Les gestes individuels sont indispensables mais ne suffisent pas pour amener une véritable transition écologique dans notre monde qui traverse de nombreuses crises. Heureusement, collectivement, il est possible de développer de nouvelles manières de vivre et de consommer.

> Lire aussi : Pourquoi faire une transition écologique et solidaire dans nos villes et villages ?

Comme le dit le proverbe africain : « Tout seul on va plus vite. Ensemble on va plus loin ». Au-delà de l'action personnelle, du « chacun fait sa part », agir à plusieurs apporte du soutien, multiplie les actions, permet de susciter des changements à un autre niveau, réduit le sentiment d’impuissance, crée du lien social au quotidien, secoue les méninges, interroge et nourrit d'intenses réflexions, donne de l'entrain... Bref, agir ensemble ça fait un bien fou !

Alors comment s’engager ?

Sommaire :

- - - - - - - - - - - - - - - - - - -
 

Par où commencer ?

Écogestes individuels et actions collectives sont complémentaires et se renforcent. L’action individuelle peut représenter un tremplin vers l’action collective. Et inversement, participer à des initiatives collectives où l’on se réapproprie nos modes de consommation aboutit souvent à des prises de conscience importantes qui peuvent entraîner des changements de comportements plus profonds.

Il existe diverses formes d’engagement. L’avantage c'est d’avoir le choix. Une forme d’action collective n’est pas meilleure que l’autre, elles sont toutes nécessaires et elles ont toutes besoin de citoyens pour les faire avancer.
 

On vous recommande d'ailleurs cette excellente BD sur l'engagement citoyen :

BD sur l'engagement citoyen

Réalisation de Romane Thieffry, issue d'une collaboration de As Bean et de Refresh dans le cadre du Contrat de Quartier Durable Athénée.
Mise à disposition sous licence Creative Commons
BY NC SA 4.0 (Attribution - Utilisation non commerciale - Partage dans les mêmes conditions).

Ci-dessous un court extrait. Retrouvez-la en entier sur la page facebook d'As Bean.

BD sur l'engagement citoyen

BD sur l'engagement citoyen

BD sur l'engagement citoyen

... et quelques pages plus loin :

BD sur l'engagement citoyen

 

On s'oriente vers l'une ou l'autre action collective en fonction des sujets qui nous intéressent, du type d’activités par lesquelles on est attiré (gestes pratiques, actions ludiques, manifestations, réflexion et lobby, sensibilisation du public...), de l’effet recherché, du temps que l’on peut y consacrer…Les possibilité sont variées :

  • On peut rejoindre (ou créer) des associations ou collectifs qui proposent la mise en place de solutions locales autour des questions d’environnement, de consommation, d’entraide sociale…
     
  • On peut répondre à l’appel des pouvoirs publics en participant en tant que citoyen à des processus de consultation.
     
  • On peut essayer de faire évoluer la manière dont la société est organisée dans son ensemble : s’investir dans un parti politique ou un syndicat, descendre dans les rue pour manifester, faire pression sur les entreprises… L’investissement devient alors militant.

Choisir parmi ces types d'engagement est assez personnel. Par exemple, s'engager dans un système d'échanges local (SEL) peut être vu par certains comme un échange de services pour subvenir à ses besoins sans dépenser d’argent. Pour d'autres, ce sera un acte de résistance constructive à la marchandisation du monde.

Quel que soit l'option choisie, il est possible de trouver des groupes qui agissent déjà. Parfois ce sont des mouvements citoyens à l'organisation plus « spontanée », parfois ce sont des associations ou des organisations militantes bien structurées et organisées. L'essentiel est de s'y sentir accueilli.

Alors, comment voulez-vous contribuer à changer le monde et construire la société de demain ?
 

Rejoindre ou créer des initiatives collectives locales

Et si le changement venait d’en bas ? Les initiatives citoyennes collectives foisonnent ! Elles contribuent à transformer nos sociétés par l'invention de nouveaux modèles de consommation. Ici, on change le monde à son échelle en se retroussant les manches ensemble.
 

Quels types d’initiatives ?

Petit tour d’horizon d’initiatives auxquelles participer.

  • Repair café. Plutôt que de jeter ses biens, on les répare ! Les Repair cafés sont des lieux conviviaux où des bénévoles mettent à disposition leurs connaissances et compétences en réparation. On y rafistole des machines à cafés, vêtements, meubles, appareils électriques, ordinateurs, bicyclettes, vaisselle, jouets, etc. Et on apprend à le faire soi-même. Vous êtes un as de la couture ou du bricolage ? Rejoignez l’équipe d’un Repair café !
     
  • Système d’échange local (SEL). Dans un SEL, on s’échange des services ou des savoir-faire. On ne compte pas les services en euros. Ce sont « les bonheurs » pour le SEL « Coup de Pouce » (couvrant Villers-la-Ville, Sombreffe, Chastre, Court-Saint-Etienne et Louvain-La-Neuve) ; ou encore « le Blé » pour le « BruSEL » des 19 communes bruxelloises.
    Exemple : Marc peut par exemple proposer des cours de piano, Hélène des petites retouches et Jacques la mise à disposition de sa remorque. On peut aussi s’y échanger certains biens, comme des surplus des jardins.
    > Lire aussi : Partager des objets et échanger des services : les bonnes adresses de la consommation collaborative
     
  • Donnerie. Le principe est simple. Il s’agit d’un lieu physique ou virtuel (page sur les réseaux sociaux, liste de diffusion…) où l’on peut « donner ». On fait bénéficier gratuitement les autres d’objets qui dorment chez nous et ne servent pas. Un bon endroit pour désencombrer nos armoires tout en faisant des heureux et heureuses ! Une donnerie peut aussi se décliner en « prêterie ».
     
  • Potager partagé. On y jardine ensemble sur un espace collectif. Pratique, surtout si on n’a pas de jardin ! Les parcelles sont collectives ou individuelles. En bonus, on récolte de bons conseils et on passe un moment convivial. Les potagers sont parfois organisés par les communes ou CPAS. Pour les personnes qui ont jardin et ne peuvent l’entretenir, c’est aussi une solution avantageuse. En échange de la mise à disposition du terrain, on peut recevoir une partie de la récolte. Une solution doublement gagnante !
     
  • Monnaie locale. Les monnaies locales sont des monnaies complémentaires à l’euro. Elles ne sont acceptées que dans un espace géographique déterminé. Cela permet de favoriser les producteurs et les commerçants locaux. La monnaie locale est animée par un comité local qui vise aussi à encourager les comportements citoyens en faveur de l’environnement et de la solidarité.   
     
  • Groupement d’achats. De nombreuses initiatives d’achats communs ont vu le jour ces dernières années sous différentes formes : épiceries citoyennes, groupements d’achats communs (GAC), groupement d’achats solidaires de l’agriculture paysanne (GASAP)… L’objectif de départ est identique. On reprend le contrôle sur ce qu’on mange en choisissant ses produits et en soutenant une agriculture locale et de qualité. Il est bien souvent possible, voire obligatoire, de s’impliquer concrètement dans la gestion, en plus d’être client du groupement. De quoi sortir de son rôle de consommateur.
    > Revoir notre webinaire : Circuit court et fait maison, on s'organise !
     
  • Coopératives. À la base, il y a un groupe de citoyens qui veut créer sa propre solution. Ou un ou plusieurs entrepreneurs, soutenus par des citoyens qui croient en leur projet et y investissent (leur argent mais pas seulement). Ensemble, ils développent une activité durable et locale, comme la production d’énergie renouvelable (éoliennes citoyennes), la production et la distribution de nourriture, des solutions de mobilité et de transport de marchandises, une banque éthique, un service de location d’objets… Dans cette action collective, on investit son argent à bon escient, on réinvente le commerce et on le rend plus résilient.

Groupes d'achats, coopératives, circuit court

Coopératives et groupements d'achat font la part belle aux produits locaux en circuit court
 

Comment trouver ces initiatives citoyennes ?

  • Le Réseau des Consommateurs Responsables (RCR) propose une cartographie des différentes initiatives présentes à Bruxelles et Wallonie. Il y en a déjà 1100 à ce jour.
  • Les initiatives de transition, répertoriées par le Réseau Transition, ont vu le jour suite à la volonté de créer des villes, villages et quartiers plus durables et plus conviviaux. Ils travaillent ensemble pour développer des projets concrets qui visent à changer leurs lieux de vie. Les initiatives de transition sont organisées en cercles porteurs de projets spécifiques.
  • La fondation Repair café internationale propose une aide pour lancer son Repair café et une cartographie (mondiale !).
  • Notre dossier sur les coopératives en liste toute une série dans lesquelles (s’)investir en Belgique et propose des ressources pour en savoir plus.
  • Côté alimentation, pas mal d'initiatives sont aussi reprises dans nos bonnes adresses pour manger local et durable.
     

Mettre en place une initiative

Avant de réinventer la roue, on se renseigne et on cherche s’il n’existe pas déjà un groupe près de chez soi. Ce n’est pas le cas ? Pourquoi ne pas se rassembler à plusieurs et lancer son propre projet !

Besoin d'un coup de main ? Voici des ressources utiles :

  • Le Réseau Transition organise des formations pour ceux qui souhaitent lancer une initiative.
  • La Plateforme francophone du Volontariat peut également être une bonne source d’infos. On y trouve des renseignements concernant l’assurance des volontaires, leur éventuel défraiement, etc.
  • Chaque année, Bruxelles Environnement propose l’appel à projets Inspirons le Quartier. Il permet aux collectifs qui souhaitent développer des projets en faveur de l’environnement et du développement durable de recevoir un accompagnement et des financements. Le site renseigne également d’autres possibilités de financement.
  • Le site de la Fondation Roi Baudouin est aussi à surveiller. Chaque année, on y trouve notamment l’appel à projets Vis mon village. Son objectif est d’améliorer la qualité de vie dans les villages et de renforcer la cohésion sociale entre des groupes d’habitants larges et diversifiés.
     

Faire entendre sa voix auprès des pouvoirs publics

On a vite fait de râler quand les pouvoirs publics prennent des décisions sans consulter les citoyens. Alors, quand l’occasion est donnée de donner son avis, on la saisit !

Les pouvoirs publics accordent progressivement une place plus importante à la participation citoyenne. C’est intéressant car les citoyens sortent alors d'un simple role de consommateurs et peuvent s’engager dans la production d'idées et d’initiatives. Ceci favorise la cooperation entre élus et citoyens pour organiser ensemble une transition écologique, économique et solidaire.

On peut notamment participer aux enquêtes publiques ou aux consultations lorsqu’elles sont organisées.. Par exemple, en ce moment il y a :

En faisant entendre sa voix, on peut faire bouger les choses. On peut aussi joindre sa voix à d’autres lorsque des associations ou groupements proposent de répondre collectivement à travers une lettre ou un argumentaire type.

À côté de ces consultations individuelles, il existe des commissions consultatives. Les pouvoirs publics encouragent de plus en plus les citoyens à participer à la réflexion. On s’implique avec d’autres citoyens pour essayer de faire évoluer le contexte local et de proposer de nouveaux projets. En voici un petit aperçu.

  • À Bruxelles, il est possible de s’impliquer dans les commissions de contrats de quartier durables. Les habitants peuvent participer à la rénovation de leur quartier. L'assemblée générale de quartier se réunit une fois par an et tout le monde peut y assister. La commission de quartier est un organe plus officiel et on doit présenter sa candidature pour y participer.
     
  • En Wallonie, de nombreuses communes ont mis en place des commissions dans lesquelles les citoyens peuvent s’investir. Pour y participer, il faut se manifester lors des appels publics quand ces commissions sont créées ou lorsqu’on remplace des membres qui auraient démissionné en cours de route. Parmi elles :
  • Les communes signataires de la Convention des maires lancent des réflexions participatives pour établir leur plan d’action pour l’énergie durable et le climat (PAEDC).

Participation citoyenne et commissions consultatives

Les pouvoirs publics organisent la participation citoyenne notamment via des commissions consultatives et des panels citoyens
 

Ces dernières années, des panels citoyens ont aussi vu le jour. On réunit à plusieurs reprises des citoyens d’horizons différents sur une thématique particulière. Le panel a pour mission de proposer des actions ou de formuler des recommandations à destination des pouvoirs publics. Les citoyens sont choisis sur base d’une candidature ou tirés au sort. Par exemple, la Région bruxelloise a créé son panel mobilité. La Région wallonne et la Ville de Namur ont, quant à elles, chacune lancé un panel climat.

> En savoir plus sur le Panel citoyen pour le climat de la Ville de Namur, dont écoconso a le plaisir d’être l’animateur.

On peut aussi prendre contact avec sa Commune pour connaître les dispositifs en place et les modalités pour y participer.
 

Faire pression pour changer le système

Et si on allait plus loin ? À côté des initiatives plus locales, l’action militante vise à changer la manière dont notre société est organisée. Il s’agit parfois d’un engagement de plus longue haleine : les changements structurels sont souvent lents à obtenir. Cette lenteur à changer le système peut décourager mais quand on obtient des résultats, l’impact est important.

Il existe différents moyens pour faire entendre sa voix de manière systémique à travers une action collective.

On peut s’affilier à un parti politique ou à un syndicat afin de faire évoluer la société ou le monde du travail.

Parallèlement, on peut prendre part aux actions militantes d’une association. On n’hésite pas à suivre celles qui nous intéressent sur les réseaux sociaux, à s’abonner à leur newsletter ou à devenir membre ou bénévole pour se tenir au courant de toutes les actions. Quand on manifeste, quand on signe en masse des pétitions urgentes, quand on participe à une action de désobéissance civile, on vise à créer un rapport de force pour faire avancer une cause. Voici quelques idées :

  • Participer aux marches pour le climat pour maintenir la pression sur les politiques et faire avancer l’agenda climatique. 
  • Prendre part aux masses critiques organisées par le GRACQ (Groupe de Réflexion et d’Action des Cyclistes au Quotidien) pour donner de la place aux cyclistes.
  • Se mobiliser avec FIAN , par exemple lors la journée des luttes paysannes (chaque année en avril). Dans la même idée, on peut rejoindre les Brigades d’action paysannes pour soutenir l’agriculture paysanne (chantiers « coup de pouce » aux petits agriculteurs mais aussi manifestations publiques).
  • Agir avec achACT, qui alerte sur les conditions de travail dans le secteur de l’habillement et soutient les revendications des travailleurs (pétitions, lettres aux entreprises, actions de sensibilisation avec des « évanouissements » collectifs devant certains magasins…).
  • Participer aux actions et interpellations de Greenpeace,du WWF
  • S’investir dans les actions de désobéissance civile d’Exctinction Rebellion (mouvement qui utilise l’action directe non-violente pour contraindre les gouvernements à agir face à l'urgence climatique et écologique).
  • Participer à un boycott collectif comme le propose i-boycott.org.
  • Prendre part aux pétitions ou actions de pression pour que les entreprises évoluent vers plus la durabilité... et tiennent leurs engagements.
    > Lire aussi : Des entreprises plus durables : greenwashing ou vrai engagement ?

Marche climat

Les marches pour le climat contribuent à maintenir la pression pour faire avancer l'agenda climatique
 

Ceci dit, élaborer des actions pertinentes nécessite une bonne perception des défis à relever. Pas facile dans un monde complexe, aux problématiques diverses. On pense donc à se former ou à assister à des séances de sensibilisation pour être davantage informé et échanger sur la transition écologique et solidaire. Par exemple, si on s’intéresse aux enjeux autour de l’alimentation, on peut participer aux festivals Nourrir Bruxelles, Nourrir Liège, Alimenterre ou encore au Projet Alternatives Locales de Quinoa.
 

S’organiser ensemble, tout un programme !

La transition écologique et solidaire a besoin des compétences et du dynamisme de chacun. Or, s’organiser à plusieurs ça peut être compliqué.

Les groupes doivent faire face à plusieurs défis : manque de moyens techniques ou financiers, manque de temps disponible, dilution ou éloignement par rapport à l'objectif commun de départ…  Ils peuvent aussi rencontrer des problèmes relationnels : tentative de prise de pouvoir, fortes personnalités à gérer, etc.

Bien souvent, il faut (ré)apprendre à se rencontrer, à communiquer et à coopérer. Pour cela les groupes doivent prendre le temps de réfléchir à leurs objectifs et leurs modes de fonctionnement. Ils se retrouvent à expérimenter – et parfois inventer – de nouveaux modes de gouvernance. Un accompagnement extérieur peut s'avérer utile pour les initiatives citoyennes. Par exemple la plateforme « Inspirons le quartier » de Bruxelles Environnement propose des coachs pour certains projets (pour mettre en place un jardin collectif ou un compost de quartier par exemple).

convivialité dans les quartiers durables citoyens

Ça en vaut la peine car dans les bonnes conditions, les actions collectives font rimer agir avec plaisir. Elle réussissent à marier convivialité, solidarité, écologie et questionnement économique. Elles contribuent à changer le monde et démontrent avec brio que chacun de nous a plus de pouvoir qu'il l’imagine !

Bien entendu, si la réussite des différents projets dépend des acteurs actuels, elle dépendra aussi de celles et ceux qui voudront les rejoindre ou les soutenir.

Alors, vous vous engagez ?

Lire aussi

Dernière mise à jour
20 janvier 2022
Thématiques
Rédigé par
Dimitri Phukan

Nos projets en cours