L’utilisation d’Internet a un impact environnemental parfois insoupçonné. Mais on peut réduire son empreinte numérique sur le climat.
On évite d’imprimer du papier mais on ne pense pas toujours à la pollution numérique.
Or, utiliser Internet, cette habitude devenue banale, a un grand impact sur l’environnement.
En moyenne notre empreinte numérique est d'environ 350 kg de CO2 par an et par personne.
Comment la réduire ?
Sommaire :
1. Éviter de se suréquiper
2. Garder ses appareils plus longtemps
3. Éteindre les appareils
4. Diminuer sa consommation de données
5. Préférer le réseau filaire à la 4G
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La nouvelle étude du collectif Green It [1] estime qu’au niveau mondial le numérique émet 1,832 milliards de tonnes éq CO2 par an. Cela représente 3,4% des émissions globales de gaz à effet de serre.
On peut découper le secteur du numérique en trois tiers :
En matière d’émission de gaz à effet de serre, l’utilisation de ces éléments (appareils, datacenters et réseaux) représentent 80% de l’impact et la fabrication 20%.
De par leur nombre (4,6 milliards de smartphones, 15 milliards d’appareils connectés et 1,5 milliards de télévisions), ce sont les appareils qui émettent le plus de gaz à effet de serre, à la fois pour leur fabrication et leur utilisation.
Pour fonctionner tous ces objets consomment de l’électricité.
Et le problème c’est que, en en 2024, le charbon reste la première source d’énergie pour produire de l’électricité (34%) dans le monde, devant les renouvelables (32%), le gaz (22%) et le nucléaire (9%).[2] Si on ajoute les quelques pourcents du pétrole, c'est près de 2/3 de l’électricité mondiale qui est produite avec des énergies fossiles.
En 2022, la production d'électricité (et de chaleur) est le premier secteur émetteur de gaz à effet de serre dans le monde et représente 39 % du total des émissions dues à la combustion d'énergie. [3]
Un autre impact important du numérique est l’utilisation de ressources minérales et métalliques.
A ce niveau-là c’est nettement la fabrication, et particulièrement celle des appareils numériques qui a le plus d’impact.
Voici 3 façons concrètes de réduire son empreinte numérique.
Vu l'impact sur les ressources de la fabrication des appareils, on n'achète que les appareils nécessaires, en choisissant une taille d'écran adaptée.
On peut être tenté de multiplier les appareils (avoir un smartphone, une tablette, un ordinateur fixe et un portable), chacun ayant ses avantages et inconvénients. À côté de l’obstacle budgétaire (tous ces équipements coûtent cher), la consommation de ressources (minéraux, eau, énergie…) doit être au centre des préoccupations.
On choisit donc plutôt un seul appareil qui répond bien à ses besoins mais reste flexible, histoire de pouvoir le garder longtemps et en faire des usages variés.
> Voir aussi : Ordinateur fixe, portable, tablette… Comment bien choisir son compagnon numérique ?
D'après l'ADEME, acheter des appareils reconditionnés permet d'éviter de multiples impacts, d'extraire moins de ressources, d'émettre moins de gaz à effet de serre (GES).[4]
On éviter de remplacer les appareils qui sont encore qui fonctionnent encore. Il faut les garder plus longtemps pour l'amortir sur une plus longue durée.
On les protège (coques et vitres pour les smartphones et les tablettes), housse pour les ordinateurs portables, ... on les réparer ou on les fait réparer et, en cas de non usage on peut les vendre ou les donner.
> Voir aussi : 3 conseils pour garder son smartphone plus longtemps.
On oublie souvent d’éteindre le décodeur et le modem lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Ils consomment respectivement 40 kWh/an et 100 kWh en moyenne. Si on est absent la journée et que l'on dort la nuit, 2/3 de cette consommation pourrait être évitée.
L’idéal est donc de tout brancher sur un multiprise à interrupteur et de le couper quand on s'absente et la nuit. Certains décodeurs ont un mode veille qui réduit efficacement la consommation d'énergie, encore faut-il qu'ils soient correctement configurés.
En plus, dans le cas du modem, cela diminue aussi les ondes dues au wifi. Tout bénéfice pour la santé !
80% des données sur Internet sont utilisées pour… regarder des vidéos. 60% sont des vidéos en ligne qui provoquent l'émission 305 millions de tonnes de CO2/an. C'est l'équivalent des émissions annuelles de l'Espagne ou trois fois les émissions de toute la Belgique !
Parmi les « vidéos en ligne » on distingue la VoD – Video on Demand (services comme Netflix ou Amazon Prime), la pornographie, les Tubes (comme Youtube, Vimeo, Dailymotion) et les autres vidéos hébergées par les réseaux sociaux (Facebook, Twitter…).
Pour réduire cela, on peut :
Exemple de réglage de la qualité et de l’autoplay sur Youtube
Exemple de relation entre la définition d’une vidéo (telle que conseillée par Youtube) et la taille du fichier correspondant.
> Lire aussi : 5 conseils pour utiliser Internet sans consommer trop d’énergie et La pub sur Internet, un modèle à réinventer ?
L'ARCEP, l'organe français de régulation des télécommunication a sorti un document qui compare la consommation d'énergie suivant le type de connexion utilisée.Pour une utilisation de 6,7 Go/mois, la consommation annuelle d'électricité est de :
Mieux vaut donc regarder des vidéos avec un réseau filiaire qu'avec la 4G !
Quant à la 5G, elle consomme dix fois moins que la 4G. Mais attention à l'effet rebond, en cas de changement d'appareil pour être compatible avec la 5G mais aussi dans l'utilisation de données (la latence étant plus faible et le débit beaucoup plus élevé, cela peut inciter à surconsommer des vidéos, de la réalité virtuelle ...).
Les data center ont réussi à stabiliser leur consommation d’électricité ces dernières années, d’après l’Agence Internationale de l’Energie.[5] Et cela alors que la consommation de données a été multipliée par trois. C’est une belle prouesse.
Certains géants du web comme Apple, Google ou Facebook alimentent de plus en plus leurs data centers avec des sources d’énergie renouvelables. Greenpeace attribue un « Clean Energy Index » qui permet de vérifier quelles sont les applications et entreprises les plus responsables au niveau de leur politique énergétique.
Une solution complémentaire est de recourir au free cooling : plutôt que d’utiliser la climatisation pour refroidir des data centers, on les installe dans des zones plus fraîches où l’on peut les refroidir avec l’air extérieur.
On parle beaucoup de 5G et de smartcities.
La 5G promet des débits beaucoup plus élevés : télécharger une vidéo de 1Go prend plus de 5 minutes avec la 4G mais moins d’une minute avec la 5G. Elle permet également un développement massif de l’internet des objets avec des capteurs omniprésents. Une poubelle connectée, par exemple, envoie des informations lorsqu’elle est pleine et doit être vidée.
Mais ce déploiement doit être réfléchi par les pouvoirs publics car toutes les applications ne sont pas utiles et la consommation d’énergie et de ressources sont, elles, bien réelles.
À ce stade, le « smart » ne réduira pas la crise climatique et énergétique, au contraire. « Aucune étude ne prouve que le bilan global se fait à la faveur du numérique.[6] Il aggraverait plutôt davantage les problèmes qu’il prétend résoudre[7], malgré les discours techno-solutionnistes. »[8]
[1] D’après l’étude “Empreinte environnementale du numérique mondial”, GreenIT.fr 2025
[2] D’après l’Agence Internationale de l’Energie
[6] Deloitte Développement Durable, EcoInfo, Futuribles et le CRÉDOC, Potentiel de contribution du numérique à la réduction des impacts environnementaux : état des lieux et enjeux pour la prospective, Étude ADEME 2016.
[7] Aujourd’hui, le secteur numérique augmente ses émissions de CO2 de 8% par an (alors qu’il devrait les réduire de 5% par an pour rester sous les 1,5°C d’augmentation des températures planétaires), et pourrait en émettre autant que le secteur automobile en 2025. Source : Lean ICT, Rapport, The shift project.
[8] Cécile Diguet et Fanny Lopez, L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires, Rapport Ademe, 2019.
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