques :
Seuls les plastiques biodégradables sont réglementés afin d’éviter de diffuser des substances dangereuses dans l’environnement lors du processus de biodégradation. Par exemple, la législation interdit certains additifs qui ralentissent le processus de dégradation et peuvent être toxiques (phtalates, encres, colorants, agent de protection contre les UV, antioxydants ou retardateurs de flammes…).
> Lire aussi : C'est quoi le problème avec le plastique ?
Les bioplastiques ne sont pas la panacée. Voici pourquoi :
Autrement dit, le mieux est :
C’est seulement après cela que l’on peut recourir aux bioplastiques, de préférence non issus de cultures alimentaires. À ces conditions, les bioplastiques peuvent être intéressants pour diversifier les matières premières, limiter la dépendance au pétrole (en utilisant des matières renouvelables) et permettre un « recyclage » naturel (si biodégradable).
À privilégier, donc, mais sans penser que c’est la solution aux problèmes posés par les matières plastiques.
> Voir : Comment réduire la pollution due au plastique ?
La plupart des plastiques biosourcés proviennent du blé, du maïs, de la betterave, de la canne à sucre ou de la pomme de terre. [5] Les plus communs sont le bio PE (polyethylène), le bio PET (polyéthylène téréphtalate) et le PLA (polylactide). [6]
Un plastique biosourcé peut ne l’être qu’en partie (avec, par exemple, 30% de plastique biosourcé dans ses « ingrédients »).
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Contenant |
Stylo en PLA |
Vaisselle en PLA |
Mélange bioPET/PLA dans l'industrie automobile |
L’origine de la biomasse est importante. Si elle est issue de cultures spécifiques ou de forêts, elle risque de concurrencer les productions alimentaires. Par exemple, si on cultive du maïs dans le but de faire des bioplastiques, c’est autant de surfaces agricoles non disponibles pour faire pousser des aliments destinés à nous nourrir.
Et qui dit cultures, dit aussi potentiellement pesticides et engrais (eux-mêmes fortement dépendant du pétrole), voire OGM. [7]
Actuellement, la part des surfaces cultivables utilisées pour les plastiques biosourcés est très faible : 0,02 %.[8] Mais le marché des bioplastiques ne représente encore que 1% du marché des plastiques. [9]
À ce stade, la majeure partie de la production de biomasse destinée à la fabrication de plastiques biosourcés provient de cultures spécifiques. [10]
On peut aussi fabriquer des bioplastiques à base de déchets ou « résidus » organiques (déchets alimentaires, parties non consommées de légumes [11], divers déchets de bois…) ou même avec des cultures hors sol d’algues, de champignons, etc.
Les plastiques biodégradables sont définis par une norme européenne qui indique notamment que le matériau doit être transformé à 90 % en humus en six mois lorsqu’il est placé dans des conditions de compostage industriel. [13] Ces conditions s’appliquent aussi bien au polymère (la résine plastique) qu’aux additifs et encres utilisés. [14]
Ces conditions ne sont pas celles d'un compost domestique et se retrouvent rarement dans la nature, encore moins dans l'estomac d'une tortue. Les plastiques biodégradables ne le sont que très peu dans les océans, [15] mais un label spécifique existe depuis 2015 (cf. ci-dessous).
En Belgique, un emballage ne peut pas se présenter comme « biodégradable » (mais peut être dit compostable s’il l’est réellement). [16]
La dégradation des polymères est un processus lent (on parle de plusieurs dizaines voire centaines d’années [17]). Le plastique est d’abord abîmé par la chaleur, l’humidité, les chocs avant d’être vraiment attaqué par les micro-organismes (qui ont plus de mal à attaquer une bouteille entière que des morceaux de bouteille).
Plus précisément, on distingue :
La plupart des plastiques, même biodégradables ou biosourcés, ne sont pas biodégradables en milieu naturel (ou beaucoup trop lentement). La biodégradation est souvent partielle, aboutissant à la production de microplastiques. [18]
Attention aux plastiques oxo-dégradables. Ce sont des plastiques classiques auxquels on a ajouté un métal agissant comme catalyseur pour augmenter la fragmentation. Dans les faits, des fragments sont encore visibles après 2 à 5 ans et ne sont pas biodégradables. Ils ont un impact environnemental équivalent à celui des plastiques et doivent suivre les mêmes filières de tri. Ils seront d’ailleurs interdits en 2021 au niveau européen. [19]
En Belgique, TUV Austria Belgium [20] labellise les bioplastiques et la diversité des marquages atteste de ces difficultés.
Il y a en effet plusieurs labels :
[1] On parle aussi de polymères biosourcés.
[2] Les polymères existent dans la nature. Ce sont de grandes molécules produites en quantité par les êtres vivants : la cellulose des cellules végétales, la lignine du bois, la chitine des crustacés... (qui sont, du coup, à la fois biosourcés ET biodégradables).
[3] Un plastique est, selon la législation européenne « un matériau constitué d'un polymère tel que défini à l'article 3, point 5), du règlement (CE) n° 1907/2006, auquel des additifs ou d'autres substances peuvent
avoir été ajoutés, et qui peut jouer le rôle de composant structurel principal de produits finaux, à l'exception des polymères naturels qui n'ont pas été chimiquement modifiés; ». Un polymère est une chaîne de monomères. Par exemple, le polyéthylène (PE) est un assemblage de molécules d’éthylène (C2H4).
[4] Comme précisé ici par exemple (natureplast.eu).
[6] Marché des bioplastiques : http://natureplast.eu/le-marche-des-bioplastiques/production-des-bioplastiques/
[7] Potentiellement venant de pays peu regardants sur la déforestation.
[10] Selon European Bioplastics -> https://www.european-bioplastics.org/how-much-land-do-we-really-need-to-produce-bio-based-plastics/
[11] Par exemple la peau des tomates : https://valbiomag.labiomasseenwallonie.be/news/projet-de-bioplastique-base-de-tomate
[12] Diverses sources de biomasse : http://natureplast.eu/plastiques-biosources-biomasse-marche/
[13] Norme européenne EN 13432, relative à la directive « emballages et déchets d’emballages (94/62/CE). En droit belge, l’AR «biomatériaux » est repris ici : https://www.health.belgium.be/fr/environnement/mise-sur-le-marche-des-produits/materiaux-biodegradables-et-compostables
[14] Certification ok compost et respect de la norme EN 13432 -> http://www.tuv-at.be/fr/certifications/ok-compost-seedling/
[15] Rapport de l’Onu sur le sujet : https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/7468/-Biodegradable_Plastics_and_Marine_Litter_Misconceptions,_concerns_and_impacts_on_marine_environments-2015BiodegradablePlasticsAndMarineLitter.pdf.pdf?sequence=3
[16] Ceci pour éviter de faire croire qu’on peut le jeter dans l’environnement sans problème. Infos sur https://www.health.belgium.be/fr/environnement/mise-sur-le-marche-des-produits/materiaux-biodegradables-et-compostables
[17] Par exemple, en mer : https://www.sfecologie.org/regard/r63-plastiques-en-mer-dussud-et-ghiglione/
[18] La biodégradabilité des plastiques biodégradables, souvent moins bonne qu’espéré : http://ec.europa.eu/environment/integration/research/newsalert/pdf/biodegradable_plastics_appropriate_end_of_life_options_environmental_concerns_526na3_en.pdf
[20] Précédemment, c’était AIB Vinçotte qui gérait ces labels.
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