La bombe Zerox « one shot » promet d'anéantir d’un coup tous les insectes dans les bâtiments. Sur l'étiquette, une mouche plonge dans l'abîme, sous le logo d'une fleur « BIO » et un macaron « insecticide naturel ». Vraiment ?

À l’arrière, dans les inscriptions bien lisibles, il est indiqué « contient du pyrèthre, insecticide naturel cultivé au Kenya ». Mais les logos présents en bas de l’étiquette cultivent l'ambivalence : une fleur « Kenyan Pyrethrum » côtoie les pictogrammes de risques « irritant », « facilement inflammable » et... « dangereux pour l'environnement ».

Effectivement, en petits caractères on peut lire « irritant pour la peau, très toxique pour les organismes aquatiques, peut entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique, les vapeurs du produit peuvent provoquer somnolence et vertige ». Suit une longue liste de conseils de prudence et une notice médicale, où l'on apprend entre autres que le produit doit être jeté aux déchets dangereux, est interdit dans les locaux utilisés par des enfants en bas âge et qu'une inhalation du produit peut mener à l’hôpital. La marque se dédouane d'ailleurs de toute responsabilité pour les « accidents pouvant résulter d'applications non contrôlées par nous » (sic). Les risques sont d’autant plus accentués que le conditionnement est un aérosol, pas des plus écologique ni des plus sécuritaire. En effet, la vaporisation dans l'atmosphère augmente l'exposition au produit par inhalation ou contact. 

Le reste des informations détaille le mode d’application qui s'apparente plus à une éradication de masse qu'à un effet « one shot ». Ce dernier consiste en effet à… vider la bombe en une fois dans un local fermé et inoccupé et de le laisser agir 4h. De plus, le produit n’ayant pas de rémanence selon l’étiquette (ce qui est un bon point), il est conseillé de renouveler l'application si nécessaire.

Alors écologique, bio, naturel, sans danger cet insecticide à base de pyrèthre ? Qu'en est-il des autres ingrédients ? Aucune composition précise n'est donnée. Le pyrèthre naturel, issu d'une plante le Chrysanthemum cinerariaefolium, est toxique à court terme et se dégrade rapidement sous l'action de la lumière. Cela limite les risques mais peut réduire l'efficacité du produit. La plupart des produits à base de pyrèthre contiennent donc des adjuvants pour améliorer son efficacité. Le plus courant est le PBO ou piperonyl butoxide, suspecté d'être mutagène, immunotoxique et de provoquer des maladies du foie chez les mammifères. Son absorption pourrait aussi augmenter la toxicité d'autres produits. Et effectivement, la fiche de sécurité du Zerox « one shot » indique qu’il contient 2,4% de piperonyl butoxide pour seulement 0,3% d’extrait de pyrèthre, ainsi qu’un mélange de solvants facilement inflammables et du gaz propulseur.  

Cet insecticide n'a donc rien de bio ou d'écologique. Son seul avantage est qu'il est un peu moins dangereux pour l'environnement que la plupart des insecticides. Inutile de se rabattre sur le « Biokill » (sic) que l'on voit sur la photo et qui n’a de bio que le nom. Il contient en effet de la perméthrine, une molécule de synthèse imitant le pyrèthre mais beaucoup plus dangereuse, très toxique pour les chats notamment.

Voici les critères selon lesquels ce produit peut être incriminé :

  • utilisation de déclarations vagues ;
  • utilisation d'allégation trompeuse ;
  • manque d'information sur la portée exacte de la déclaration ;
  • utilisation de visuels trompeurs.

Plus d’informations et des alternatives via notre campagne On ne se fait pas berner. Les pesticides sous la loupe ! ainsi que sur le site www.sante-environnement.be.

D'autres analyses sont disponibles sur le site de l'Observatoire Citoyen du Greenwashing, géré par Inter-Environnement Wallonie.


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