L’utilisation d’Internet a un impact environnemental parfois insoupçonné. Mais on peut réduire son empreinte numérique sur le climat.
On évite d’imprimer du papier mais on ne pense pas toujours à la pollution numérique. Or, utiliser Internet, cette habitude devenue banale, a un grand impact sur l’environnement. D’autant qu’on a (presque) tous un smartphone avec une connexion quasi permanente. Cela consomme énormément d’énergie et pèse donc sur le réchauffement climatique. Mais il est possible de réduire son empreinte numérique pour économiser 350 kg de CO2 par an et par personne.
Sommaire :
1. Garder ses appareils plus longtemps
2. Éviter des achats inutiles
3. Éteindre les appareils
4. Diminuer sa consommation de données
5. Préférer le réseau filiaire à la 4G
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Si le secteur informatique était un pays, il serait le 3è consommateur d’électricité dans le monde ! [1]
Et le problème c’est que le charbon reste de loin la première source d’énergie pour produire de l’électricité (presque 40%) dans le monde, devant le gaz (23%). Si on y ajoute le pétrole (3,7%), deux tiers de l’électricité mondiale est produite avec des énergies fossiles. Cela entraîne des émissions de CO2 conséquentes : 39% des émissions mondiales de CO2 dues à la combustion d’énergie, soit environ 12,5 milliards de tonnes de CO2.[2]
D’après le Shift Project[3], cette consommation énorme est due :
Voici 3 façons concrètes de réduire son empreinte numérique.
> Voir aussi d’autres idées avec nos 16 actions « Climat : arrête d’en faire des tonnes ! »
Si on considère uniquement l’énergie nécessaire pour les appareils (hors réseaux donc), c’est la fabrication qui impacte le plus le climat. Elle génère jusqu’à dix fois plus de gaz à effet de serre que la consommation d’électricité pour alimenter les équipements (smartphone, ordinateur, télévision…). On veille donc à prolonger le plus possible la vie de ses appareils et à ne pas les remplacer trop vite par des neufs.
> Voir aussi : 3 conseils pour garder son smartphone plus longtemps.
On peut être tenté de multiplier les appareils (avoir un smartphone, une tablette, un ordinateur fixe et un portable), chacun ayant ses avantages et inconvénients. À côté de l’obstacle budgétaire (tous ces équipements coûtent cher !), la consommation de ressources (minéraux, eau, énergie…) doit être au centre des préoccupations.
On choisit donc plutôt un seul appareil qui répond bien à ses besoins mais reste flexible, histoire de pouvoir le garder longtemps et en faire des usages variés.
> Voir aussi : Ordinateur fixe, portable, tablette… Comment bien choisir son compagnon numérique ?
On oublie souvent d’éteindre le décodeur et le modem lorsqu’ils ne sont pas utilisés. Ils peuvent consommer chacun 75 kWh/an pour rien.
L’idéal est donc de tout brancher sur un multiprise à interrupteur et de le couper quand on s'absente et la nuit.
En plus, cela diminue aussi les ondes dues au wifi. Tout bénéfice pour la santé !
80% des données sur Internet sont utilisées pour… regarder des vidéos. 60% sont des vidéos en ligne qui provoquent l'émission 305 millions de tonnes de CO2/an. C'est l'équivalent des émissions annuelles de l'Espagne ou trois fois les émissions de toute la Belgique !
Pour réduire cela, on peut :
> Lire aussi : 5 conseils pour utiliser Internet sans consommer trop d’énergie et La pub sur Internet, un modèle à réinventer ?
L'ARCEP, l'organe français de régulation des télécommunication a sorti un document qui compare la consommation d'énergie suivant le type de connexion utilisée.Pour une utilisation de 6,7 Go/mois, la consommation annuelle d'électricité est de :
Mieux vaut donc regarder des vidéos avec un réseau filiaire qu'avec la 4G !
Les data center ont réussi à stabiliser leur consommation d’électricité ces dernières années, d’après l’Agence Internationale de l’Energie.[5] Et cela alors que la consommation de données a été multipliée par trois. C’est une belle prouesse.
Certains géants du web comme Apple, Google ou Facebook alimentent de plus en plus leurs data centers avec des sources d’énergie renouvelables. Greenpeace attribue un « Clean Energy Index » qui permet de vérifier quelles sont les applications et entreprises les plus responsables au niveau de leur politique énergétique.
Une solution complémentaire est de recourir au free cooling : plutôt que d’utiliser la climatisation pour refroidir des data centers, on les installe dans des zones plus fraîches où l’on peut les refroidir avec l’air extérieur.
On parle beaucoup de 5G et de smartcities.
La 5G promet des débits beaucoup plus élevés : télécharger une vidéo de 1Go prend plus de 5 minutes avec la 4G mais moins d’une minute avec la 5G. Elle permet également un développement massif de l’internet des objets avec des capteurs omniprésents. Une poubelle connectée, par exemple, envoie des informations lorsqu’elle est pleine et doit être vidée.
Mais ce déploiement doit être réfléchi par les pouvoirs publics car toutes les applications ne sont pas utiles et la consommation d’énergie et de ressources sont, elles, bien réelles.
À ce stade, le « smart » ne réduira pas la crise climatique et énergétique, au contraire. « Aucune étude ne prouve que le bilan global se fait à la faveur du numérique.[6] Il aggraverait plutôt davantage les problèmes qu’il prétend résoudre[7], malgré les discours techno-solutionnistes. »[8]
[1] D’après l’Agence Internationale de l’Energie
[2] En 2016
[3] Rapport "Lean ICT : pour une sobriété numérique" - The Shift Project, octobre 2018
[6] Deloitte Développement Durable, EcoInfo, Futuribles et le CRÉDOC, Potentiel de contribution du numérique à la réduction des impacts environnementaux : état des lieux et enjeux pour la prospective, Étude ADEME 2016.
[7] Aujourd’hui, le secteur numérique augmente ses émissions de CO2 de 8% par an (alors qu’il devrait les réduire de 5% par an pour rester sous les 1,5°C d’augmentation des températures planétaires), et pourrait en émettre autant que le secteur automobile en 2025. Source : Lean ICT, Rapport, The shift project.
[8] Cécile Diguet et Fanny Lopez, L’impact spatial et énergétique des data centers sur les territoires, Rapport Ademe, 2019.