Rendez-vous compte : il fût un temps où, pour séduire, il fallait faire de la poésie ou jouer de la guitare, parfois au risque de prendre froid à attendre sa belle ou son beau au pied d’un balcon trop haut.

Ou envoyer des mots doux amoureusement écrits à la main et risquer que le messager se barre avec l’être aimé, ou que le courrier se perde.

Et je ne vous parle pas de la préhistoire où déclarer sa flamme n’a été possible qu’après la domestication du feu (évidemment).

Heureusement la société moderne s’est affranchie de tous ces obstacles et a inventé le SMS, SnapWhat et quantité de machins électroniques permettant d’envoyer des mots doux mal orthographiés et encerclés de smileys avec des cœurs partout. Mais le romantisme s'est égaré en chemin. Jusqu'à...l'invention de la boîte à love, « lovebox » de son vrai nom.

Vous imaginez tout de suite une boîte coquine, rassemblant un gel extra plaisir, un paquet de préservatifs en noix de coco recyclée et l’intégrale de tous les films en 50 nuances plus ou moins sombres (version longue) ?

Ne vous emballez pas !

Il s'agit en fait d'une boîte en vrai bois venant du vrai Jura contenant en son cœur tendre un écran – encore, on en manquait ! – affichant les mots doux que votre amoureux.se vous a envoyés.

Et comment envoie-t-on des messages ? Avec une appli dédiée, préalablement installée sur le smartphone du correspondant. Les messages – qui ne sont pas des SMS – sont limités à 160 caractères. Aux plus grincheux qui diront que Cyrano aurait bien eu du mal à séduire Roxane avec 160 caractères, je répondrai qu’on arrive bien à gouverner la plus grande puissance du monde avec 140 caractères, alors hein, envoyer des petits cœurs ne devrait pas être insurmontable.

La lovebox a également un atout que ni Cyrano ni Donald n’avaient : un petit cœur qui tourne. Eh oui, plutôt que de munir l’engin d’une diode rose qui clignoterait bêtement pour dire que vous avez un message, la boîboîte fait tourner son petit cœur jusqu’à ce que l’être aimé, ou toute autre personne qui en aurait marre de voir se truc tourner, soulève le couvercle pour découvrir la secrète missive.

Aux ceusses qui aimeraient garder la précieuse au plus près d'eux sur leur table de nuit – c’est même une « suggestion de présentation » du fabricant -, n’oubliez pas que l’appareil fonctionne en wifi. Vous n’éteignez pas le wifi la nuit ? C’est dommage, car d’une part les petits elfes de la nuit ont leur propre réseau, mais d’autre part, cela ne fait que participer au smog électronique qui nous entoure. Avouez qu’il serait dommage que votre che(è)r(e) et tendre vous fasse le coup de la migraine à cause d’une love box sans fil. La pollution par les ondes électromagnétiques, on n’y pense jamais assez.

Bon d’accord, la love box, c’est super mignon. C’est du vrai bois, fabriqué en vraie France et le cœur qui tourne m’émouvrait presque.

C’est oublier un peu vite qu’avec ce genre d’objets, on continue à vouloir s’entourer d’objets pour tout et n’importe quoi. Si c’est certes moins bizarre que la machine à faire des bisous à distance, pourquoi utiliser des ressources naturelles, de l’électricité, un réseau et plein de wifi pour faire coucou à son être aimé ?

Épatez-le/la en préparant une belle table, en allant chercher les couques, en faisant un gâteau en forme de cœur ou en envoyant une carte de vœux qui pousse, mais pas en ajoutant une énième machine qui ne fera qu’un truc et qui finira sa vie dans un coin, pleine de poussière. C’est normal que les coachs en rangement / désencombrement ont le vent en poupe.

Allez, bizoukes !

 

Dernière mise à jour
14 février 2017
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