Dans la vie d'une chaussure, c'est la production (matières premières, fabrication...) qui pèse le plus sur son bilan environnemental et social.

    > Lire aussi : Quelles chaussures durables acheter : en cuir, tissu bio, vegan… ?

Une fois produite, autant utiliser sa paire de chaussures le plus longtemps possible. Mais comment les conserver le plus longtemps possible en bon état ? Entretien, nettoyage, réparation… Voici quelques trucs et astuces pour parcourir un maximum de kilomètres avec ses chaussures !

Sommaire :

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Merci à Sébastien Warny, cordonnier à Namur (HautTalon), qui a répondu à quelques-unes de nos questions et que l’on cite plusieurs fois dans cet article.
 

Alterner et aérer

Alterner

Il est très important d’éviter de porter plusieurs jours d’affilée la même paire de chaussures. Pourquoi ? Pour l’aération, le séchage et l’odeur ! Alterner ses chaussures permet de diminuer l’humidité qui s’y installe. Celle-ci peut provoquer à terme de très mauvaises odeurs !

Alors on en profite - dans la mesure du possible et sans tomber dans l’exagération - pour varier les plaisirs et mettre au repos une paire de chaussures le temps qu’elle s'aère et qu’elle sèche. On fait attention aussi aux chaussures avec une semelle en mousse comme les chaussures de sport par exemple. Celles-ci ont d’autant plus besoin de temps pour que la semelle se retrouve son état original avant une nouvelle mise sous pression[1].

Utiliser un embauchoir

Quand on range ses chaussures, on évite de les empiler, au risque de les salir et de créer des plis durables.

Un outil qui peut être intéressant à utiliser lors du rangement est l’embauchoir, que l'on glisse dans la chaussure pour l'aider à garder sa forme. Comme pour les vêtements, il est préférable d’étendre les matières (surtout les cuirs mais pas que !) pour les sécher, afin d’éviter les plis et les faire sécher sous leur forme initiale. Certaines matières d’embauchoirs permettent de faciliter l’absorption de l’humidité, et réduisent les mauvaises odeurs.

On en apprend plus sur les différentes sortes d’embauchoirs sur le site de Monsieur Chaussure ou Mister Minit.
 

Entretenir pour conserver  

Après avoir choisi ses chaussures, le meilleur moyen pour les faire tenir sur le long terme, c’est d’en prendre soin ! Pour cela, on n’hésite pas à bien nettoyer, entretenir en nourrissant les matières, protéger en imperméabilisant…

Illustration de l’effet d’un grand nettoyage de chaussure par Shoes on top

Tissus et cuirs végétaux

On protège ses chaussures en les imperméabilisant à l'avance. Il est toujours possible de les nettoyer même si celles-ci sont très sales, et de raviver les couleurs si besoin.

Cuir lisse (animal)

Les chaussures en cuir peuvent durer (très !) longtemps et être parfaitement imperméables par temps de pluie. Attention toutefois à les bichonner régulièrement. Pour éviter que le cuir ne craquèle trop vite et ne s’abîme définitivement, on n’hésite à pratiquer dans l’ordre :

  • le nettoyage avec un chiffon et un savon neutre non coloré
  • le cirage/graisse
  • la protection à l’aide notamment d’un imperméabilisant.

Bon à savoir : le traitement est le même pour tous les cuirs lisses qu’il s’agisse d’une veste ou d’un canapé ! Pas besoin donc d’acheter un produit pour chaque usage selon Mr. Warny, cordonnier à Namur.

Chaussures en daim, suède et nubuk (animal)

L’entretien pour ces matières est similaire à celui du cuir lisse mais les produits sont différents car l’aspect du daim ou du nubuk est différent. En effet, la matière première est similaire, c’est-à-dire de la peau animale. On aura donc besoin de nettoyer cette matière « vivante » et de la nourrir. On veille aussi à la délustrer et à utiliser des produits d’entretien qui n’encrassent pas les fibres.

Imperméabilisation

« Imperméabiliser c’est toute l’année » précise Sébastien Warny, même si grand nombre de personnes ne font cela qu’à l’approche de l’automne. Pour qu’une chaussure dure le plus longtemps possible, l’imperméabiliser régulièrement la protègera des averses tout au long de l’année et des accidents d’éclaboussure qui peuvent survenir à n’importe quel moment.

L’imperméabilisation ne se fait pas n’importe comment ! La première étape, très importante, consiste à bien dépoussiérer les chaussures avant d’appliquer l’imperméabilisant. Ensuite il est important de prendre le temps et d’en mettre en quantité suffisante afin que les matières soient correctement protégées.

Il existe deux types d’imperméabilisants. L’un est efficace pendant environ 15 jours et doit être appliqué régulièrement, l’autre assure une efficacité sur plusieurs mois. On a donc le choix, en fonction de son profil, d’opter pour la solution la plus adéquate.

Cirage pour les cuirs

Contrairement aux matières synthétiques ou « végétales », il est important d’hydrater et nourrir les cuirs. Et pour cela, la qualité du cirage est importante. Selon Sébastien Warny, un bon cirage est un cirage qui a un rendu mat lorsqu’on l’applique sur la chaussure. Si le cirage a un rendu brillant, il vaut mieux l’éviter car cela suppose une composition peu recommandable. Il vaut mieux par ailleurs éviter les silicones dans les cirages car cela n’aide pas à la durabilité des chaussures dans le temps. On favorise les cirages à base de cires naturelles comme la cire d’abeille, de carnauba…

Les cirages de cuirs en daim ou nubuk prennent plus souvent la forme de spray que de crème et sont disponibles en commerce. Certaines personnes se lancent également dans l’aventure du fait maison. Il est important de bien se renseigner pour fabriquer son propre cirage. Voici quelques sites qui partagent des recettes à ce propos : WikiHow, Point Cellier

Un pas plus loin

On en apprend plus sur toutes les techniques d’entretien par exemple sur le site de Chaussures Durables. Ce site est entièrement dédié à la durabilité de la chaussure, il répertorie les techniques pour protéger et entretenir chaque matière, et propose des articles et tutos pour les nettoyer.

On retrouve aussi souvent des conseils adaptés aux chaussures sur les sites des marques qui les vendent, comme par exemple le type de brosse ou de savon à utiliser, s'il faut nettoyer avec un chiffon ou éviter...

En prenant quelques renseignements, on peut réaliser soi-même l’entretien de ses chaussures à l’aide des bons produits. Et si on préfère déléguer cette tâche à des professionnels, on peut s’adresser par exemple à un service comme Shoes on top
qui est le premier service dédié au nettoyage de chaussures à Bruxelles.
 

Réparer ses chaussures

Semelle cassée, couture déchirée, élastique détendu, tache indélébile… En plus de l’usure qui se fait ressentir, les chaussures peuvent être sujettes à toutes sortes d’aventures quotidiennes !

Réparer ses chaussures est donc la solution pour les porter le plus longtemps possible ! Et quand on sait qu’à ce jour en Belgique il n’existe pas de réelle solution pour leur fin de vie, on en prend encore plus soin.

Pour ce faire, on fait appel aux services des cordonneries, qui sont des alliées pour diagnostiquer les possibilités de réparation et prolonger la durée de vie de nos chaussures. Voici quelques exemples de réparation :

  • Ressemelage (remplacement de la semelle).
  • Pose de patin sur une semelle.
  • Changement de glissoir (pièce au niveau de l’arrière de la chaussure).
  • Teinture pour un nouvel éclat ou pour camoufler une tache indélébile ou une couleur qui ne nous plait plus.
  • Réparation d’une couture ou d'une tirette cassée.
  • Changement de l’élastique d'une botte.
  • Réparation d’un talon usé.
  • … et d'autres encore.

On essaye d’éviter le plus longtemps possible la poubelle à nos chaussures !

Certaines matières sont plus faciles à réparer que d’autres. On peut donc se renseigner dès l’achat pour opter pour du réparable. Bonne nouvelle ! Selon Sébastien Warny, cordonnier à Namur « Presque toutes les chaussures sont réparables ».

     > Lire : Quelles chaussures durables acheter : en cuir, tissu bio, vegan… ?

Image de gauche : exemple de ressemelage source Mister Minit,
Image du milieu : teinture noire Source cordonnerie Haut Talon Namur,
Image de droite : entretien de cuir avant-après Source Galoche & Patin Bruxelles

 

La fin de vie des chaussures

Actuellement, il n’existe pas de filière de tri pour les chaussures en fin de vie en Belgique. Pour décider, on se base sur l’état de la chaussure dont on se sépare !

Si on ne porte plus les chaussures qu'elles sont encore en excellent état, on peut en faire don. Il existe des organismes et des associations qui leur offriront une seconde vie auprès de personnes en situation précaire. En Belgique en 2024, 1,8 % de la population n’a pas les moyens de posséder 2 paires de chaussures[2]. Oxfam, Croix Rouge, Les Petits Riens, Terre, Fedasil … sont des organismes qui réalisent des collectes et sauront faire bon usage des dons.

Si la chaussure est usée, abîmée et malheureusement bonne à jeter, deux solutions sont envisageables :

  • la bulle de recyclage. Il ne s’agit pas des bulles à vêtements mais bien de bulles spécifiques pour la récupération de chaussures. On en trouve pour le moment dans des magasins comme Décathlon ou AS Adventure. Croisons les doigts pour cette filière se développe davantage comme chez nos voisins français, qui les recyclent en nouvelles semelles, panneaux acoustiques, granulats…
     
  • la poubelle. Si la chaussure est irréparable, et bien que les matières seront définitivement perdues, c’est en dernier recours dans la poubelle que la chaussure terminera sa vie.

 

Cartographie du devenir des chaussures usagées. Source : Refashion.
 

Plus d'infos

  • Quelles chaussures durables acheter : en cuir, tissu bio, vegan… ?
     
  • Quels labels pour mes chaussures ?
     
  • Pour en savoir, on n’hésite pas à visiter la cordonnerie la plus proche de chez soi pour aborder cette question avec un·e spécialiste. Les cordonneries emploient des personnes professionnelles qui ont la connaissance des techniques et produits qui peuvent sauver la vie d’une chaussure !
  • Chaussures Durables est un site dédié à l’entretien et aux petites réparations pour l’ensemble des matières.
     
  • Pour les conseils d’entretien, le nettoyage, les petites réparations… on profite des ressources partagées sur le blog de Mister Minit et de Galoche et Patin.
     
  • Et si on souhaite se professionnaliser, on peut s’informer auprès de l’IFAPME qui propose une formation dans l’artisanat. Il n’existe malheureusement plus de formation longue dédiée à la cordonnerie en Wallonie ou à Bruxelles mais il est tout de même possible de se suivre une formation dans l’artisanat avec une option en cordonnerie. Il existe par contre des formations dans nos pays voisins, dont en France
Dernière mise à jour
11 décembre 2024
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Rédigé par
Elsa Derenne

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