Le greenwashing tape à l'œil fait graduellement place à des techniques plus insidieuses. Si les termes « nature », « écologique », ou « respectueux de l'environnement » apparaissent moins, le greenwashing est pourtant bien présent. Symptomatique, l'évolution de Glorix, « spécialiste de l'hygiène » d'Unilever, qui a fait de la durabilité un des fers de lance de sa com' d'entreprise. Hygiène, sécurité, environnement figurent au crédo d'Unilever. Premier né de la gamme Glorix, le détartrant Glorix Original a pour principe actif de l'hypochlorite de sodium (javel). Marketing oblige, la gamme se diversifie : Glorix-Eucalyptus au parfum – synthétique - de propre, et un Glorix – Pink. La composition ne varie pas : Ste javel, priez pour nous ! Ce bactéricide, sans pouvoir détartrant, blanchit la couche supérieure du calcaire : illusion d'optique et d'hygiène, risques sanitaires (dégagement de chlore gazeux, dégradation de l'immunité par abus de biocides) et environnementaux (pollution de l'air et des eaux de surface, destruction des bactéries non pathogènes). Au fil du temps, l'environnement et le développement durable deviennent un argument marketing pour Unilever, qui va jusqu'à lancer le Unilever Sustainable Living Plan (Plan Unilever pour un Mode de Vie Durable), un peu comme si le secteur automobile sponsorisait les accidentés de la route.
Dans ce décor verdissant, la javel fait un peu désordre. Heureusement, Glorix WC Power Gel 100% Anti-calcaire sans chlore reverdit le blason : bouchon et étiquette verts, parfum de lime -synthétique mais citron …vert-, planète-logo du sustainable cleaning et argument vendeur : sans chlore !
SANS CHLORE ? On vous l'a dit, répété, les agents chlorés sont dangereux pour la santé et l'environnement ! Vous avez donc banni tout produit chloré, shootant vos toilettes au vinaigre. Et là, Glorix sort un gel WC sans chlore ! Tentant ? Sauf qu'on y trouve de l'acide chlorhydrique, un acide minéral fort, à proscrire, dans la composition duquel intervient… du chlore ! Et puis, de l'acide sulfamique, encore un acide inorganique fort, nocif et très toxique pour les organismes aquatiques, du chlorure de cetrimonium, un composé d'ammonium quaternaire aux effets bactéricides, un parfum de synthèse (source : site d'Unilever). Bref, rien de neuf : le « sans chlore », façon « arbre qui cache la forêt », devrait induire la question « avec quoi à la place ? » mais le consommateur soucieux de bien faire embraye sur l'équation « pas de chlore = pas toxique ».
Pour conclure, le flacon ergonomique est en PEHD, théoriquement recyclable via la collecte des PMC. Mais il a contenu de tels ingrédients dangereux qu'il doit être déposé au parc à conteneurs, section petits déchets chimiques. Rien ne l'indique, bien que le pictogramme du recyclage soit absent. Par contre, très visible le logo en U d'Unilever, composé de fleurs et autres feuilles. Quand on vous disait que le greenwashing évoluait. Subliminal, mon cher Watson ! Voici les critères selon lesquels nous pouvons incriminer cette annonce :
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