C’est officiel : l’été a démarré. Et il semble vouloir rester. Enfin, du moins on y croit très très très fort.
Et qui dit été, dit aussi boissons fraîches. Avec des glaçons dedans pour que les ardents rayons solaires ne réchauffent pas trop vite l’exquise boisson apéritive que l’on souhaite déguster.
Mais !
Pour avoir des glaçons, il faut bien des étapes, toutes horriblement périlleuses. C’est pourquoi une société anglaise propose depuis un petit moment maintenant, au rayon surgelé de votre supermarché favori, des glaçons déjà tout prêts.
Ainsi, vous éviterez toutes les péripéties inhérentes à la fabrication des glaçons.
Car il faut que la population le sache enfin : faire des glaçons chez soi est une aventure !
Il vous faut tout d’abord de l’eau. Enfin, de l’eau, que dis-je, de l’eau potable, bonne à boire, qui ne vous rendra pas irrémédiablement malade ! Vous voilà embarqué dans une folle virée à la machette, en train de parcourir les 25 kilomètres qui vous séparent de la source la plus proche. Une fois revenu avec vos deux litres d’eau, vous devrez encore la purifier en la faisant bouillir.
Une fois cette petite étape franchie, il reste la plus difficile : congeler le glaçon.
Car avoir de l’eau potable ne suffit pas : il vous faut aussi congeler cette eau, et ce sous forme de cube qui plus est !
Et comment congèle-t-on de l’eau ? En allant au Pôle Sud, bien sûr ! Et là, vous êtes partis pour la gloire. Soit vous pouvez envisager cette expédition tout seul, soit vous devez être copain avec un pingouin passant ses vacances au zoo d’Anvers, ou encore vous connaissez quelqu’un qui connaît quelqu’un qui connaît Alain Hubert.
Si vous arrivez jusque-là (et là, franchement, je vous dis déjà bravo, parce qu’Alain Hubert est quand même très occupé), il reste la dernière étape : ramener l’eau maintenant congelée en Belgique, le plus vite possible. Je n’ai pas la place ici pour détailler toutes les étapes, mais je peux vous assurer qu’elles sont très compliquées.
Je vous passe aussi la partie où, une fois rentrés chez vous, vous devez casser les cubes pour avoir de la glace pilée. Cela nécessite un matériel professionnel qui n’est pas accessible à toutes les bourses.
Voilà tout ce que vous devrez faire pour avoir des glaçons pour votre apéro.
Ou alors vous remplissez un bac à glaçons que vous glissez simplement dans le congélateur (30 secondes, en étant maladroit).
Je sais, je sais : en disant ça, j’ai bien conscience de l’élitisme de cette solution. Si elle est d’une facilité déconcertante, il faut bien reconnaître qu’elle ne s’adresse qu’aux 0,003% de personnes en Belgique qui ont la chance de bénéficier de l’eau courante ET d’avoir un appareil de surgélation (ET un bac à glaçons, mais enfin bon, pour l’option Pôle Sud, il vous en faudrait un aussi de toutes façons…).
Bref...
Si on oublie un instant l’ironie légitimement née de l’inutilité de la chose, reconnaissons-lui quand même une praticité hors du commun quand vous invitez chez vous un grand nombre de personnes qui auront toutes envie d’un apéro glacé. D’accord. Mais on peut quand même se demander si cette facilité justifie d’acheter un sac de glaçons tout faits à une société anglaise qui ne précise nulle part sur son site web d’où vient l’eau. Si ça se trouve c’est de l’eau anglaise qui a traversé la Manche en camion frigo. Alors qu’on a encore de la si bonne eau chez nous, au robinet et directement dans notre cuisine, par-dessus le marché !
L’alternative au sac à glaçons tous faits est assez simple et consiste à faire plusieurs séries de glaçons avec votre seul bac : ça demande juste d’y penser quelques jours avant et d’avoir un sac en plastique sous la main pour y stocker les cubes glacés. Comme ça les 47 invités pour l’anniversaire de Tata Ginette auront des glaçons dont vous pourrez même choisir la forme. Sans devoir acheter deux kilos de glaçons - c’est la taille du paquet – qui auront fait du tourisme routier avant d’arriver chez vous.
Tiens, à propos d’éneaurmité, (oui je sais, c’est mauvais comme jeu de mot, mais c’est presque les vacances aussi, hein), connaissiez-vous l’eau de pluie de Tasmanie ? Si si, son nom est complètement transparent comme elle : c’est de la flotte qui tombe des nuages, qui a été récoltée en Tasmanie (c’est-à-dire affreusement loin) pour ensuite être acheminée là où on veut bien acheter ce genre de produit. Et ça a été vendu dans une grande chaîne de magasins en Belgique (à revoir dans On n’est pas des Pigeons). La bonne nouvelle finalement, c’est qu’elle s’est si mal vendue que le produit est déjà rétiré des rayons. Ouf !
Bon, allez, que tout ça ne vous empêche pas de passer un excellent été, avec ou sans glaçons !