Nos modes de production et de consommation ne sont pas durables, ce n'est pas neuf. Les solutions mises en place jusqu'à présent sont insuffisantes face aux crises (économique, environnementale, climatique …). Faut-il rappeler que 20% de la population mondiale accapare plus de 80% des ressources et que 800 millions d'humains vivent en état de sous-alimentation ?
Depuis 1987 et le rapport Brundtland, le Développement Durable vise à répondre aux problèmes environnementaux, sociaux et économiques. Dans les fondements du Développement Durable, on tablait sur la croissance pour améliorer la situation de la population mondiale, en orientant les politiques vers la durabilité. Non le développement durable n'est pas « has been » mais il a tellement été réinterprété à toutes les sauces, y compris par des multinationales pas du tout disposées à des changements en profondeur que l'on ne sait plus trop s'il faut s'y fier.
Une autre critique du développement durable est qu'il provoque l'effet rebond : quand c'est "plus écologique" (ou plus économique à l'unité), on a tendance à consommer plus en pensant que cela n'a pas beaucoup d'impact sur la planète (ou sur les finances). Un exemple ? les voitures actuelles consomment moins par kg et par km qu'il y a 20 ans mais elles sont également plus nombreuses, plus lourdes et parcourent plus de km !
Restons au niveau de la voiture pour illustrer que la technologie ne peut apporter qu'une partie de la solution : même si demain nous remplacions notre parc de cinq millions de voitures par des véhicules électriques (avec de l'électricité produite à l'aide de sources renouvelables bien-sûr), cela ne résoudrait en rien les problèmes congestion, de parking, d'occupation de l'espace ou de sécurité routière.
La décroissance est plus radicale en appelant à un changement de paradigme et en remettant en cause le productivisme, que ce soit dans un système capitaliste ou non.
Mais, au niveau macro-économique, la décroissance se heurte à la difficulté de modéliser un avenir sans croissance économique. Le 27 septembre dernier, Etopia a organisé une conférence intitulée « Prospérité sans croissance » et donnée par l'économiste Peter Victor, qui a fait l'exercice pour le Canada. Les résultats montrent les impacts sur les émissions de gaz à effet de serre, le chômage, la dette, le PIB et la pauvreté, d'ici 2035.
En Belgique un tel modèle n'a pas encore été testé, le Bureau du Plan indique simplement que leurs modèles ne tournent pas avec une croissance nulle.
Les solutions prônées par la décroissance au niveau individuel se rapprochent fortement de l'éco-consommation, avec des gestes plus ou moins simples que nous vous rappelons régulièrement, que ce soient les économies d'énergie, les modes déplacements doux, une alimentation locale et de saison ou encore le compostage des déchets organiques.
Nous pourrions résumer, en simplifiant un peu, que la décroissance prône de consommer moins et le développement durable de consommer mieux.
Un tableau sur www.decroissance.info illustre de manière simplifiée les différences entre décroissance et développement durable. Un autre point de vue est illustré sur le site www.developpementdurable.be
Au bout du compte, il importe de nous rappeler que la consommation n'est pas une fin en soi, qu'accumuler des objets ne rend pas plus heureux tandis que multiplier les liens, les rencontres, diminuer son temps de travail peuvent contribuer à un épanouissement personnel et collectif… tout en gardant une empreinte écologique raisonnable.
Et tous les « petits gestes » que nous posons au quotidien ou des choix plus déterminants dans nos modes de vie (comme celui de vivre sans voiture) sont autant de pas dans le bon sens.
Quelques pistes pour approfondir la question :