Dans le cadre de la promotion du Programme d'actions de l'Assemblée des Jeunes Wallons pour l'Environnement*, GREEN Belgium a organisé une table ronde sur l'éco-consommation à l'école. Une vingtaine d'acteurs de terrain étaient présents pour répondre à la question "Comment faire entrer une consommation responsable à l'école ?". Voici le fruit des discussions menées à cette occasion.

C'est un fait, l'école génère toute une série de gestes de consommation : boissons, friandises, repas et fournitures scolaires y sont consommés et utilisés chaque jour par les élèves. Cette consommation a aussi un impact sur l'environnement, les droits humains et les conditions de vie des producteurs. Intégrer les concepts d'éco-consommation à l'école, c'est agir en faveur de l'environnement mais aussi de la société toute entière.

Pourquoi mener des projets d'éco-consommation avec les jeunes ?

Les finalités sont diverses :

  • Sensibiliser les jeunes aux impacts de la consommation et des actes quotidiens.
  • Promouvoir les éco-gestes pour atteindre un changement de comportements.
  • Permettre aux élèves de devenir des acteurs de leur vie et de la société, rendre les élèves ouverts à la participation et à l'action citoyenne.
  • Améliorer la qualité de vie au sens large. L'éco-consommation peut contribuer, par exemple, à la création d'un environnement plus sain et agréable ou à la mise en place d'une meilleure alimentation. Elle peut prévenir les problèmes de santé et améliorer la santé des élèves.
  • Réaliser des économies sur les factures (énergie, fournitures papier, gestion des déchets, etc.)

Qui sont les acteurs de l'éco-consommation à l'école et quel est leur rôle ?

Les enseignants sont souvent les initiateurs des projets. Ils sont en première ligne pour motiver les élèves et les emmener avec eux dans l'éco-consommation. Dès le départ, ils doivent être un minimum sensibilisés aux enjeux environnementaux. Leur motivation est essentielle pour faire démarrer le projet. Idéalement, pour motiver les élèves, ils font partager leur passion et agissent en accord avec les idées et valeurs qu'ils prônent.

Les jeunes sont souvent sollicités pour devenir les acteurs, les participants ou les collaborateurs d'un projet ou d'une action. A partir de 15-16 ans, ils peuvent également devenir les initiateurs ou les pilotes. Cependant, le soutien d'un ou plusieurs professeurs reste toujours utile et nécessaire pour les encourager et au besoin recadrer leurs actions.

Les associations permettent un encadrement et un soutien au projet. Elles apportent une base théorique, une expertise et une aide concrète pour la mise en place des projets.

Les personnalités peuvent valoriser un projet et l'aider à se pérenniser. Par exemple, à l'occasion d'une inauguration, elles permettent de mettre en lumière une initiative.

Les parents peuvent être des partenaires dans le cadre de l'association des parents. Par ailleurs, ils sont l'objet d'une sensibilisation indirecte par l'intermédiaire de leurs enfants.

Quels sont les domaines d'éco-consommation que l'on peut traiter à l'école ?

L'alimentation et les boissons sont une porte d'entrée car ils sont omniprésents dans la vie de tous les jours. Des questions de départ telles que « Que mange-t-on ? » ou « Quels sont les impacts de notre alimentation sur l'environnement et la société ? » permettent d'aboutir sur des thèmes plus complexes ; comme les pollutions, l'exploitation des ressources, les changements climatiques, les droits sociaux des travailleurs, les relations nord-sud, le cycle des saisons, etc. Les pistes de réponses à apporter sont entre-autre l'agriculture biologique, le commerce équitable, la production locale, les fruits et légumes de saison et l'eau du robinet comme boisson.

Une réflexion sur le matériel utilisé à l'école peut être également menée : fournitures scolaires, papier, produits d'entretien, etc.

En fait, tout ce qui à trait à la préservation des ressources naturelles relève de l'éco-consommation : utilisation rationnelle du papier, de l'eau, de l'énergie mais aussi prévention des déchets. L'empreinte écologique est un thème transversal très riche en apprentissages et en concepts, il permet aussi une prise de conscience de l'impacts de nos modes de vie.

Comment intégrer l'éco-consommation à l'école ?

Une piste essentielle est l'amélioration de l'offre au sein de l'école. Par exemple, ouvrir une boutique qui vend des produits « écologiques » (fournitures et collations alternatives), proposer à la cantine des repas responsables, un buffet durable ou mettre sur pied un groupe qui offre des collations plus justes. Chaque école peut développer le projet qui correspond au mieux à ses besoins et à ses moyens. Divers exemples sont présentés dans la seconde section de cette fiche.

Quels choix poser en fonction du thème traité ?

Pour l'alimentation, il est préférable de choisir les aliments biologiques et locaux. Pour le chocolat, le thé, le café, les bananes et autres produits du sud, choisir le commerce équitable assure un revenu décent aux producteurs. Par ailleurs, diminuer la consommation de viande et de charcuterie peut être également envisagé dans les cantines pour contribuer à un avenir plus durable.

Pour les boissons, l'eau du robinet est considérée comme la meilleure alternative (zéro déchet, zéro transport) . Dès lors, l'école peut rendre l'eau du robinet plus accessible et attirante : installer des robinets-fontaines ou des fontaines à eau, proposer aux élèves des verres et des carafes à eau, etc.

Pour les fournitures scolaires, on peut favoriser le papier et le carton recyclés, les objets en bois non traités et issus de labels de gestion durable mais aussi le matériel réutilisable et solide.

La prévention des déchets, elle, peut prendre vie par la promotion de la boîte à tartine ou de la gourde, la création d'un compost à l'école, etc.

Ensuite, au niveau de la gestion de l'école proprement dite, le personnel d'entretien peut utiliser des produits de nettoyage plus doux pour l'environnement et les enseignants peuvent gérer de manière plus rationnelle le papier et les photocopies (papier recyclé, économie d'encre, impression recto-verso, etc.).

Quels est le rôle des jeunes dans les projets d'éco-consommation?

Dans tous les projets, il est souhaitable que les jeunes jouent un rôle actif .

Deux cas de figures

  • Les élèves participent à la mise en place ou à la gestion du projet. Ils réfléchissent par exemple aux actions à mettre en place pour avoir moins d'impacts sur l'environnement et choisissent un projet et les moyens de le mettre en place : boutique, utilisation rationnelle du papier, sensibilisation des autres, etc.
  • Les jeunes sont les bons utilisateurs des actions mises en place par l'école.

Dans tous les cas, la sensibilisation des jeunes est nécessaire et préalable à l'action pour qu'ils comprennent l'utilité des choix d'éco-consommation et des changements de comportements.

Quelles sont les conditions d'émergence d'un projet d'éco-consommation?

A l'heure actuelle, l'importance donnée à l'environnement et à la santé dans les médias installe un climat favorable au développement de projets « environnementaux ».
Voici les facteurs identifiés comme favorables à la création de projets à l'école :

  1. La motivation d'un enseignant ou idéalement d'un groupe d'enseignants.
  2. La connaissance des possibilités d'aide et de soutien interne (collègues) et externe (associations, personnes ressources, infrastructures, etc.)
  3. L'arrivée d'une proposition extérieure. Celle-ci peut motiver les enseignants et les élèves sur une thématique particulière et créer une dynamique de groupe. Par exemple, des appels à projet ou des concours de la Région Wallonne, de la Communauté Française ou encore d'associations. Ces projets sont stimulants et apportent une crédibilité aux enseignants et à leurs idées. De plus, ils offrent souvent un soutien financier et un suivi.
  4. Une aide extérieure ou un réseau de partenaires. Ils permettent de guider et de soutenir les initiateurs (adultes ou non).
  5. Le soutien de la direction et de l'équipe éducative stimule la motivation.
  6. L'implication du conseil de participation ou du conseil des élèves. Ces lieux d'expression permettent l'émergence et la pérennisation des projets. Il est important de maintenir ces espaces de parole pour que les jeunes aient leur mot à dire.

Quels sont les conditions de pérennisation ?

  1. Il faut dégager du temps aux enseignants ou aux coordinateurs. Les moyens humains et financiers doivent évoluer parallèlement au projet. Le bénévolat n'est pas suffisant à long terme.
  2. L'évaluation, l'adaptation et la réorientation des projets sont nécessaires pour le développer dans le temps.
  3. Avoir un réseau de partenaires (interne et externe : scolaires, associatifs et/ou administratifs). Cependant, l'appui de l'extérieur ne doit pas devenir une contrainte trop forte.
  4. Mettre en adéquation l'offre de l'école à la demande des jeunes tout en respectant les critères d'éco-consommation.
  5. Les jeunes trouvent leur place et leur rôle. Ils sont valorisés et impliqués dans le développement du projet et se l'approprient. Idéalement, ils deviennent porteurs de messages d'éco-consommation.

Quelles caractéristiques doit avoir un projet pour motiver les jeunes?

Le projet proposé doit être très concret : gérer une boutique, préparer un repas, une exposition, faire enquête, etc. Bref, une action claire et définie dans le temps.

  • Le projet doit être flexible ! Les jeunes peuvent choisir différents paramètres : les thèmes de travail, la manière de les traiter, le type d'actions à mener, l'organisation ou encore leur implication.
  • L'école, les éducateurs et les associations apportent une structure dans laquelle les jeunes peuvent s'intégrer. Par exemple, des animations ou des cours thématiques, des fiches pratiques pour mettre en place un projet, des dossiers pédagogiques, du matériel pour monter une exposition, etc.
  • Dans le cas de produits ou de gestes durables, il faut laisser le choix aux jeunes, ne pas leur forcer la main. Les comportements positifs doivent être valorisés, soutenus et mis en valeur mais la liberté de choix doit être maintenue.

Quels sont les obstacles à la mise en place de tels projets ?

  • Les programmes de cours et les horaires sont assez rigides. Les activités, en dehors du travail strict des cours, peuvent prendre beaucoup de temps et d'énergie aux élèves et aux enseignants. Certains se découragent parfois. L'organisation et la gestion du temps sont donc primordiales.
  • Les projets de consommation alternative peuvent créer une forme de concurrence au sein de l'école qui peut engendrer des réticences de la part des gestionnaires ou des professeurs. Les projets d'éco-consommation doivent donc être soutenus par l'école pour s'intégrer au mieux aux activités pré-existantes.
  • Le manque de moyens humains et matériels.
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Dernière mise à jour
31 mars 2007
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