Indétrônable icône alliant le blond et le rose bonbon – même si elle a pris des couleurs avec le temps – Barbie s'adapte aux enfants modernes en proposant une version connectée. Sans fil à la patte, sinon ça ferait mauvais genre. Mais avec option Big Brother.
Donc cette Barbie parle. Certes rien de révolutionnaire là-dedans, sauf que grâce à sa connexion, elle fait plus que parler. Elle écoute, aussi. Barbie se connecte au wifi de la maison, écoute l'enfant et réagit à ses paroles… par l'intermédiaire d'un algorithme façon Siri ou Google, qui est censé répondre quelque chose de pertinent à la question qui lui est posée.
Enfin de quoi occuper votre descendance sans l'arrière-goût amer de culpabilité qui vous ronge quand vous vous sentez libérés, délivrés, grâce à un DVD de la Reine des Neiges aux vertus hypnotiques ?
Raté.
Car pour pouvoir répondre, Barbie cafte dans les nuages. Toutes les conversations sont ainsi téléchargées sur les serveurs de Toytalk, le partenaire « intelligence artificielle » de Mattel.
Bien sûr la politique de confidentialité de l'entreprise précise bien que ces enregistrements ne seront pas utilisés pour contacter les enfants ou leur faire passer de la publicité. Ils ne sont théoriquement conservés que pour améliorer le service (la reconnaissance vocale, les réponses données, etc.), mais peuvent être de temps en temps écoutés par un employé de Toytalk (ou une autorité compétente – oui, j'imagine que la NSA est une autorité compétente).
Barbie qui parle ne demandera pas non plus de données personnelles comme le nom de l'enfant ou son adresse.
Avec tant de précautions prises, on pourrait presque être tenté. Avouez qu'une Barbie qui répond, c'est trop stylé !
Mais le meilleur reste à venir. Grâce à Barbie qui cafte, vous pourrez enfin fliquer vos enfants jusque dans leurs conversations intimes. Vous avez en effet accès, en tant que parents, à tous les enregistrements effectués par la belle sournoise. Vous pensiez qu'ouvrir un journal intime était la transgression ultime ? Rassurez-vous, Mattel vous aide.
Pire encore (?), la sécurité de la chose – je parle toujours de la poupée – est visiblement déficiente.
Un hacker a déjà ainsi réussi à s'y introduire et à avoir ainsi accès à diverses informations, dont des enregistrements. Cerise sur le gâteau, la possibilité était réelle de pouvoir, à terme, prendre le contrôle du wifi de la maison (ainsi que des différents appareils connectés!) et de faire dire n'importe quoi à la poupée. Un consommateur l'ayant acheté affirme même qu'une personne mal intentionnée à commencer à poser des questions déplacées à sa fille…
Si cette information n'est pas vérifiée, le simple fait que l'on puisse hacker la poupée est en soi un problème plus qu'inquiétant. Certes le hacking est un problème bien plus global et les cas d'appareils connectés hackés sont de plus en plus nombreux, voitures en circulation comprises. Mais quand même, on parle d'enfants ici.
Maigre consolation : cette beauté technologique n'est disponible qu'aux USA. Tiens, et si on faisait une poupée Donald Trump ? Une qui parle… et qui écoute.
Qui sait...