Le retour de la belle saison est souvent synonyme de diverses fêtes : mariage, communion, kermesse d’école, anniversaire, bal d’étudiants, fête de quartier, etc. On fait la fête, on profite, on oublie tout… Pour que le lendemain ne signifie pas montagne de déchets et empreinte écologique alourdie, il est possible d’éco-concevoir son événement. Déplacement, nourriture, impressions… : les événements aussi ont un impact sur l’environnement. Pourtant, avec un peu d’anticipation et sans jouer les trouble-fête, on peut organiser petits et grands événements en combinant plaisir et respect de l’environnement ! Voici quelques idées pour vous inspirer…
Dans le coin plutôt qu’à Outsiplou
Avec le choix d’une date, le choix d’un lieu arrive généralement en tête des priorités pour tout organisateur. Et avec lui la question du transport des participants. Celle-ci devrait être une des préoccupations principales lors du choix d’un lieu, le transport étant responsable de 25% de la consommation d’énergie des ménages wallons. Et c’est le secteur dont les émissions de CO2 augmentent le plus au niveau belge (+ 36% depuis 1990 !). Privilégions donc un endroit proche des invités. Pour un mariage par exemple, jouons la carte de la proximité afin que mariés, famille et invités puissent former un joli cortège à pied de la commune à l’église (si on y passe) puis au lieu de la fête. Moins de temps sur la route c’est plus de temps pour s’amuser !
Choisissons plutôt un lieu facilement accessible en transports en commun. Pour encourager l’utilisation de ces derniers, pensons aux tarifs de groupe, disponibles à la SNCB (les groupes d’au moins 15 personnes peuvent bénéficier de réductions de 50% à 70%) et aux TEC et De Lijn. Une excellente solution pour un week-end à la mer entre copains ou un camp scout ! Le TEC peut même proposer un service spécial pour un événement. Surtout, n’oublions pas d’informer les participants des possibilités mises en place. Plus on leur facilitera la vie, plus l’idée d’abandonner leur voiture leur paraîtra simple et faisable.
Il est aussi possible d’affréter un car privé : l’ambiance y est en général tellement sympa que la fête commence dès qu’on y monte !
A défaut, encourageons le co-voiturage. Une idée est de mettre à disposition un forum sur Internet pour permettre aux offreurs et demandeurs de places en voiture d’entrer en contact. Si la conception d’un forum paraît trop compliqué, on peut se tourner vers des sites spécialisés, comme par exemple 123 en voiture, qui peut référencer gratuitement l’événement, et même créer une page spécialement pour l’occasion, à condition d’apposer leur logo sur les documents de communication.
Toutes ces solutions aideront à économiser des kilomètres et pas mal de CO2 tout en réduisant les soucis liés au parking.
Pour aller encore plus loin, optons pour un lieu qui est engagé dans un processus de bonne gestion environnementale : équipements pour économiser l’eau et l’énergie, électricité verte, mise à disposition de systèmes de tri des déchets…
Oyez, oyez, joyeux éco-consommateurs !
Qu’il s’agisse de faire-part de mariage, d’affiches de concert ou de tracts pour une kermesse, l’organisation d’un événement requiert souvent l’utilisation de papier. L’idéal est de dématérialiser cet aspect en privilégiant les invitations par e-mail, sites de socialisation (Facebook pour ne pas le citer…). L’informatique offre d’intéressantes fonctionnalités : cartes toutes prêtes ou personnalisables, images animées, vidéos, son… De quoi se démarquer et donner le ton de la fête !
Pour les impressions qui seraient indispensables, évaluons au plus juste le nombre nécessaire. A la maison, chez l’imprimeur ou au copy center du coin, optons pour du papier recyclé ou issu de forêts gérées durablement. Plusieurs labels existent dans ce domaine : Ecolabel européen, Ange bleu et Nordic Swan pour le papier recyclé, FSC et PEFC pour la gestion durable des forêts…
Sur les tables et dans les verres…
La convivialité passe beaucoup par le partage d’un bon verre et de quelque chose à grignoter ! Pensons cependant que les boissons et aliments, tout comme les participants, doivent accéder à l’événement.
Pour les boissons, privilégions des jus de fruits et des bières produits en Belgique. Optons pour des vins bio ou biodynamiques. Plus d’info sur le choix du vin dans le dossier de «L’art d’éco… consommer» n° 54. Le thé et le café, peu produits sous nos latitudes, seront plutôt issus du commerce équitable. Enfin, n’oublions pas de prévoir aussi quelques cruches d’eau… du robinet !
Pour réduire l’impact environnemental du bar et du repas, privilégions des produits locaux et de saison. A titre d’exemple, faire pousser un kilo de tomates en hiver (serre chauffée) nécessite six fois plus d’énergie qu’en été. Réservons-les donc aux buffets estivaux ! Pour les fêtes à la campagne, renseignons-nous lorsque nous repérons les lieux : il existe de nombreux petits producteurs qui seront très heureux de faire goûter leurs savoureux produits.
Privilégions aussi les aliments issus de l’agriculture biologique. Leur production, en plus d’être exempte de pesticides et d’engrais de synthèse, génère 30% à 50% de gaz à effet de serre en moins que l’agriculture « classique ». Et si le menu contient des ingrédients du Sud, préférons ceux du commerce équitable.
Enfin, ne prévoyons pas trop de viande au menu. Soyons originaux et innovons : plutôt que de proposer un buffet souvent trop riche en poissons et charcuteries, faisons la part belle aux salades et aux préparations à base de légumineuses. En entrée ou pour un « walking buffet », une tartinade végétale betterave rouge et raifort sur un toast sera une découverte à la fois délicieuse à déguster et belle à regarder ! Même le traditionnel barbecue s’enrichit désormais de brochettes de légumes grillés.
Enfin, on prévoit souvent trop de nourriture par peur de tomber à court. Résistons à cette tentation qui fait des repas de fête un énorme gaspillage alimentaire. Estimons le nombre approximatif de convives et prévoyons des quantités raisonnables. En gérant ainsi plus justement les quantités, on pourra même opter pour du bio sans augmenter le budget !
Avec plus d’invités, le recours à un traiteur s’imposera. Exprimons nos souhaits d’alimentation durable dès le départ et sélectionnons un prestataire qui est sur la même longueur d’ondes que nous. Les brasseurs proposent facilement des emballages consignés et reprendront en général les bouteilles non consommées.
La fête, les déchets en moins
La vaisselle en plastique jetable, en particulier les gobelets, est l’une des principales sources de déchets dans les évènements festifs. Abandonnés dans la nature, ils mettent des centaines d’années à se décomposer. Sans compter le gaspillage de ressources lié à l’utilisation unique ! Evitons cette pollution en optant pour de la vaisselle réutilisable : porcelaine, verre ou plastique dur. Pour de plus grandes quantités, pensons à la location. Les pages jaunes nous renseigneront des prestataires.
Si la peur de la casse l’emporte, prévoyons un marqueur pour que chacun puisse inscrire son nom sur son gobelet jetable et le réutiliser. Pour des événements de plus grande envergure, rabattons-nous sur les gobelets réutilisables en plastique. Ils peuvent être achetés (et même imprimés avec le logo de l’événement) ou être loués. Pour permettre un retour aisé de ces gobelets, cautionnons-les. On peut par exemple demander un euro de plus pour la première boisson et compter les suivantes au prix normal à condition de revenir avec son verre. La caution pourra évidemment être récupérée.
On peut aussi trouver de la vaisselle compostable. Cette solution n’est pas idéale car même s’ils sont fabriqués en matériaux renouvelables, l’écobilan de gobelets compostables n’est pas brillant. De plus, d’un point de vue éducatif, le fait de n’utiliser cette vaisselle qu’une seule fois maintient le public dans l’idée qu’on peut consommer et jeter sans soucis. Or, « compostable » ne veut pas dire « biodégradable dans n’importe quelles conditions ». Il faut organiser le tri et même si celui-ci est bien réalisé, comme ce type de produit est encore peu répandu, il sera difficile de trouver un organisme qui acceptera de les reprendre pour les composter industriellement.
Pensons aussi aux autres déchets en mettant en place des poubelles permettant le tri sélectif. Pour que cela fonctionne, accompagnons l’initiative d’une bonne signalisation indiquant l’emplacement des poubelles et ce que chacune peut accueillir. Faciliter le tri c’est aussi s’assurer qu’il soit de meilleure qualité.
Au sein de l’équipe aussi !
L’organisateur se doit de montrer l’exemple ! Qu’il s’agisse d’un comité des fêtes, d’une bande de copains, d’une équipe de bénévoles ou d’une entreprise, adoptons des comportements écologiques et éthiques. Tenons l’équipe informée des bonnes pratiques à avoir : limiter les impressions, privilégier les échanges par mail, se rendre aux réunions préparatoires en transports en commun ou en co-voiturant… Si des t-shirts spéciaux sont prévus pour le jour J, choisissons-les en coton bio et équitable.
Il est possible d’évaluer les impacts d’un événement sur www.evenementresponsable.org. Le site propose un bilan assez complet (prévoir un peu de temps pour le compléter) et assorti de conseils sur six thématiques (alimentation, transport, hébergement, sensibilisation…). On peut même enregistrer son événement, ce qui permet, s’il est récurrent, de voir la progression dans les bonnes pratiques d’année en année.
Enfin, pourquoi ne pas compenser les émissions de CO2 dues à l’événement ? Il s’agit de financer des projets permettant d’économiser une quantité de CO2 équivalente au CO2 émis. Ces projets permettent soit de capter le CO2 (plantation d’arbres essentiellement, solution à éviter) soit de diminuer les émissions de CO2 à la source (meilleure efficacité énergétique, utilisation d’énergies renouvelables au lieu d’énergies fossiles). Par exemple via www.co2logic.com.
Pour être aidé, de l’accompagnement dans certaines démarches à une organisation « clé en main », en passant par la location de certains matériels (toilettes sèches, gobelets réutilisables…), il est possible de faire appel à des professionnels de l’événementiel durable. Par exemple Squid (qui organise notamment le festival LaSemo) ou Exposant D qui lancera prochainement « Huged », un portail de l’événementiel durable.
Et maintenant, place à la fête !
L’organisation d’un événement peut représenter une belle occasion de s’engager de façon éco-responsable et de sensibiliser d’autres personnes. Mais cela ne se fait pas seul. N’hésitons pas à faire connaître notre démarche et à y intégrer toutes les parties prenantes : fournisseurs, participants… Enfin, sachons que ce n’est pas forcément plus cher puisqu’en nous organisant de façon optimale et en évitant toute une série de gaspillage (énergie, eau, consommables…), on peut même faire des économies. Alors amusez bien… et vert !
Plus d’infos :
Ce dossier est une version actualisée et complétée d’un article rédigé par écoconso pour Symbioses en 2007.