Glyphosate, stop ou encore ? L'Europe décide ... de postposer sa décision.

Glyphosate_danger
Glyphosate_danger

Ce 8 mars, le comité d’experts des Etats membres de l'UE a différé son vote sur l’autorisation pour quinze années de plus du glyphosate en Europe. Prochaine échéance, sans doute en avril ou mai prochain. 

Pour mémoire, de nombreux scientifiques, l'OMS et des ONG des secteurs santé et environnement s'insurgent contre la prolongation de son utilisation. En effet, le glyphosate est suspecté d'être un cancérogène. La Commission européenne était pourtant prête à autoriser à nouveau le pesticide. Une bataille d'experts et d'agences gouvernementales est engagée depuis longtemps à propos de substances à risque et, en particulier, du glyphosate. Ainsi, l'EFSA, Agence européenne pour la sécurité alimentaire, et l'IARC, Agence internationale de recherche contre le cancer, ont des avis divergents en matière d'évaluation du risque carcinogène lié au glyphosate. Se fiant aux déclarations de Monsanto et sans doute travaillé au corps par un lobbying efficace, le BfR (Institut fédéral allemand pour l'évaluation du risque, rapporteur de la Commission européenne) rejette comme non probants les résultats de plusieurs études scientifiques attestant du développement de cancers chez des souris exposées à la molécule. En conséquence, l'EFSA considère que les preuves de lien entre glyphosate et cancer ne sont pas suffisantes pour justifer une suppression de la substance. Jugez-en par vous-même : Differences in the carcinogenic evaluation of glyphosate between the International Agency for Research on Cancer (IARC) and the European Food Safety Authority (EFSA)

En date du 2 mars, 6 ONG environnementales issues de 5 pays européens (Global 2000, PAN Europe, PAN UK, Generations Futures, Nature et Progrès Belgique et Wemove.EU) avaient déposé plainte contre les responsables de l'évaluation du glyphosate en Europe, accusés de dénier ses effets cancérogènes en vue de renouveler son autorisation de commercialisation. Sur le banc des accusés : l'EFSA, le BfR et Monsanto. Depuis 2009, la législation européenne interdit en effet dans les pesticides toute substance susceptible de causer le cancer. D'après l'avocat qui a déposé la plainte au nom des ONG, ce ne serait pas la première fois que Monsanto transgresse la loi et fournit de fausses informations sur le glyphosate. En outre, la plainte révèle des violations des réglements statutaires et des standards scientifiques utilisés pour nier les aspects cancérigènes du glyphosate. Des investigations complémentaires ont été exigées. 

Dernièrement la France, l’Italie, les Pays-Bas et la Suède avaient annoncé leur intention de voter « non » au renouvellement. On notera le mécontentement des Eurodéputés et la forte mobilisation citoyenne. Ainsi, la pétition lancée fin février par Foodwatch, la Ligue contre le Cancer et Générations Futures a recueilli plus de 130.000 signatures.

En Belgique, alors que le Ministre fédéral MR de l’Agriculture Willy BORSUS a indiqué qu’il soutiendrait la proposition de la Commission  européenne de renouveler l’approbation du glyphosate, les Ministres régionaux de l'environnement Carlo DI ANTONIO (Wallonie) et Céline FREMAULT (Bruxelles) s'insurgent contre ce qu'ils qualifient de lâcheté environnementale et demandent instamment que cette position soit revue. Ils estiment tous deux que "les pesticides, dont le glyphosate, représenteraient un réel risque pour la santé humaine et pour l’environnement". Le vote étant reporté, on ne peut qu'espérer que les ministres régionaux parviendront à convaincre le ministre fédéral de ne pas céder aux sirènes du lobby et à tenir compte, à tout le moins, du principe de précaution.

Avec Greenpeace vous pouvez demander à Willy BORSUS de dire NON à une nouvelle autorisation du glyphosate ! 

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