Quel est l’impact environnemental d’une semaine de ski ? La réponse n’est pas simple évidemment, mais elle mérite d’être posée. Aller au ski peut rimer pour certains avec dépaysement, hors piste et nature sauvage… Ou au contraire pour d’autres, avec altération du paysage et pollutions en tous genre...
Alors est-il possible de skier en respectant l’environnement ?

Sports d’hiver, impacts divers

Afin de rejoindre les pistes rouges ou noires de nos rêves, nous parcourons plusieurs centaines de kilomètres. Les Belges vont prioritairement skier en France, mais aussi en Autriche, en Italie ou en Suisse. Or, ces skieurs arrivent très majoritairement en voiture (75%) plutôt qu'en autocar (20%, surtout des étudiants) ou en train.
Le bilan Carbone (1) effectué par deux stations de ski (2) françaises le confirme, le transport représente une part considérable (74%) des émissions globales de gaz à effet de serre d’un séjour au ski.

 

Source : Bilan GES : Les Ménuires, Val Thorens (Mountain Riders, 2007)

Le train est donc largement à privilégier pour se rendre au pied des pistes. Il est d’ailleurs souvent plus économique grâce aux intéressants forfaits « train + ski ».
Laisser sa voiture au garage en combinant train, car ou encore téléphérique, voilà un beau programme ! !

Et pour ceux qui considèrent qu’il est impossible de transporter son matériel autrement qu’en voiture, sachez que les trains affrétés vers les lieux de ski sont équipés pour. Et que vous pouvez toujours louer le matériel plutôt que de l’acheter : un pas de plus vers la dématérialisation…

Skieur recherche neige désespérément

Plus on parle de changement climatique, plus on nous assure que l’on va pouvoir skier sur de plus grands domaines et plus longtemps ! Pourtant une hausse de 1,8 degré de la température devrait se traduire par 40 jours d'enneigement en moins à 1.500 mètres d'altitude. Parallèlement, de plus en plus de stations annoncent des offres touristiques : «ski garanti».. L’enneigement artificiel est devenu un argument marketing de poids. Désormais, les stations « cultivent » donc la neige.

Or, la neige de culture et son damage sont particulièrement coûteux en eau et énergie. Un hectare de maïs consomme 1.700 m³ d’eau par an, la même surface de piste consomme 4.000 m³ d’eau par an pour l’enneigement. Bien sûr, ce ne sont pas les mêmes surfaces qui sont concernées mais la comparaison pose question. Car même si le bilan en eau est équilibré sur l’année : 75% de l’eau prélevée sont restitués au milieu sous forme liquide lors de la fonte des neiges, et 25% restant en vapeur d’eau. Les retenues utilisées sont remplies en été alors que les rivières sont à l’étiage, et c’est en hiver (quand l’eau est non disponible) que les canons à neige ont besoin d’eau.

La neige de culture est actuellement une industrie en pleine expansion. Le principe est simple et consiste à pulvériser un mélange d’eau et d’air, dont la température doit être égale ou inférieure à -2° C. Mais aujourd’hui, non seulement il y a moins de neige l’hiver mais il fait de plus en plus chaud. Difficile dans ces conditions de produire des flocons artificiels.

L’ajout d’additif (cristaux d’argent, silice…) permet de résoudre ce problème. Le plus controversé est le « Snomax ». Il s’agit de pulvériser en plus de l’eau, des bactéries exprimant un pouvoir cryogène élevé (facilite la cristallisation des gouttes à une température de 2 à 3 degrés supérieure à la neige naturelle). Les effets sur les milieux naturels et l’agriculture sont encore très mal connus et très peu étudiés. Pourtant on estime qu’en France, 15 % des stations utilisent le « Snomax ». Toutefois, les stations restent en général très discrètes quant à l’utilisation d’additifs chimiques.

Des stations qui surfent sur la tendance écologiste

Sur le plan environnemental, toutes les stations de ski ne se valent pas !
Certaines stations ont pris conscience des enjeux et se sont engagées. Elles s’activent donc à préserver leur fond de commerce mais aussi à minimiser l’impact environnemental de leurs activités. Les différents acteurs du tourisme, commerce, artisanat, et même agriculture... se mobilisent autour de la neige et de l’utilisation des ressources naturelles. Impliquer de la sorte les acteurs locaux dans une démarche de développement durable est une bonne chose.

L’association française Mountain Riders a édité «Le Guide Vert des stations de montagne» (PDF) qui présente les 45 stations les plus engagées en fonction de 23 critères de gestion environnementale. Pour partir en vacances en citoyen averti et engagé, vous pouvez choisir votre destination en préférant les stations sans voitures, celles qui pratiquent le tri sélectif et développent les énergies renouvelables.
Le label « Perle des Alpes » promeut également la mobilité douce dans les stations des Alpes via des initiatives de stations sans voiture, véhicules électriques ou solaires en station, recours à des solvants biodégradables pour le nettoyage des pièces mécaniques des dameuses, etc.

Vous pouvez aussi opter pour des petites stations familiales de moyenne montagne et privilégier l’économie locale. Certes moins gâtées par la poudreuse, elles offrent néanmoins des activités alternatives au ski alpin : ballades en raquettes ou en traîneau, découverte de la forêt, de la gastronomie locale, etc.

Les éco-gestes au ski aussi

Quel que soit votre type de villégiature, pensez à limiter l’impact de votre séjour en conservant les bonnes habitudes que vous avez chez vous le reste de l’année. En effet, l’apport démographique, saisonnier mais considérable, pose des problèmes de gestion des espaces et des ressources (foret, eau, énergie…). L’hiver, certaines stations multiplient leur population par 100. Certaines petites communes ont parfois des difficultés à traiter les quantités de déchets générées par les touristes. Limitez vos déchets, triez-les et déposez-les dans les containers présents à cet effet…
On peut dénombrer jusqu’à 30.000 mégots sous un télésiège comprenant 10 pylônes. Sachant qu’un mégot pollue 1 m³ de neige… faites le calcul !

Évitez la surchauffe de votre lieu de résidence : plus de 85% des émissions en station (hors transport) sont dues au chauffage des logements touristiques (2).

Le ski sans neige.... absurde

On l’a vu, le transport est une part importante des émissions de gaz à effet de serre produits lors de notre semaine au ski. Malheureusement, vu l’absence de neige en Belgique lors de la saison hivernale 2006-2007, on peut difficilement se dire que nous skierons ici l’année prochaine !

A l’instar de Dubaï (Emirats arabes unis) qui avec ses 40°C de température ambiante, a son complexe de ski de 22.500 m² entre -1 et -2°C, la Belgique aussi a des envies de « ski indoor » ! Par exemple un complexe controversé (« Snow game ») est en projet dans l’ancienne carrière de Lessines... Dans le contexte actuel… une bonne idée pour skier tout schuss... dans le mur ! Une pétition circule d’ailleurs (voir dans les brèves ci-dessous).

Nos loisirs, sur la piste de la durabilité...

Les vacances d’hiver sont pour bon nombre d’entre nous un moment privilégié, attendu depuis longtemps pour « faire un break » au milieu de la grisaille. Le ski n’est cependant pas la seule option. En Belgique, la semaine de Carnaval est riche en festivités, animations et folklore ! Les incontournables « semaine au ski en hiver » et «quinzaine à la mer en été», c’est fini. La tendance est au terroir et aux loisirs. On prend son temps, on savoure, on découvre. Et pas besoin d’aller très loin pour ça !

Si néanmoins les vacances à la montagne sont pour vous un véritable bol d’air dont vous ne pourriez vous passez, veillez à suivre les conseils proposés ci-dessus. Du choix de la station à la gestion des déchets, en passant par le type de transport et les activités pratiquées, chaque élément peut être pensé dans un meilleur respect de l’environnement. Car si le ski subit le réchauffement climatique, il y contribue également. Le phénomène devant vraisemblablement s’accentuer, nous avons tout intérêt à aller au-delà des solutions à court terme (de type enneigement artificiel) pour réfléchir à une reconversion progressive vers un tourisme moins impactant et plus durable.

Garder la montagne belle, propre et enneigée, c’est dans l’intérêt de tous, habitants et vacanciers !

(1) Le bilan total s’élève à 73.800 Tonnes Equivalent Carbone sur une saison, soit plus de 72 kg par skieur.
(2) Bilan GES Mountain Riders, Les Ménuires, Val Thorens (2007)

 

En savoir plus :

• L'association Mountain Riders et leurs excellentes vidéos : www.mountain-riders.org
• Le Guide Vert des stations de montagne en PDF
• L’association Mountain wilderness : www.mountainwilderness.fr
• Le label Perle des Alpes : www.alpine-pearls.com

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Dernière mise à jour
31 janvier 2008
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