« Toilette sèche à incinération ». Tout est dans le titre. Je sais, ça vend du rêve. Iil y a tout un mécanisme qui réduit littéralement en cendres des produits plutôt humides par définition. Ça nous a forcément intéressés.

Mais qu’est-ce qu’une toilette sèche à incinération ? Parce que moi, je connais les toilettes sèches normales, celles que l’on appelle aussi « toilettes à litière biomaîtrisée » (TLB pour les intimes). Elles-mêmes sont une évolution remarquable des latrines, simples trous nauséabonds où tout se mélange joyeusement.

Alors que la TLB elle, composte et ne sens pas[1]. C’est même beaucoup plus malin que de tout diluer dans de l’eau avant de devoir épurer cette dernière. On salit de l’eau propre pour devoir la nettoyer après.

Mais revenons à nos moutons. Qui se passent très bien de toilettes à incinération, mais c’est un autre sujet.

La toilette à incinération propose de réduire en cendres nos petites productions. C’est vendu comme écologique. On se demande pourquoi, mais en 2023, tout est écologique de toute façon, même les SUV pachydermiques.

Si nous sommes septiques[2], c’est parce que la version électrique de la toilette à incinération consomme gentiment 1 à 2 kWh par incinération et la version « travel », qui fonctionne au gaz, brûle 180 g de propane pour incinérer vous savez quoi. On est quand même dans les 5 à 600 g de CO2 émis par incinération[3]. Ce qui nous fait quand même 6 kilomètres avec une petite voiture. Peut-être même de quoi aller jusqu’aux toilettes les plus proches. Sauf en Norvège, où la version électrique peut fonctionner avec leur électricité verte à 98% (frimeurs !)[4].

Car ces toilettes à incinération ne sont évidemment pas pour des résidences principales, mais bien pour des chalets de vacances, des mobilhomes et sur chantier.

Pour les chalets de vacances j’ai du mal à voir l’utilité. Généralement le principe d’un chalet de vacances c’est d’avoir un peu de terrain autour (ou alors vous vous êtes faits avoir). Donc de quoi utiliser facilement une toilette à litière. Avec un peu de chance vous pourrez même trouver de la sciure pas trop loin si d’aventure ça bucheronne un peu dans la région. Et la TLB ne demande ni eau, ni gaz, ni électricité. Enfin si, éventuellement pour bien viser. Quand il fait noir, un peu d’éclairage n’est jamais de refus. C’est d’autant plus étrange, pour une société scandinave, de proposer des toilettes à incinération vu le nombre de maisons de vacances, de forêts et d’espace disponibles.

Pour les mobilhomes, admettons. Admettons que les toilettes chimiques ne soient pas bonnes pour l’environnement[5].  Admettons aussi que vous ne restiez pas dans un camping, ce qui est loin d’être évident. Généralement les mobilhomes sont mal vus en pleine nature (sauf en Norvège).

Ou qu’il n’y ait pas de toilettes dans le camping (on appelle ça une prairie alors). Ou encore que vous stationniez dans un endroit sans aucune possibilité de faire popo au pied d’un arbre comme quand vous étiez scout et que la feuillée n’était pas encore prête. C’est quand même franchement restreint.

Reste les chantiers. Là je sors mon joker. Un chantier sans Cathy cabine n’est pas un vrai chantier[6].

Bref, en Norvège, pourquoi pas.

Ça doit être pour ça que leur site est disponible en 8 langues.

 

[1] À lire par exemple ici : https://www.eautarcie.org/05c.html

[2] Ahah, jeu de mot.

[3] Selon le mix électrique européen. Calcul propane avec 12,8 kWh/kilo et 275g CO2/kWh.

[4] On rigole, on rigole, mais l’air de rien on apprend des trucs avec ces toilettes. Source : https://www.iea.org/reports/norway-2022/executive-summary

[5] Je n’ai pas poussé le vice jusqu’à chercher un écobilan, mais ça doit exister. Non ne me tentez pas !

[6] Fun fact : Cathy est le prénom de la fille de la fondatrice de la société Cathy Cabine. C’est pas sympa, quand on y pense.


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