Les fibres végétales sont-elles toujours écologiques ? Comment sont-elles produites ? Quels sont les avantages et inconvénients de ces textiles naturels ?
Sommaire
C’est parti pour un petit tour d’horizon des matières textiles végétales avec lesquelles on fabrique nos vêtements. On parlera de leur fabrication, de leur origine et de leurs conséquences sur l’environnement.
Les fibres naturelles sont des produits de la nature et qui ne nécessitent pas de manipulation chimique pour être transformées en fibres.
Parmi les fibres naturelles, on trouve les fibres végétales, dont on parle ici (issues de plantes) ou animales (issues d’animaux ou d’insectes).
Les fibres végétales sont issues de parties de plantes (par exemple de tiges, feuilles, fruits…) et nécessitent uniquement des transformations mécaniques afin de devenir fibre. On entend par là que la matière subira des transformations cosmétiques mais qui ne modifieront pas sa nature.
Exemples de transformations mécaniques :
Toutes les fibres naturelles n’ont pas les mêmes impacts environnementaux. Voici un récapitulatif des avantages et inconvénients de chaque fibre végétale.
Fibre |
Écologique ? |
Avantages |
Inconvénients |
Coton |
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Coton bio |
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Coton recyclé |
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Lin |
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Ortie (ramie) |
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Chanvre
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Le coton est la matière naturelle la plus utilisée dans les textiles à l’heure actuelle. C’est une fibre issue du cotonnier ou « Gossypium ». Cet arbuste a besoin de beaucoup d’eau, de soleil et d’une température élevée pour s’épanouir. On utilise « le fruit du cotonnier », c’est-à-dire les fibres qui entourent les graines.
La plupart des « jeans » qu’on connait sont produits à base de coton.
Fleurs de coton
À l’origine, on cultivait du coton blanc et coloré (blanc, brun, vert, gris…). Avec le développement des teintures chimiques, on a conservé uniquement le coton blanc. Le teindre revient moins cher que de produire des cotons colorés[2].
Historiquement, le développement de la culture du coton aux États-Unis est étroitement lié à l’esclavage[3]. C’est grâce à la main d’œuvre gratuite de l’exploitation humaine que les cultures de tabac, de canne à sucre et de coton ont fonctionné jusqu’à l’abolition de l’esclavage en 1862.
Le coton se cultive majoritairement en Chine, en Inde ainsi qu’aux États-Unis.
Une fois le coton récolté, il est séché au soleil et peut alors être transformé en fibres grâce à 3 étapes :
L’exemple le plus frappant de la surexploitation de l’eau dans ces cultures est la disparition de la « mer d’Aral ». Ce lac d’Asie centrale a pratiquement disparu en moins de 50 ans, drainé à l’épuisement pour irriguer les cultures de coton[5].
Plusieurs scandales de travail forcé dans les champs de coton ont encore éclaté ces dernières années, notamment en Chine[7].
Le lin ou « Linum usitatissimum » est une plante annuelle adaptée aux conditions climatiques de nos régions. On le plante en rotation de culture, en laissant 6 ans entre deux plantations de de lin. C’est à partir des tiges que l’on fabrique les fibres de textile.
Dans le lin, tout est bon à prendre ! On l’utilise également pour ses graines oléagineuses que l’on peut manger ou transformer en huile.
Le lin : de la fleur au textile
Le lin n’est plus tellement à la mode… Pourtant, il était déjà utilisé au temps de l’Égypte ancienne[8] !
80 % de sa production est européenne (majoritairement Française[9]).
Le lin subit plusieurs transformations afin de se retrouver sous sa forme de fibre :
À part son coût, il n’y a pas de controverse connue à l’heure actuelle. Si possible, on opte pour du lin bio et local, encore moins d’impacts sur l’environnement !
Les fibres de chanvre sont issues (sans grande surprise) du chanvre ou, selon son nom scientifique, du « Cannabis sativa ». Les plants sont sélectionnés pour leur faible teneur en THC (substance ayant des effets psychoactifs). On produit le chanvre à partir des fibres constituant l’intérieur des tiges de la plante.
Le chanvre : de la plante à la fibre
Le chanvre est utilisé depuis des millénaires sous forme de fibres textiles. Il a également été utilisé pour faire des cordes, des toiles de tableaux…
Pour l’anecdote, la première bible a été imprimée sur du papier de chanvre. On sait aussi que les premiers jeans était produit en fibres de chanvre !
Les principaux pays producteurs sont la France et la Chine[10]. Le chanvre est une plante peu exigeante, elle peut pousser dans divers climats.
Le processus de transformation du chanvre en fibre est très similaire à celle du lin. On commence par la récolte, suit ensuite le rouissage et le teillage, le peignage, la filature et le tissage.
À part son coût, il n’y a pas de controverse connue à l’heure actuelle. Si possible, on opte pour du chanvre bio et local !
En général, les textiles en ortie sont réalisés à partir d’un type spécifique d’ortie : la ramie, aussi nommée ortie d’Asie/de Chine ou « Boehmeria nivea ». Contrairement aux orties qu’on connait chez nous, la ramie a pour particularité de ne pas être urticante. Elle est majoritairement cultivée pour former des fibres textiles. On peut toutefois réaliser des fibres d’orties à base de deux autres types d’ortie dont l’ortie commune ou « Urtica Dioica » que l’on retrouve en Europe ainsi que l’ortie géante de l’Himalaya.
Pour obtenir des fibres pour le textile, on utilise l’intérieur de la tige.
Ramie ou ortie d’Asie
On utilise les fibres d’orties dans les textiles depuis des milliers d’années. On en a même retrouvé des traces sur les bandelettes entourant des momies égyptiennes !
Cousine du chanvre, la ramie est cultivée dans des pays plutôt chauds et humides et apprécie l’altitude. Les principaux pays producteurs sont donc la Chine (loin devant), le Mexique et le Brésil.
Comme le lin ou le chanvre, une des premières étapes est celle du rouissage après la récolte. Ensuite, on passe alors aux étapes de battage et de broyage (également appelé teillage), qui permettent d’isoler ces fibres. On peut dès lors continuer avec le peignage, la filature et le tissage.
À part son coût, il n’y a pas de controverse connue à l’heure actuelle. Si possible, on opte pour de la ramie bio et locale.
Un focus sur chacune de ces matières :
Comprendre les différents types de fibres
[3] « "Les routes de l'esclavage", une histoire millénaire » RTS (2018)
[4] 60 % des cultures de coton dans le monde sont dans ce cas
[5] « Disparition de la mer d’Aral : les causes d’un désastre écologique » National Geographic (2017)
[6] « Gestion des insecticides dans le domaine du coton : progrès et pesticides » Comité Consultatif International du Coton (2019)
[7] « Les Ouïgours, victimes de travail forcé dans les champs de coton en Chine, selon un rapport » Le monde (2020),
[8] « Les plus anciennes fibres textiles retrouvées en Géorgie » Le Figaro 2009
[9] « La France premier exportateur mondial de lin, la filière intéresse les investisseurs » Classe Export (2023)
[10] « Growing hemp for the futur » Textile exchange (2023)
[12] « Vêtements : la fibre écologique » Terre vivante