Isolation en cellulose, liège, paille, chaux-chanvre, laine de mouton et même à base d’herbe ! Voici 6 isolants écologiques, avec leurs avantages et leurs limites.
Les isolants écologiques sont de plus en plus nombreux. L’isolation en cellulose est la plus utilisée mais d’autres matériaux naturels et locaux offrent des alternatives intéressantes. Ils présentent tous l’intérêt d’être plus écologiques et sains que les isolants issus de la pétrochimie, mais ils ont aussi d’excellentes performances, permettent un bon déphasage thermique, une régulation de l’humidité, une amélioration de l’acoustique du bâtiment…
On fait son choix en fonction de son projet de construction ou de rénovation et des caractéristiques de chaque isolant.
> Lire : Mon chantier d’isolation écologique, de la cave au grenier
Pour mieux les connaître, voici un résumé des avantages et limites des isolants écologiques puis un tour d’horizon de six isolants naturels faciles à trouver en Belgique.
Sommaire :
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La plupart des matériaux d’isolation naturels partagent certaines caractéristiques. Voici un résumé de leurs avantages et limites.
> Lire : Mon chantier d’isolation écologique, de la cave au grenier
Voici un tableau pour comparer les principales caractéristiques et propriétés de six isolants naturels, avant de détailler chaque isolant.
Les données proviennent de La mallette à isolation réalisée par le Cluster écoconstruction. On jette un œil à cet outil pédagogique pour tout savoir sur un isolant en particulier.
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Origine de la matière première |
Bilan CO2 (par UF[2], 1 UF étant 1m² à R=5) |
Épaisseur pour une résistance thermique R de 5 (m².K/W). + Entre parenthèse : valeur de conductivité thermique prise en compte pour le calcul (W/m.K). |
Déphasage thermique. + Entre parenthèse = épaisseur d'isolant prise en compte pour le calcul (cm). |
Ouate de cellulose insufflée |
Europe |
-10,01 kg CO2 eq (puits carbone) |
19 cm (0,038) |
6 h 43 min (19) |
Fibre d’herbes en panneaux flexibles |
Locale |
-10,27 kg CO2 eq (puits carbone) |
20,5 cm (0,041) |
9 h (24) |
Liège en vrac |
Europe |
-42,25 kg CO2 eq (puits carbone) |
22 cm (0,043) |
10 h 27 min (22) |
Laine de mouton en panneaux flexibles |
Locale |
0,16 kg CO2 eq (quasi neutre carbone) |
18 cm (0,035) |
5 h 08 min (18) |
Blocs de chaux-chanvre |
Locale |
2,7 kg CO2 eq |
35 cm (0,07) |
22 h 43 min (35) |
Paille en ballots |
Locale |
-87,5 kg CO2 eq (puits carbone) |
35 cm (0,07) |
14 h 44 min (35) |
La fibre de bois en panneaux rigides (haute densité) |
Europe |
-18,56 kg CO2 eq (puits carbone) |
22 cm (0,045) |
15 h 48 min (22) |
Le liège expansé en panneaux rigides |
Europe |
-27,06 kg CO2 eq (puits carbone) |
20 cm (0,04) |
10 h 22 min (20) |
L’ouate de cellulose en vrac est fabriquée à base de fibres de cellulose issues du recyclage de papiers (chutes de papier journal, journaux invendus). Elle valorise donc un déchet et a une empreinte carbone réduite.
Il s’agit d’un matériau isolant très utilisé pour remplir les caissons d’une construction en ossature bois. La cellulose est soit insufflée (mise dans le caisson sous pression), soit soufflée (pose libre à l’aide d’une machine ou à la main).
Des additifs anti-feu et anti-insectes sont ajoutés pendant le processus industriel : il s’agit de sulfate de magnésium et d’acide borique. On se protège lors de la pause mais ça n’entraine pas de risque pour la santé une fois que la cellulose st enfermée dans le caisson.
Du chanvre aux jeans recyclés, en passant par le lin, la laine de bois, le coton ou la laine de mouton, on fabrique des panneaux isolants flexibles à partir de nombreux matériaux écologiques, qu’ils soient naturels ou issus du recyclage.
La fibre d’herbes est l’une des dernières arrivées sur le marché. Elle est constituée de cellulose d’herbe déshydratée issue de la fauche d’herbes impropres à la consommation animale (bords de route), de fibres de jute recyclée (liant) et de fibres synthétiques (liant). Le procédé industriel mis en place permet une valorisation complète des herbes utilisées car la partie « digeste » de l’herbe (qui ne convient pas pour fabriquer l’isolant) est utilisée pour produire de l’énergie (biométhanisation).
Les panneaux flexibles (ou rouleaux) de :
Issu de l’écorce du chêne-liège, le liège en vrac est particulièrement utile pour l’isolation de combles perdus (grenier non aménagé) ou de planchers entre les étages, particulièrement dans des lieux ou pièces qui présentent un risque en termes d’humidité. Le liège repousse l’humidité naturellement et est dès lors imputrescible (il ne moisit pas). Il est donc un isolant idéal pour être déversé entre les gîtes (poutres) du plancher d’un grenier dont la toiture pourrait présenter des risques d’infiltration. En isolation murale, on pourra l’utiliser pour remplir l’espace entre une cloison neuve et un ancien mur irrégulier, dans une salle de bain…
On trouve du liège expansé en vrac (issu des chutes de panneaux de liège expansé broyées) ou, mieux, du liège en vrac issu du recyclage des bouchons de vin. En général, le liège en vrac issu du recyclage des bouchons est de couleur claire et distribué par des entreprises d’économie sociale tandis que le liège issu de chutes de panneaux est foncé (liège thermoexpansé) et est distribué par les fabricants de liège thermoexpansé.
Attention, ces alternatives nécessitent beaucoup d’énergie pour être fabriqués.
La laine de mouton est traitée de manière à en faire des panneaux isolants aisés à mettre en œuvre. Ils sont composés à 85 % de laine de mouton. Les 15% restants consistent en un liant synthétique[3], nécessaire pour la bonne tenue du panneau.
Les panneaux flexibles (ou rouleaux) de :
Pour en savoir plus sur l’isolation en ballots de paille :
Les blocs de chaux-chanvre sont comme de grosses briques grises à l’allure râpeuse. Pour les fabriquer, on coule un mélange de chaux (aérienne + hydraulique) et de fibres de chanvre (chenevotte) dans des moules. Une fois que le mélange a pris, les blocs sont démoulés et entreposés à l’extérieur afin qu’ils terminent de durcir à l’air[5].
Ces blocs ne sont pas porteurs donc on les utilise en construction dans un système de poteaux-poutres (même s’il existe aussi d’autres solutions techniques). À l’intérieur, ils sont souvent utilisés pour doubler un mur existant.
Pour monter les murs, on utilise un mortier colle à base de chaux aérienne (22%), de plâtre naturel (20%) et de sable (58%).
Le chaux-chanvre banché. Il s’agit d’une technique de construction qui consiste à couler un mortier de chaux et de fibres de chanvre (la chènevotte) dans des coffrages, appelés aussi banches.
Pour en savoir plus sur l’isolation en blocs de chaux-chanvre, voir la page dédiée au chanvre sur le site du Cluster Eco-construction.
Les ballots de paille sont insérés entre les éléments de structure, ils peuvent donc être remplacés par un isolant en vrac, par des panneaux flexibles ou par des blocs de chaux-chanvre.
Pour limiter la main d’œuvre, des sociétés proposent des éléments préfabriqués qui incluent l’ossature bois, le remplissage en paille et les enduits. Même les éléments techniques tels que les circuits électriques sont déjà installés. Cette solution nécessite de gros engins de levage mais permet des constructions rapides et de grande ampleur.
Les panneaux rigides de fibres de bois ou de liège expansé sont des panneaux dont la rigidité ne permet pas de les placer entre les éléments de structure. Il est en effet impossible d’assurer une continuité parfaite de l’isolant parce qu’il y a toujours de petites irrégularités liées à la découpe de l’isolant ou des variations des éléments de structure. Les isolants rigides seront donc placés sur la structure : soit vissés sur une structure type ossature bois, soit collés et vissés sur un mur existant qui aura été au préalable ragréé (aplani).
Ces panneaux sont la plupart du temps utilisés en isolation extérieure : en isolation de toiture (technique dite du « sarking »)[7], en isolation des murs ainsi qu’au sol. Ils peuvent compléter l’isolation placée entre les éléments de structure et ainsi éliminer tout risque de ponts thermiques lié à la structure de la construction.
Certains panneaux sont traités contre l’humidité et peuvent subir des intempéries le temps du chantier (durée limitée, voir garanties du fabricant). D’autres sont prévus pour recevoir un enduit de protection : enduit de chaux, crépis…
Souvent ces panneaux sont collés et fixés mécaniquement (vissés).
[1] La résistance thermique d’une paroi est le fameux « R ». Plus d’infos dans le glossaire.
[2] UF = Unité Fonctionnelle. Dans l’analyse de cycle de vie d’un matériau, l’unité fonctionnelle est une unité qui fait référence à un service rendu : dans le cas présent, l’isolation. Ici, 1 UF = 1 m² à R = 5
[3] Le liant est en général du polyester, qui n’entraine pas de problème pour la santé mais rend l’isolant non compostable et génère des microplastiques.
[4] On utilise pour cela des insecticides de synthèse. Le « Konservan » est exempt de toxicité connue. Le « Mitin FF » est assez critiqué et n’est plus utilisé en Europe depuis peu. Les recherches sur d’autres traitements antimites se poursuivent. Source : « L’isolation thermique écologique », éd. Terre Vivante, 2023.
[5] Durcissement par une réaction de carbonatation entre la chaux et le CO2 de l’air.
[6] Référent∙e technique : voir le glossaire.
[7] Une isolation par l’extérieur en toiture consiste à retirer la couverture (ardoises, tuiles), à placer l’isolant sur les poutres existantes, puis à replacer un nouveau lattage qui va accueillir les ardoise et tuiles (neuves ou de récup).
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