La quantité de déchets générée par nos sociétés "modernes" ne cesse d'augmenter. En effet, l'évolution des modes de vie, l'évolution des structures familiales et commerciales, l'individualisme de la consommation et le matraquage publicitaire font que le renouvellement des biens de consommation est de plus en plus fréquent. De même, l'offre de produits s'est accrue et les emballages se sont complexifiés et multipliés... pas étonnant donc que 50% du volume et 25% du poids de notre poubelle est constitué d'emballages !

Quelle importance me direz-vous, nous trions la plupart de ces emballages en vue de leur recyclage via les sacs bleus (et les jaunes en région bruxelloise) ou les parcs à conteneurs. Ce n'est pourtant pas la panacée. Outre le fait que tous les emballages ne sont pas recyclés (c'est à dire qu'ils se retrouvent enterrés dans des centres d'enfouissement techniques ou incinérés), le recyclage en lui-même nécessite collectes et traitements qui ne sont pas sans incidences sur l'environnement (pollution des sols, de l'air, de l'eau, gaspillage d'énergie, production de gaz à effet de serre, incidence sur la santé, coût pour la collectivité...).

La seule solution durable reste la prévention des déchets. On ne le répétera jamais assez, mais le meilleur déchet est celui qui n'existe pas ! La prévention des déchets est un domaine très vaste. Nous avons d'ailleurs réalisé une [série de sept fiches différentes sur ce thème->40].

Nous nous focaliserons ce mois-ci sur l'achat et l'utilisation de produits concentrés et/ou en recharge, qui est un exemple de prévention. En principe, les recharges permettent d'économiser un emballage complexe et les concentrés permettent d'économiser un emballage volumineux, puisque l'on doit utiliser moins de produit. D'autre part les concentrés permettent de limiter la pollution des eaux, de réduire la pollution due au transport et ils sont faciles à manipuler.

Mais qu'en est-il concrètement de tous ces avantages ? Les économies d'emballage sont-elles significatives ? S'accompagnent-elles d'économies financières ? Si tous les Wallons adoptaient des produits concentrés et/ou en recharge, quelle serait la quantité d'emballage économisée?

Des chiffres !

Prenons trois catégories de produits issues des enquêtes réalisées par le Crioc sur le sujet.

Si l'on part sur l'hypothèse qu'un ménage de quatre personnes fait 228 lessives par an (un ménage de 2,4 personnes fait donc 136,8 lessives/an) et en répartissant la consommation en fonction du marché (c'est à dire 50% de poudres non concentrées, 45% de liquides, le reste étant constitué des tablettes et capsules), on constate que les Wallons produisent 377 tonnes de déchets d'emballages par an rien que pour le lessives.

Ces quantités sont estimées à partir d'une analyse détaillée du poids des différents constituants des emballages.

377 tonnes, c'est une chose, mais ce qui est vraiment intéressant, c'est que si tous les Wallons optaient pour des produits concentrés, on ne produirait plus que 50 tonnes de déchets d'emballage/an, soit plus de 85% de réduction !

Le scénario est grosso-modo le même pour les assouplissants, mais il faut tenir compte du fait que les assoupissants sont moins utilisés que les lessives elles-mêmes (95% pour ces dernières dans la population, 63% pour les assoupissants). Actuellement la quantité de déchets produite est de 115 tonnes au lieu de 42 si tout le monde utilisait des produits concentrés.

Même les cotons-tiges sont concernés. L'hypothèse est la suivante : deux cotons-tiges/j/pers : 730 cotons-tiges/pers/an : 4,5 boîtes. Sur l'ensemble de la Wallonie, cela fait une production de déchets de 151 tonnes d'emballage si on achète les cotons-tiges en boîte. On tombe par contre à 14 tonnes si l'on préfère des cotons-tiges emballés dans un simple sachet. 90% de réduction !

L'air de rien, préférer des recharges ou des concentrés permettrait de gagner facilement des tonnes et tonnes de déchets par an. [Retrouvez toutes les catégories et tous les chiffres dans l'enquête complète.->51]

Qu'en pense le consommateur ?

Les chiffres sont là : utiliser des produits concentrés et des recharges nous permet d'éviter de remplir nos poubelles d'emballages “inutiles”. Malheureusement, les consommateurs ne semblent pas près à franchir le pas. Explications.

La deuxième enquête du Crioc réalisée sur les concentrés et recharges concerne directement ce que pense le consommateur de ces produits (dans ce cas-ci, on a exploré trois domaines différents : les lessives, les assouplissants et les savons liquides pour les mains).

En effet, les concentrés connaissent peu de succès dans ces trois domaines. Les lessives concentrées sont rejetées par les consommateurs car ils les considèrent comme trop agressives pour la peau et le linge. Notons cependant une difficulté d'identification des produits concentrés (la lessive liquide concentrée n'est pas identifiée comme concentrée par les personnes interrogées).

Certains consommateurs achètent même des assouplissants concentrés (en petits bidons) pour des raisons de place et non parce que ces produits sont concentrés. Ces deux raisons (mauvaise identification et achat pour gain de place) font que les dosages ne sont pas respectés : comme on ne fait pas attention au fait que le produit est concentré, on met la même quantité de produit que de produit non concentré, alors qu'il faut en mettre moins !

Les recharges sont également rejetées par les personnes interrogées. Elles les jugent trop compliquées à manipuler (perte de temps, risque de renverser, il faut avoir des ciseaux à portée de mains). Là aussi, les recharges ne sont pas achetées pour l'aspect “environnement”, mais bien pour d'autres raisons (parce qu'on n'a pas besoin de la pompe par exemple, on achète directement la recharge et non le flacon complet).

Réapprendre à lessiver, à nettoyer !

En conclusion, on trouve relativement peu de recharges dans le commerce. Mais lorsqu'elles existent, elles permettent toujours des économies d'emballage substantielles. Le gain financier associé à l'utilisation des recharges varie très fort d'une catégorie de produit à l'autre mais il est bel et bien là.

En ce qui concerne les produits concentrés, la situation est plus facile : ils sont plus nombreux que ceux avec recharges mais sont souvent difficilement identifiables, ce qui est sûrement à l'origine de problèmes de surdosage. Les produits concentrés permettent toujours des économies d'emballage et parfois des économies financières.

Il n'en reste pas moins que le plus gros problème des concentrés et recharges est leur mauvaise utilisation. On ne le répétera jamais assez : apprenons à doser les concentrés !

Sources

  • Attitudes et comportements de consommation vis-à-vis des recharges et concentrés (étude qualitative), par Christian Bontinckx et Muriel Piazza. Crioc, novembre 2004
  • Concentrés et recharges, étude produit par Muriel Piazza, Crioc, novembre 2004.

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Dernière mise à jour
31 mars 2005
Mots-clés
Rédigé par
Renaud De Bruyn

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